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1923

Les rues de Brest

par Ollivier LODEL

- Article 38 -


 

Auteur : Ollivier Lodel (*)

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Sources : La Dépêche de Brest 4 janvier 1923

 

Un emprunt de 520.000 francs, autorisé par la loi du 22 mars 1883, permit la construction de l'abattoir et de ses voies d'accès.

 

Les municipalités songeaient depuis longtemps à l’établissement, d'un abattoir, car il n’y avait alors que des tueries particulières :

Cinq à Brest, vingt et une à Lambézellec, dix à Saint-Pierre Quilbignon et toutes présentaient de sérieux dangers au point de vue de la salubrité publique.

 

Une décision fut prise en 1881 sur le rapport, de M. l'adjoint-maire Barillé et l'emplacement choisi fut, le terrain dominant, à l'est, le vallon de Poullic-al-Lor, au sud la gare des chemins de fer et à l'ouest le petit vallon de Kerjean.

 

L'abattoir fut ouvert en 1888.

 

En même temps qu'elle projetait la construction de l'abattoir, la ville achetait à, M. le duc d'Almazan,

au prix de 3 fr. 50 le mètre, la plupart, des terrains qui allaient servir au percement des trois nouvelles rues qui devaient y conduire, mais une seule avait été autorisée, en 1882, celle reliant, l'octroi à l'abattoir.

 

Ce ne fut, qu'en 1887, après de multiples démarches et conciliabules, que le génie accorda l'autorisation d'ouvrir la rue Victor Hugo et la rue de la Gare — le boulevard Gambetta actuel — dont la construction du mur de soutènement exigea des puits de 16 à 17 mètres de profondeur, en contre-bas du sol de la voie du chemin de fer.

Comte François-Marie d'Aboville en costume de pair de France, Ferdinand de Laroche, XIXe s

Comte François-Marie d'Aboville en costume de pair de France,

Ferdinand de Laroche, XIXe siècle,

musée Jeanne d'Aboville, La Fère.

 

Les quartiers de Kerjean et de Kérivin furent tracés de 1881 à 1896, et le conseil municipal donna, en 1.897, le nom de Brestois célèbres à la plupart de leurs rues :

 

Le général d'Aboville, né à Brest le 23 janvier 1730, mort le 1er novembre 1817.

Engagé dans l'artillerie à l'âge de 14 ans, il assista à la bataille de Fontenoy, prit part, au siège de Munster pendant la guerre de Sept Ans et se distingua surtout en Amérique.

Il était colonel, sous les ordres de Rochambeau, au Siège de York-Town, où sa belle conduite lui valut le grade de maréchal de camp.

De retour en France, il se livra à des études techniques qui l'amenèrent à demander la création d'un corps d'artillerie à cheval.

C'était un grand progrès dans l'art, militaire et on ne tarda pas à le constater.

Ce fut, en effet, l'artillerie du général d'Aboville qui décida de la victoire de Valmy.

Napoléon le nomma président du comité central de l'artillerie et directeur de l'arsenal de Paris, puis lui confia, en 1807, le gouvernement de la place de Brest qui venait d'être décrétée en état de, siège par crainte d'un coup de main de l'ennemi.

En 1809, il fut, chargé de la défense d'Anvers, fortement menacée par l'escadre britannique.

 

D'Aboville était un savant distingué, auquel on doit l'invention des roues à moyeu de métal,

dites « roues à voussoir ».

L'administration de la guerre avait déjà honoré sa mémoire en donnant son nom à l'ancienne caserne des Carmes.

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Élévation du bagne de Brest du côté du port et plan des fondations, par Antoine Choquet de Lindu, 1757-1759,

musée des Beaux-Arts de Brest.

 

Choquet de Lindu, ingénieur en chef de la marine, naquit à Brest le 7 novembre 1712 et y mourut le 7 octobre 1790.

