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1921

Les rues de Brest

par ollivier LODEL

- Article 2 -


 

Auteur : Ollivier Lodel (*)

3 novembre 1921.jpg

 

Sources : La Dépêche de Brest 10 novembre 1921

 

RUE D'AIGUILLON

 

Il y a deux cents ans, la rue d'Aiguillon n'était qu'un chemin qui partait des carrières sur lesquelles fut tracé le cours Dajot, en 1775.

Il passait devant les jardins du Petit-Couvent, longeait le talus qui entourait le Champ-de-Bataille, nouvellement aplani et s'arrêtait à la rue Saint-Yves devant un mur qui fermait l'entrée d'une sorte d'impasse, à laquelle une porte donnait accès.

 

C'était le chemin ou rue de Porstrein.

 

En 1765, pour flatter le gouverneur de la province et à l'occasion de son arrivée à Brest, on lui donna le nom de rue d'Aiguillon.

 

L'impasse prit l'année suivante, après la construction du théâtre, le nom d'impasse de la Comédie et dès cette époque, la ville songeait à la prolonger jusqu'à la rue de Siam, pour, non seulement faciliter les communications, mais aussi pour faire, disparaître ce cul-de-sac, véritable repaire de vagabonds et de malfaiteurs.

 

Le projet ne fut réalisé qu'en 1822.

 

La ville acquiert alors, moyennant 40.000 fr, à MM. Gillart, notaire royal et Guesnet, chef de bataillon du génie, ingénieur en chef de la place, les deux maisons qu'ils possédaient rue de Siam et dont les jardins et dépendances s'étendaient sur une profondeur de 40 mètres dans l'impasse de la Comédie.

 

Elle vend, d'autre part, un terrain vague, bordant la préfecture maritime, sur lequel furent construites les dernières maisons actuelles de la rue d'Aiguillon.

 

La démolition des deux maisons de la rue de Siam et les travaux de nivellement commencèrent aussitôt.

Il fallut, enlever plus de trois mètres de terre pour ménager la pente de la nouvelle rue et ce travail fit découvrir, entièrement enfouie dans le sol, une porte pratiquée dans le mur du théâtre.

 

Les architectes de la salle de spectacle qui prévoyaient, en 1766, le percement de l'impasse avaient établi celte ouverture, en cas d'incendie.

 

Et de 1825 à 1840, après la seule maison existant alors :

le café Laplanche (l'ancien « Café de la Comédie » bâti, en même temps que le théâtre, en 1766, et devenu « Brasserie de la Marine » ), s'élèvent les grands immeubles que nous voyons aujourd'hui dans la rue d'Aiguillon :

la librairie Robert ;

les ateliers de la lithographie Roger (au n° 52 actuel) ;

puis, plus loin, le bureau des Messageries Nationales, d'où partait, tous les jours, à six heures du soir, la malle-poste pour Nantes et la diligence pour Morlaix.

 

C'est à l’'emplacement actuel du n° 34 de la rue d'Aiguillon que se trouvait le corps de garde appelé communément « le violon ».

Il avait été construit en 1776, pour obéir à l'ordonnance royale qui prescrivait l'établissement d'un corps de garde sur les places d'armes des villes de guerre et disparut en 1880.

 

Tout à côté, fut fondée en 1835, la première école de musique vocale et instrumentale que dirigeait M. Lécureux, chef d'orchestre du théâtre.

 

Pendant la Révolution, la rue d’Aiguillon s'appela rue de la Fraternité.

 

RUE D'ALGER

 

La rue d'Alger était, autrefois une rampe sans nom qui aboutissait au terrain vague de Parc-ar-Meazou sur lequel a été établie la place du Château.

Elle fut ainsi nommée en 1830, après la conquête d'Alger

 

RUE D'ALGÉSIRAS

 

La rue d'Algésiras reçut de Vauban, en 1694, le nom de rue du Cimetière, échangé, en l'an II, contre celui de rue du Repos.

 

C'est qu'en effet, de 1689 à 1795 — date de rachat du terrain du cimetière de Brest — toutes les sépultures eurent lieu dans le champ de « Parc-ar-Vennic », qui était situé près des fortifications, sur l'emplacement actuel des maisons numérotées de 17 à 23.

