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1921

Les rues de Brest

par ollivier LODEL

- Article 3 -


 

Auteur : Ollivier Lodel (*)

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Sources : La Dépêche de Brest 17 Novembre 1921

 

RUE AMIRAL LINOIS

 

Le nom du Brestois comte Durand de Linois qui, capitaine du « Formidable », en 1795, « combattit en héros » la flotte anglaise à l’île de Groix, a été donné à la belle et large rue tracée, il y a quelque quarante ans, à travers le quartier des Sept-Saints.

 

Ce quartier des Sept-Saints que nous voyons figuré sur les vieux plans de 1670, était l'un des plus anciens de Brest. ,

 

Il comprenait : la rue Haute-des-Sept-Saints (autrefois, rue du bourg), qui commençait au Petit-Marché (place Sadi-Carnot) et aboutissait à la rue du Couëdic.

 

La place des Sept-Saints séparait la rue Haute de l'Escalier.

Elle se trouvait au carrefour actuel des rues du Petit-Moulin et Amiral Linois.

Sur ce placître, appelé place du 31 mai, en 1793, se dressait, depuis 1728, la « Croix des Sept-Saints » qui disparut à la Révolution.

 

L'Escalier des Sept-Saints, rue coupée de marches, qui descendait à pic le coteau, conduisait à la rue Basse.

 

La rue Basse des Sept-Saints (autrefois rue du Four) désignée aussi sous le nom de Rampe du quai, menait à la rue de la Rive ou quai de Brest.

Elle est maintenant enfouie sous les boulevards Thiers et de la Marine.

 

Cette rue Basse des Sept-Saints était autrefois, avec la Grand'Rue, l'artère la plus commerçante de la ville.

On y trouve, des 1750, les boutiques les plus variées.

Sur 115 professions différentes, que nous rencontrons à Brest, à cette époque, une quarantaine ont des représentants : rue du Quai et quartier des Sept-Saints.

 

C'est que la Grand'Rue et la rue Basse étaient alors les seules voies de communication avec le port marchand, mais celle-ci avait une telle déclivité qu'un cheval vigoureux pouvait à peine y remonter une charrette vide.

Elle était dangereuse pour les passants et chaque jour, on assistait au douloureux spectacle des attelages de cinq et six chevaux qui n’arrivaient pas à gravir la rampe, quand ils traînaient une voiture pesamment chargée.

 

Pour remédier à ces inconvénients, un de nos concitoyens avait songé, en 1850, à amener les voitures jusqu'au haut de la rue du Quai à l'aide d'un cabestan ou treuil à manège mû par un cheval.

Avec ce cabestan, il suffisait de conserver le seul cheval de brancard, pour le maintien de la charrette en équilibre et l’entrepreneur ne demandait qu'une redevance de dix centimes par tonne de charge, mais faute de clients, son projet ne fut point réalisé.

 

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La rue Basse des Sept-Saints passait devant une église dont l'existence est attestée dès 1506.

C'était, à l'origine, un prieuré relevant de l'abbaye de Saint-Mathieu qui fut érigé en paroisse, par Henri II, en 1549.

 

Il était dédié, selon la légende « aux Sept-Saints, frères martyrs, abandonnés à Landévennec, au gré de l'eau, dans une maie à pâte, qui vinrent, mourants atterrir près du Château ; recueillis par les habitants d'une maison voisine, ils ne tardèrent pas à y mourir, et leurs corps furent inhumés par les anges.

À la place de la maison qui fut démolie, on construisit, en leur honneur l'église des Sept-Saints. »

 

L'église paroissiale des Sept-Saints, dépendance de Lambézellec jusqu'en 1680 cessa d'être consacrée au culte, à la Révolution.

 

Vendue comme bien national, en 1793, elle fut convertie en maison d'habitation et disparut dans un incendie du 10 juin 1841, qui faillit brûler tout le quartier.

Le feu avait pris, en effet, dans les mansardes remplies de pièces d'artifice que M. Hurten, entrepreneur des spectacles populaires, préparait pour l'anniversaire des journées de Juillet.

 

L'emplacement de l'église des Sept-Saints a été comblé en 1886 et se (trouve aujourd'hui enfoui, à près de dix mètres, sous le carrefour des rues de la Banque et Amiral Linois.

 

RUE AMIRAL REVEILLERE

 

Elle fut tracée par Vauban, sous le nom de rue de la Poterne et aboutissait au chemin de Saint-Sébastien (rue Voltaire), au pied d'un petit bois appelé la Pépinière du Roi qui fit donner au corps de garde du haut du Cours Dajot le nom de corps de garde de « la Pépinière ».

