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1921

Les rues de Brest

par ollivier LODEL

- Article 1 -


 

Auteur : Ollivier Lodel (*)

3 novembre 1921.jpg

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Sources : La Dépêche de Brest 3 novembre 1921

 

L’histoire des rues et des places d'une ville nous fait pénétrer dans l'existence de ses anciens habitants. Elle permet de retracer la vie, le passé de la cité.

 

Cette étude doit occuper le premier rang dans nos « Recherches d'histoire locale ».

 

Mais, avant de l'entreprendre, nous consacrerons ce premier article au « Brest d'autrefois », car peu de villes, comme la nôtre, n'ont autant changé d'aspect, dans l'espace de deux siècles.

 

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Brest, en 1680, n'était encore qu'une bourgade de 2.000 habitants.

 

Qu'on se représente deux mamelons contigus d'une vingtaine de mètres de relief, séparés par le vallon de la Grand'Rue.

 

Le premier comprenant le Château et s'étendant, après un profond ravin, jusqu'à la place Ornou.

 

Le second s'élevant, au-dessus de la Grand' Rue, dans les bois taillis du village de Kéravel qui finissaient au Jardin du Roi (École des Mécaniciens) et au domaine de Troujolly sur lequel fut bâtie l'église Saint- Louis.

 

Tout Brest était alors renfermé dans une muraille d'environ trois mètres de hauteur, construite par l'architecte Julien Ozanne, en 1655.

Elle commençait aux glacis du Château, suivait, la rue du Château, jusqu’à la rue Traverse, bordait ensuite le couvent des Carmes dont les jardins occupaient les terrains de la Halle et de la caserne d'Aboville, puis aboutissait, par la rue du Gouëdic, à une frontière naturelle : la crête du vallon de la Villeneuve (aujourd'hui rue Louis Pasteur).

 

Cette enceinte renfermait neuf rues et les 400 maisons ou baraques que Brest comptait à cette époque étaient la plupart groupées :

rue de la Rive (sur le quai de la Penfeld) et dans la rue des Sept-Saints qui était alors le quartier de l'aristocratie.

 

C'est dans la rue des Sept-Saints, que se trouvait l'hôtel de Mlle de Kéroual, la jolie duchesse de Portsmouth, dont Charles II était éperdument épris, ce qui faisait écrire à Saint-Évremont :

« Le ruban de soie qui serre la taille de Mlle de Kéroual unit la France à l'Angleterre ».

 

Au-delà de la muraille de la rue Traverse, ce n'étaient partout que carrières, champs, fermes et villages :

 

La ferme des Quilbignons, berceau de l'établissement actuel appelé le Petit-Couvent ; les terrains vagues dont le Roi « s'empara » en 1694 pour y faire le Champ-de-Bataille ;

les villages du Grand et du Petit Lanouron, sur lesquels furent construits la caserne Fautras et l'hôpital de la marine ; les grandes terres et le manoir de la Villeneuve dont le perron en pierre, disparu en 1739, s'étendait jusqu'au milieu de la route de Landerneau sur l'emplacement actuel de « l'Étoile du Nord » au n° 1 de la rue Jean Jaurès.

 

On n'entrait ta Brest que par deux portes :

une poterne située à l'encoignure des rues du Château et Duguay-Trouin qui donnait accès au chemin de Saint-Sébastien (rue Voltaire) et la porte de Toulon orientée, à peu près, au bas de la Grand Rue, comme la grille d’entrée de la porte Tourville. ,

 

C'est dans la Grand'Rue, sur la place Médisance, qu'aboutissaient les routes de Landerneau et de Lambézellec.

 

À cette époque, la promenade favorite des Brestois était de descendre le ravin de la Grand'Rue et de passer sous la porte de ville pour aller s'asseoir dans les bois de Keravel qui s'étageaient sur les coteaux de la Penfeld.

Le parcours pittoresque que l'on suit encore de nos jours du côté de Kervallon, sur les deux rives qui bordent l'arrière-port, nous donne une idée du charme que présentait le paysage.

 

La rue de la Rive menait au Parc-au-Duc, la pointe bien connue des vieux Brestois sous le nom de « Pointe des Blagueurs ».

