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1922

Les rues de Brest

par Ollivier LODEL

- Article 37 -


 

Auteur : Ollivier Lodel (*)

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Sources : La Dépêche de Brest 28 décembre 1922

 

La rue du Cimetière est aujourd'hui appelée Yves Collet, en souvenir du maître sculpteur du port qui naquit à Brest, le 17 mars 1764 et y mourut le 7 mai 1843.

Admis comme apprenti dans l'arsenal, dès l'âge de neuf ans, Yves Collet fut nommé-ouvrier à seize ans, puis envoyé à Paris, par le Comte d'Hector, commandant de la marine, en qualité d'élève-sculpteur.

Son œuvre « Esther aux pieds de Mardochée » lui valut le premier prix de sculpture de l'Académie des Beaux-Arts.

 

À vingt-trois ans, il était élevé au grade de maître entretenu, chef de l'atelier de sculpture de Brest, emploi qu'il occupa jusqu'à son admission à la retraite, en 1840.

 

On lui doit, la décoration du canot de l'Empereur, de nombreux bustes des marins célèbres et, dans l'église Saint-Louis, les deux statues de Charlemagne et de Saint Louis, les Anges adorateurs, les cariatides des orgues et la décoration de la chaire.

 

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Le terrain de « la Harteloire » fut le premier annexé à la ville de Brest, en 1853.

 

Ce quartier tire son nom de M. François de Betz, comte de la Harteloire, lieutenant-général des armées navales, ancien commandant de la marine à Brest, mort en 1726.

Beau-frère de l'intendant Desclouzeaux, il avait pris, comme lui, des intérêts dans des armements en course, et les bénéfices qu'il en avait recueillis lui permirent d'acquérir, en 1683, un terrain sur lequel il fit construire une bastide qui prit son nom.

 

Le plan régulateur du quartier de Bel-Air, situé entre les rues de Paris, Kerfautras et de la Vierge, fut approuvé en 1869.

 

En dehors des noms connus :

Turenne et Bugeaud ;

les amiraux Duperré et Bruat ;

Arago, le grand physicien, et Massillon, le célèbre prédicateur ;

Navarin, Marengo, Malakoff, rappelant des batailles mémorables, les noms de Duret, Graveran et Conseil furent donnés à trois rues du quartier de Bel-Air.

 

Pierre Duret, médecin en chef de la marine, ancien conseiller municipal, mourut à Brest, le 27 juillet 1823.

Il avait créé dans sa propriété de Kerfautras, non loin du Couvent des Carmélites, un hôpital où il pratiquait l'inoculation de la variole, dont les propriétés préservatrices venaient d'être découvertes par Jenner.

Il exposa, le premier à Brest, l'art des accouchements et, chaque jour, il donnait des consultations gratuites dans une chambre mise à sa disposition, à l'hôpital de la marine.

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Mgr Graveran, évêque de Quimper et de Léon, naquit à Crozon, le 16 mars 1793, et mourut à Quimper, le 1er février 1855.

Avant son élévation à l'épiscopat, il avait été, pendant quatorze ans, curé de l'église Saint-Louis de Brest, où il lui a été érigé, derrière le chœur du grand-autel, un monument renfermant son cœur, d'après le vœu qu'il en avait exprimé.

 

Amédée Conseil naquit à Brest le 20 avril 1802 et y mourut le 12 octobre 1881.

Fils d'un chirurgien de marine, il embrassa d'abord la carrière de la marine, comme capitaine au long-cours, puis celle du commerce.

Après un séjour à la Martinique, il revint à Brest où il devint, adjoint-maire, puis président du Conseil général et député au corps législatif en 1852.

Il fut réélu député jusqu'en 1869, époque à laquelle il fut battu par M. de Keratry.

 

Dans la rue Conseil se trouve l'Asile des Vieillards, fondé en 1852 par la Congrégation des petites sœurs des pauvres et qui fut agrandi en 1876.

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Amédée Conseil

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La place Guérin rappelle le souvenir d'un Brestois, le lieutenant de vaisseau en retraite Guérin, mort à Brest, le 9 février 1886, qui a légué à la ville, au profit des écoles communales, la moitié de sa fortune, pour la fondation perpétuelle de cent livrets de caisse d'épargne.

Ces livrets de vingt francs sont distribués chaque année, à titre de récompense, aux élèves les plus méritants des écoles primaires communales.

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La paroisse Saint-Martin, érigée en 1864 pour desservir la partie annexée de la ville de Brest, fut installée provisoirement dans une maison d'école de la rue Bel-Air (aujourd'hui rue Danton) ; transformée en chapelle.

 

Le projet d'une église devant, contenir 2.000 personnes fut mis au concours en 1866 et l'année suivante, le conseil municipal votait un emprunt de 735.000 francs pour l'acquisition des terrains, la construction de l'église et d'un marché couvert.

 

L'église Saint-Martin, bâtie sur les plans de M. Boucher de Perthes, est conçue dans le style de transition entre le roman et le gothique, et présente dans son ensemble quelque ressemblance avec la basilique de Sainte-Anne d'Auray, dont M. de Perthes est également l'auteur.

 

Elle fut solennellement consacrée par Mgr Nouvel, évêque de Quimper, le 30 murs 1881.

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Le quartier de l'Annexion dominant la gare ne date que d'un demi-siècle environ, car on ne commença à y bâtir qu'une dizaine d'année après l'inauguration du chemin de fer (section de Guingamp à Brest) ;

qui eut lieu le 25 avril 1865.