Il dirigea pendant cinquante ans les travaux du port de Brest et, parmi les œuvres principales de ce fécond ingénieur, nous citerons les quatre cales de construction à Bordenave, l'ancienne chapelle Saint-Louis, le magasin général, les ateliers en fer, la corderie, le parc aux boulets, le bagne, les trois formes de Pontaniou, la caserne des marins, l'hôpital de Pontanézen, la tour du phare d'Ouessant, la digue et l'écluse de l'anse de Kerhuon ;

le théâtre, construit en 1700, qui comptait alors parmi « les plus beaux de France » et dont la façade a résisté aux incendies de 1866 et de 1919.

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Édouard Corbière

 

Édouard Corbière est né à Brest le 1er avril 1793.

Âgé de neuf ans seulement, à la mort de son père, il entra à l'école des mousses, fut promu aspirant, de 2ème classe en 1810 et, servit, dans la marine jusqu'en 1816, époque où il fut licencié à cause de ses opinions libérales.

 

Il se fit alors journaliste, fonda la Guèpe (*)

Brest en 1818, la Nacelle à Rouen en 1822, qui lui valut plusieurs mois de prison, à cause de la violence de sa polémique.

 

(*) « La Guêpe », ouvrage moral et littéraire, par M. Ed. Corbière (Brest, Anner, de novembre 1818 à juin 1819, 14 livraisons).

Il n'y avait alors à Brest qu'une simple feuille d'annonces.

On trouvait dans cette revue bimensuelle des faits divers, des variétés littéraires et morales, des poésies et des appréciations politiques et religieuses, la plupart dirigées contre les prédications des missionnaires.

 

Édouard Corbière était capitaine au long cours quand M. Stanislas Faure lui confia, en 1828, la rédaction du Journal du Havre qu'il venait de créer, et qui, de simple feuille d'annonces, acquit entre ses mains un haut degré d'influence et de prospérité.

 

Il fonda, en 1839, la « Compagnie du Finistère » pour le transport, des voyageurs et marchandises de Morlaix au Havre, et, vint s'établir à Morlaix en 1841, où il épousa Marie-Angélique Puyo.

 

Il mourut à Morlaix le 27 septembre 1875, presque en même temps que son fils Tristan,

l'immortel auteur des Amours jaunes, que Verlaine, a classé parmi les « Poètes maudits ».

 

Édouard Corbière fut l'un des romanciers les plus féconds de l'époque de la Restauration.

Il se spécialisa dans le roman maritime qu'Eugène Sue venait, d'inaugurer par Kernock le pirate,

« mais qui ne sentait, pas assez le goudron ».

Ses récits et aventures de mer, tels le Banian et le Négrier connurent la célébrité.

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Joseph de Gasté

 

En donnant à l'une des rues du quartier de J'Annexion le nom de M. de Gasté, le conseil municipal voulut consacrer la mémoire de l'homme de bien qui fut député de Brest de 1876 à 1893.

 

Républicain sous Charles X, M. de Gasté, ingénieur de la marine, vit avec joie le, triomphe de la République en 1848 et fut mis en retrait d'emploi sous le gouvernement de Napoléon III.

 

« C'est alors, dit M. Casimir Périer, en prononçant son éloge funèbre à la Chambre, le 3 juillet 1893, qu'il se fait inscrire au barreau qui, aux jours où la liberté se voile, est le refuge des consciences pures et des caractères indépendants. »

 

« C'était un vaillant, en même temps qu'un sage, ajoutait le président de la Chambre des députés, et à quatre-vingt-deux ans,

il y a huit jours encore, il donnait à tous, dans cette enceinte, l'exemple de l'assiduité et de l'exactitude.

Il rappelle les soldats légendaires qui sont tout entiers absorbés par la notion du devoir et qui ne fléchissent ni ne transigent jamais quand il s'agit d'une consigne. »

 

M. de Gasté était un philanthrope et un ami du peuple.

Possesseur d'une brillante fortune, mais vivant modestement, il venait en aide à de nombreuses veuves et avait une prédilection marquée pour toutes les associations ouvrières dont il était le plus généreux bienfaiteur.