 

Par la poterne de la rue du Château, on suivait le chemin de Saint-Sébastien, jusqu’a la chapelle et son cimetière qui se trouvaient aux abords actuels des glacis de l'avenue Amiral Réveillère, puis on allait se reposer sous les frais ombrages du « Bois d'Amour » et de la « Pépinière du Roi » dont l'emplacement est aujourd'hui occupé par l'ancienne poudrière du cours Dajot.

 

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C'est en 1694, après l'achèvement des travaux de fortifications, que Vauban vint à Brest faire le tracé des rues de notre ville.

 

(Ce plan est, dans ses grandes lignes, le Brest intra-muros actuel, si l'on excepte toutefois le quartier des Sept-Saints qui a entièrement disparu et dont les vestiges sont ensevelis sous les voies nouvelles de la place du Château, du boulevard Thiers et de la rue Amiral Linois.

 

Les noms les plus appropriés furent donnés à ces rues par l'illustre ingénieur.

 

Ils rappelaient le village auquel conduisait le faubourg (rue de Porstrein), une situation topographique (rue de la Rampe, rue Casse-Cou), le voisinage immédiat d'une église (rue Saint-Yves, rue Saint-Louis, rue des Sept-Saints, rue Saint-Sauveur), l'industrie qui se groupait dans un quartier (rue de la Filerie, rue de la Corderie, rue de la Tuerie).

 

La Révolution fit une Saint-Barthélemy de tous les noms, mais un arrêté préfectoral du 5 novembre 1811, fixant les dénominations que porteraient à l'avenir les rues de Brest et de Recouvrance, fit recouvrer à beaucoup d'entre elles, leurs anciens noms.

 

Nos édiles du XXe siècle ont cru devoir accomplir un nouveau massacre, mesure dont l'utilité est, à notre avis, très contestable.

 

C'est par Brest, intra-muros et en suivant l'ordre alphabétique des noms actuels, que nous commencerons, dans un prochain article l'étude de nos rues et de nos places.

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Le vieux Brest - Le chateau et la rade vers 1850.jpg

 

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(*) Olivier Lodel – Ollivier Lodel – Louis Delourmel

 

Source : Le Télégramme de Brest 7 mars 2003

 

Natif de Rennes en 1873, Louis Delourmel, après avoir satisfait à ses obligations militaires, devenait, en 1895, archiviste adjoint du département d'Ille-et-Vilaine.

En 1899, apprenant que le poste d'archiviste de la ville de Brest devient vacant suite à la démission du Dr Corre, il sollicite et décroche cette succession.

 

Jusqu'en 1939

 

Peu de temps après, le Dr Marion, bibliothécaire, décède.

Il brigue son remplacement et l'obtient contre la promesse d'achever l'histoire de la ville et du port commencée par P. Levot et de terminer l'inventaire du fond de l'Amirauté du Léon entamé par le Dr Corre.

Il est donc, à partir de 1900, archiviste bibliothécaire de la ville de Brest et le restera jusqu'en 1939.

 

Chroniqueur à « La Dépêche de Brest »

 

Outre ses nombreuses tâches que lui impose sa fonction, il présentera, pendant 40 ans, aux Brestois, dans les pages de la «Dépêche de Brest», sous le pseudonyme d'Olivier Lodel, de nombreuses études historiques.

En 1923, il publie « Une histoire anecdotique de Brest à travers ses rues », qui sera rééditée en 1946, sous le titre « Le vieux Brest à travers ses rues », illustrée par Pierre Péron.

Son œuvre maîtresse restera « Le Livre d'or de la ville de Brest », ouvrage inachevé mais imprimé.

Par ailleurs, il avait publié en 1909 un « Essai de bibliographie brestoise » et un « Brest pendant la Révolution ».

 

Conférencier remarquable

 

Secrétaire de la Société académique de Brest, il publie encore dans le bulletin de cette assemblée de nombreux articles et donnera aussi, lors de réunions, des conférences fort prisées.

Ses activités vaudront à Louis Delourmel, outre d'être devenu l'historien brestois, les décorations de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Il disparaît le 12 juin 1944 dans sa propriété de Portsall où il s'était réfugié pour fuir les bombardements .

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