 

L'arrêté préfectoral du 5 novembre 1811 lui donna le nom de rue du Rempart, mais afin d'éviter la confusion entre les rues de Brest et de Recouvrance qui, longeant, les remparts, portaient le même nom, la rue du Rempart, du côté de Brest, fut appelée en 1869, rue d'Algésiras, en souvenir de la victoire navale de l'amiral Linois sur une flotte anglaise, en 1801.

 

Il y a 150 ans, l'angle de la rue Algésiras et de la Grand'Rue était occupé par l’un des hôtels les plus importants de la cité :

La « maison du Grand Monarque » qui devint, plus tard, « Hôtel du Grand Turc ».

 

C'est là que se trouvait, le bureau des messageries et la poste aux chevaux.

 

De la maison du Grand Monarque, partait, tous les deux jours, une diligence « à quatre roues et bien suspendue » qui arrivait à Rennes le quatrième jour et, le huitième, à Paris.

 

Tous les deux jours également, une petite voiture à six places faisait en quatre jours le service de Nantes, par Quimper et Lorient.

 

RUE AMBROISE THOMAS

 

C'est en 1907 que le nom de l'immortel auteur de « Mignon » fut donné à la rue de Crée, l'une des plus anciennes rues de notre ville.

 

Elle figure sur le plan de 1694, de Vauban, mais sans nom bien défini.

 

En 1716, on l'appelle Haut bout de la rue Kéravel ; en 1720, rue derrière la Teste Noire ; en 1731, rue du Creff; en 1762, rue de Cray.

Elle fut enfin nommée rue de Crée en 1772.

 

On a pensé que le nom de Crée pouvait être une altération de Crec'h, Creac'h, en breton tertre, nom justifié par la situation topographique de cette rue.

 

Mais la désignation rue du Creff que nous relevons, en 1721, alors qu'un Jacques Le Creff, frère du sénéchal de Landerneau, se trouvait propriétaire de terrains dans cette rue, peut faire supposer, avec quelque vraisemblance, que les terres de Jacques Le Creff ne sont pas étrangères à cette appellation.

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Brest 09_08_43 _Vue des Sept-Saints et du quai Tourville – 11 juillet 1858, photo Alfred B

 

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(*) Olivier Lodel – Ollivier Lodel – Louis Delourmel

 

Source : Le Télégramme de Brest 7 mars 2003

 

Natif de Rennes en 1873, Louis Delourmel, après avoir satisfait à ses obligations militaires, devenait, en 1895, archiviste adjoint du département d'Ille-et-Vilaine.

En 1899, apprenant que le poste d'archiviste de la ville de Brest devient vacant suite à la démission du Dr Corre, il sollicite et décroche cette succession.

 

Jusqu'en 1939

 

Peu de temps après, le Dr Marion, bibliothécaire, décède.

Il brigue son remplacement et l'obtient contre la promesse d'achever l'histoire de la ville et du port commencée par P. Levot et de terminer l'inventaire du fond de l'Amirauté du Léon entamé par le Dr Corre.

Il est donc, à partir de 1900, archiviste bibliothécaire de la ville de Brest et le restera jusqu'en 1939.

 

Chroniqueur à « La Dépêche de Brest »

 

Outre ses nombreuses tâches que lui impose sa fonction, il présentera, pendant 40 ans, aux Brestois, dans les pages de la «Dépêche de Brest», sous le pseudonyme d'Olivier Lodel, de nombreuses études historiques.

En 1923, il publie « Une histoire anecdotique de Brest à travers ses rues », qui sera rééditée en 1946, sous le titre « Le vieux Brest à travers ses rues », illustrée par Pierre Péron.

Son œuvre maîtresse restera « Le Livre d'or de la ville de Brest », ouvrage inachevé mais imprimé.

Par ailleurs, il avait publié en 1909 un « Essai de bibliographie brestoise » et un « Brest pendant la Révolution ».

 

Conférencier remarquable

 

Secrétaire de la Société académique de Brest, il publie encore dans le bulletin de cette assemblée de nombreux articles et donnera aussi, lors de réunions, des conférences fort prisées.

Ses activités vaudront à Louis Delourmel, outre d'être devenu l'historien brestois, les décorations de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Il disparaît le 12 juin 1944 dans sa propriété de Portsall où il s'était réfugié pour fuir les bombardements .

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