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1939

Défense passive
Dispersion de la population
en cas de bombardement aérien

 

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Source : La Dépêche de Brest 6 avril 1939

 

Hier, s'est tenue à l'hôtel de ville, salle du Conseil municipal, une réunion présidée par M. Lallemand, adjoint au maire, chargé de la défense passive à laquelle assistaient les cinq contrôleurs et quarante-cinq recenseurs qui, à partir d'aujourd'hui jeudi, vont déposer, chez tous les habitants, des questionnaires qu'ils passeront reprendre dans huit jours.

 

Il s'agit de mettre sur pied, dès maintenant, en conformité avec la loi, un plan concernant la dispersion dans les communes environnantes de la population de l'agglomération brestoise, dans le but de préserver des attaques aériennes le maximum de vies humaines.

 

Il y va donc de l'intérêt de tous de remplir le questionnaire scrupuleusement et consciencieusement.

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Deux moyens sont préconisés pour parer, dans la limite du possible, aux bombes d'avions.

 

Le creusement de tranchées couvertes et bétonnées envisagé places du Château, Wilson, de la Liberté et aux différents emplacements prévus dans divers quartiers, travaux qui doivent être financés par l'État, et la dispersion de la population.

 

Ce deuxième moyen, qui n'exclut pas la création d'abris souterrains, est considéré comme le plus efficace.

 

Il est permis de penser que les avions ennemis, se risquant à survoler Brest, auraient comme objectifs la destruction des navires et des établissements militaires beaucoup plus que celle du personnel et de la population civile.

 

Les bombes explosives et incendiaires seraient donc vraisemblablement plus à redouter que les bombes à gaz.

 

L'abri souterrain, quelle que soit la solidité de sa construction, n'est pas sans danger, avec le poids d'un millier de kilos des bombes destructives actuelles, la dispersion de la population serait donc, pensent les techniciens, le moyen le plus efficace de préserver de la mort les habitants.

 

Pour cela, de même que la loi du 12 Juillet 1938 prévoit l'organisation de la nation en temps de guerre, la loi du 8 avril 1935, complétée par des instructions ministérielles prescrit l'établissement, dès le temps de paix, d'un plan de dispersion dans les communes environnantes moins exposées :

Gouesnou, Guipavas, Landerneau, Morgat, Camaret, etc., de la population des quartiers compris dans la zone dite dangereuse.

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Le gouvernement peut, en cas de danger, rendre cette dispersion obligatoire pour toute personne dont les occupations, en cas de conflit, ne sont pas réservées aux besoins de la défense nationale.

 

Les femmes, enfants, vieillards pourraient être invités à s'établir toute la durée du conflit dans une localité moins exposée. 

Les familles possédant des maisons à la campagne, ou pouvant habiter des parents ou des amis devront donc sur le questionnaire en Indiquant si elles ont la possibilité de s’y rendre par leurs propres moyens. 

Elles devront quitter la ville au premier avertissement. 

Pour les personnes n'ayant ni habitations à la campagne, ni parents, ni amis pour les recevoir, ni les moyens personnels de réaliser cet éloignement volontaire, des centres de dispersion seront créés : hôtels des plages, colonies de vacances, etc., où elles seront obligatoirement dirigées en temps utile.

 

Pour toute personne n'ayant à remplir aucune fonction publique ou privée et pouvant sans inconvénient pour la défense nationale quitter la ville, la dispersion sera permanente pendant toute la durée du conflit.

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Les fonctionnaires, commerçants, employés ou ouvriers à qui les obligations professionnelles imposent un travail de jour en ville, mais pouvant la quitter la nuit (autant qu'il sera possible pour rejoindre leur famille, logée de préférence à proximité) seront évacués quotidiennement par 110 autocars prévus pour ces emplacements journaliers par l'autorité militaire ou par les vapeurs brestois, chemin de fer ou autre moyens de locomotion.

 

Le retour le lendemain matin sera naturellement assuré dans les mêmes conditions.

 

Pour réduire au minimum les moyens de transport en commun, toute personne pouvant se déplacer par ses propres moyens : voiture, moto, bicyclette, etc., est priée de l'indiquer.

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Il devra donc être précisé pour chaque membre d'une famille s'il est susceptible :

1° d'éloignement volontaire par ses propres moyens ;

2° de dispersion permanente et lointaine par les soins du service de défense passive ;

3° de dispersion quotidienne, cas devant être justifié par la profession.

 

D'après une évaluation très approximative, le nombre de Brestois devant être évacués quotidiennement ne dépasserait pas 9.000.

 

Il est évident que l'ordre d'évacuation de la ville ne serait donné par l'autorité supérieure qu'en cas de danger.

Mais, tout le monde comprendra qu'il est préférable de dresser, dans le calme, un plan de dispersion — même, comme il faut le souhaiter, s'il ne doit jamais servir — et de s'organiser pour éviter le désordre qui se produirait fatalement si les événements obligeaient à improviser subitement l'évacuation des habitants.

 

Au contraire, les questionnaires étant exactement remplis, le service de la défense passive pourra fixer, à l’avance, la résidence éventuelle des familles à disperser par ses soins, le lieu et l’heure où chacun devra se diriger au premier signal pour être évacuer vers sa destination et tout, si besoin était, se passerait alors dans l’ordre avec rapidité.

 

Chacun s’efforcera donc de faciliter la tâche de ceux qui n’ont pour but, en faisant ce recensement, que de sauver des vies humaines.

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