 

Toute sa vie fut un exemple de désintéressement, de probité et d'honneur.

Depuis longtemps, il accordait des livrets de caisse d'épargne aux meilleurs élèves de nos écoles municipales, et, à sa mort, il légua à la ville de Brest 6.000 francs de rente 3 % pour attributions, aux enfants des écoles primaires, de livrets sur la caisse des retraites pour la vieillesse et de bourses d'externat pour l'enseignement secondaire.

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Extrait Ouest-France - 6 mai 1936

Paul Guilhem

 

C'est également pour perpétuer le souvenir d'un philanthrope que la municipalité donna, en 1910,

le nom de Guilhem, au chemin de ronde du cimetière de Brest, parallèle à la rue de la République.

 

M. Paul Guilhem, officier de marine en retraite, mort à Angers le 20 septembre 1885, a légué à la ville une rente trois pour cent de trois cents francs, pour être remise tous les deux ans, sous la dénomination de « dot Guilhem »,

« à une jeune fille travaillant pour vivre ou domestique, et dont la conduite aura été reconnue bonne et régulière,

de préférence à la fille d'un marin ».

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Le nom de Levot, donné à la rue qui conduit de la rue Tourot à la rue Saint-Marc, honore le talent, d'un érudit de premier ordre et d'un historien sagace et consciencieux.

Né à Brest le 14 décembre 1801, où il est mort le 3 février 1878, M. Levot exerça pendant 47 ans les fonctions de bibliothécaire de la marine.

Il est, l'auteur justement estimé de « l’Histoire de la ville et du port de Brest », de la « Biographie bretonne »,

des « Gloires maritimes de la France » et de beaucoup d'autres travaux épars dans les recueils des Sociétés savantes.

 

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(*) Olivier Lodel – Ollivier Lodel – Louis Delourmel

 

Source : Le Télégramme de Brest 7 mars 2003

 

Natif de Rennes en 1873, Louis Delourmel, après avoir satisfait à ses obligations militaires, devenait, en 1895, archiviste adjoint du département d'Ille-et-Vilaine.

En 1899, apprenant que le poste d'archiviste de la ville de Brest devient vacant suite à la démission du Dr Corre, il sollicite et décroche cette succession.

 

Jusqu'en 1939

 

Peu de temps après, le Dr Marion, bibliothécaire, décède.

Il brigue son remplacement et l'obtient contre la promesse d'achever l'histoire de la ville et du port commencée par P. Levot et de terminer l'inventaire du fond de l'Amirauté du Léon entamé par le Dr Corre.

Il est donc, à partir de 1900, archiviste bibliothécaire de la ville de Brest et le restera jusqu'en 1939.

 

Chroniqueur à « La Dépêche de Brest »

 

Outre ses nombreuses tâches que lui impose sa fonction, il présentera, pendant 40 ans, aux Brestois, dans les pages de la «Dépêche de Brest», sous le pseudonyme d'Olivier Lodel, de nombreuses études historiques.

En 1923, il publie « Une histoire anecdotique de Brest à travers ses rues », qui sera rééditée en 1946, sous le titre « Le vieux Brest à travers ses rues », illustrée par Pierre Péron.

Son œuvre maîtresse restera « Le Livre d'or de la ville de Brest », ouvrage inachevé mais imprimé.

Par ailleurs, il avait publié en 1909 un « Essai de bibliographie brestoise » et un « Brest pendant la Révolution ».

 

Conférencier remarquable

 

Secrétaire de la Société académique de Brest, il publie encore dans le bulletin de cette assemblée de nombreux articles et donnera aussi, lors de réunions, des conférences fort prisées.

Ses activités vaudront à Louis Delourmel, outre d'être devenu l'historien brestois, les décorations de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Il disparaît le 12 juin 1944 dans sa propriété de Portsall où il s'était réfugié pour fuir les bombardements .

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