 

Tout à côté se trouvait le magasin à poudre, construit en 1774.

 

Cette poudrière fut, pendant tout le siècle dernier, le cauchemar des habitants de ce quartier de la ville et, presque tous les ans, nos anciens édiles réclamèrent — toujours en vain — le déplacement de la poudrière « qui renfermait 70.000 kilos de poudre, se trouvait à huit mètres des dernières maisons de la rue de la Rampe et à proximité de cinq caisses publiques, de la sous-préfecture, des tribunaux, de la direction du génie et de l'état-major de la place. »

 

En 1807, la municipalité demande au .général sénateur d'Aboville d'appuyer sa requête à l'Empereur :

« C'est un service bien important, écrit-elle, que vous rendrez à une ville qui vous a vu naître, et au sort de laquelle vous avez toujours témoigné tant d'intérêt. »

 

En 1826, les alarmes se renouvellent, plus vives.

Le conseil municipal offre de contribuer, pour 25.000 francs, dans le déplacement de la poudrière. Mais la réponse du ministre de la Guerre est toujours la même :

 

« Lors de la construction du magasin, toutes les précautions de sûreté ont été prises.

À cette époque, il était éloigné de 4 à 600 mètres de toute habitation.

S'il présente actuellement des dangers, ce sont les habitants qui s'y sont exposés, en construisant des maisons qui n'en sont qu'à huit mètres. »

 

Les magasins de la poudrière sont occupés depuis quatre ans par la Coopérative militaire.

 

La rue de la Poterne reçut le nom d'Amiral Réveillère, en 1908, pour commémorer le souvenir du glorieux marin doublé d'un profond philosophe, qui mourut le 26 janvier de cette même année, dans la maison de la rue de la Poterne, où il naquit le 27 mai 1829.

 

RUE DE LA BANQUE

 

La rue de la Banque date de la réfection du quartier des Sept-Saints et figure, pour la première fois, sur l'annuaire de 1888.

 

La succursale de la Banque de France qui, depuis 1860, fonctionnait au n° 2 bis, de la rue de la Mairie, vint, cette même année, s'installer dans son hôtel et donna son nom à la nouvelle rue.

 

La vieille église des Sept-Saints occupait l'emplacement des maisons contiguës à la Banque de France.

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(*) Olivier Lodel – Ollivier Lodel – Louis Delourmel

 

Source : Le Télégramme de Brest 7 mars 2003

 

Natif de Rennes en 1873, Louis Delourmel, après avoir satisfait à ses obligations militaires, devenait, en 1895, archiviste adjoint du département d'Ille-et-Vilaine.

En 1899, apprenant que le poste d'archiviste de la ville de Brest devient vacant suite à la démission du Dr Corre, il sollicite et décroche cette succession.

 

Jusqu'en 1939

 

Peu de temps après, le Dr Marion, bibliothécaire, décède.

Il brigue son remplacement et l'obtient contre la promesse d'achever l'histoire de la ville et du port commencée par P. Levot et de terminer l'inventaire du fond de l'Amirauté du Léon entamé par le Dr Corre.

Il est donc, à partir de 1900, archiviste bibliothécaire de la ville de Brest et le restera jusqu'en 1939.

 

Chroniqueur à « La Dépêche de Brest »

 

Outre ses nombreuses tâches que lui impose sa fonction, il présentera, pendant 40 ans, aux Brestois, dans les pages de la «Dépêche de Brest», sous le pseudonyme d'Olivier Lodel, de nombreuses études historiques.

En 1923, il publie « Une histoire anecdotique de Brest à travers ses rues », qui sera rééditée en 1946, sous le titre « Le vieux Brest à travers ses rues », illustrée par Pierre Péron.

Son œuvre maîtresse restera « Le Livre d'or de la ville de Brest », ouvrage inachevé mais imprimé.

Par ailleurs, il avait publié en 1909 un « Essai de bibliographie brestoise » et un « Brest pendant la Révolution ».

 

Conférencier remarquable

 

Secrétaire de la Société académique de Brest, il publie encore dans le bulletin de cette assemblée de nombreux articles et donnera aussi, lors de réunions, des conférences fort prisées.

Ses activités vaudront à Louis Delourmel, outre d'être devenu l'historien brestois, les décorations de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Il disparaît le 12 juin 1944 dans sa propriété de Portsall où il s'était réfugié pour fuir les bombardements .

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