 

Ce jour-là, à 5 h. 20 du soir, deux locomotives parées de fleurs et de guirlandes, amenaient en gare de Brest le train Officiel dans lequel avait pris place M. Béhic, ministre des Travaux publics « revêtu de son grand costume ».

 

Entouré de tout le clergé des paroisses et de toutes les notabilités de la ville et du département, le curé-archiprêtre de Saint-Louis procéda du haut de l'autel dressé face à la voie à la bénédiction des locomotives

« qui étaient là, nous conte un reporter de la cérémonie, comme deux fiancées qui venaient recevoir la bénédiction de leur union avec l'Océan, comme autrefois, à Venise, le doge, à son avènement épousait la mer Adriatique. »

 

Le soir il y eut retraite aux flambeaux, illuminations, danses sur le Champ-de-Bataille et sur le quai Jean-Bart.

 

Un banquet de 400 couverts fut servi dans le bâtiment de la Halle sous la présidence du ministre des Travaux publics et parmi les notabilités étrangères qui v avaient été conviées on remarquait :

Le ministre des États-Unis, de Suisse et de Siam, les consuls généraux de Prusse, d'Angleterre et d'Autriche.

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Armand Béhic

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Dans son discours, M. Béhic peignit, sous les couleurs les plus brillantes, l'avenir réservé à Brest :

 

«  La nature, dit-il, a tout, fait pour Brest.

À l'extrémité d'un cap, qui, pénétrant profondément dans l'Océan, semble s'élancer pour abréger la distance qui sépare la France du Nouveau-Monde, Dieu a donné à Brest, autant qu'à aucun port parmi les plus favorisés de l'univers, l'atterrissage facile, les eaux hospitalières et profondes, les refuges sûrs et hors de toute insulte.

 

« Relégué naguère à l'une des extrémités les moins fréquentées de la France, voici Brest tout, à coup devenu la tête de ligne et la gare maritime des deux plus grandes voies du transit international, siphons immenses qui vont plonger directement, au nord, au sud, à l'est, dans les principaux réservoirs de la consommation et de la production en Europe.

 

« Ainsi disposée pour recevoir et pour expédier des marchandises, hantée par les passagers que verront ou qu'attireront dans ses murs les paquebots à grande vitesse, Brest deviendra nécessairement une ville d'entrepôt et d'échanges...

 

« Il est désormais certain qu'un jour, à côté et sous la protection de votre glorieux arsenal militaire,

s'élèvera ici même une cité réellement commerciale… »

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Le lendemain, tout Brest était convié à des promenades en rade et à la visite des vaisseaux le Louis XIV,

la Ville de Lyon, le Borda et l’Inflexible ;

au lancement, dans l'arsenal, de la frégate cuirassée de premier rang la Gauloise ;

à une fête populaire et à un feu d'artifice sur la place du Roi de Rome.

 

Une cavalcade historique représentant l'entrée à Brest, en 1686, des ambassadeurs du roi de Siam, près de S. M. Louis XIV, à leur retour de Paris, et un bal donné à la Halle, au profit des pauvres, terminèrent la troisième journée des fêtes mémorables qui furent, organisées à l'occasion de l'inauguration du chemin de fer de Paris à Brest.

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(*) Olivier Lodel – Ollivier Lodel – Louis Delourmel

 

Source : Le Télégramme de Brest 7 mars 2003

 

Natif de Rennes en 1873, Louis Delourmel, après avoir satisfait à ses obligations militaires, devenait, en 1895, archiviste adjoint du département d'Ille-et-Vilaine.

En 1899, apprenant que le poste d'archiviste de la ville de Brest devient vacant suite à la démission du Dr Corre, il sollicite et décroche cette succession.

 

Jusqu'en 1939

 

Peu de temps après, le Dr Marion, bibliothécaire, décède.

Il brigue son remplacement et l'obtient contre la promesse d'achever l'histoire de la ville et du port commencée par P. Levot et de terminer l'inventaire du fond de l'Amirauté du Léon entamé par le Dr Corre.

Il est donc, à partir de 1900, archiviste bibliothécaire de la ville de Brest et le restera jusqu'en 1939.

 

Chroniqueur à « La Dépêche de Brest »

 

Outre ses nombreuses tâches que lui impose sa fonction, il présentera, pendant 40 ans, aux Brestois, dans les pages de la «Dépêche de Brest», sous le pseudonyme d'Olivier Lodel, de nombreuses études historiques.

En 1923, il publie « Une histoire anecdotique de Brest à travers ses rues », qui sera rééditée en 1946, sous le titre « Le vieux Brest à travers ses rues », illustrée par Pierre Péron.

Son œuvre maîtresse restera « Le Livre d'or de la ville de Brest », ouvrage inachevé mais imprimé.

Par ailleurs, il avait publié en 1909 un « Essai de bibliographie brestoise » et un « Brest pendant la Révolution ».

 

Conférencier remarquable

 

Secrétaire de la Société académique de Brest, il publie encore dans le bulletin de cette assemblée de nombreux articles et donnera aussi, lors de réunions, des conférences fort prisées.

Ses activités vaudront à Louis Delourmel, outre d'être devenu l'historien brestois, les décorations de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Il disparaît le 12 juin 1944 dans sa propriété de Portsall où il s'était réfugié pour fuir les bombardements .

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