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1937

Premier établissement de bains publics
à Landerneau en 1818

 

 

Source : La Dépêche de Brest 26 novembre 1937

 

On connaît l'émotion qui s'est emparée de certains de nos concitoyens, à la suite du projet de construction d'un nouveau pont sur l'Elorn dans le port de Landerneau, présenté par l'administration des ponts et chaussées et destiné à remplacer celui qui existe depuis 1510 qui ne répond plus aux besoins de la circulation automobile, aujourd'hui si développée.

 

Deux thèses s'opposent :

L'une voudrait que ce pont fût construit en face de la rue de Brest, l'autre en aval du vieux pont aux environs de la mairie.

Mais une troisième proposition vient d'être faite ces temps derniers et elle a ses chauds partisans.

Elle consisterait en la simple démolition de la maison des Rohan qui fait tout le charme du vieux pont, et sa reconstruction en retrait de trois à quatre mètres, ce qui donnerait une large de chaussée de 8 mètres environ.

 

C'est à la suite de cette dernière suggestion que nous avons cru devoir faire des recherches sur ce vieil immeuble des Rohan, l'un des plus beaux de Landerneau, et que nous avons découvert un curieux bail grâce à l'obligeance de M. et Mme Cavarec, propriétaires de l'ancienne maison seigneuriale, concernant la construction du premier établissement de bains publics dans la ville.

Voici les principaux passages de cet acte établi sur feuilles de papier timbré à 0 fr. 50, que bon nombre de nos concitoyens liront certainement avec plaisir :

 

« Entre les soussignés M. Jean-Louis Kérébel, commerçant, demeurant à Landerneau et MM. Jean-Marie Lumel et Nicolas Marie Bouroulec demeurant aussi à Landerneau, faisant et agissant pour la société des actionnaires des bains publics à établir en cette ville.

 

Est passé le présent, par lequel le dit sieur Kérébel, baille et afferme avec garantie de droit et de fait pour 50 ans, qui commenceront à la Saint-Michel prochain 1818, aux sieurs Lumel et Bouroulec, stipulant et acceptant pour la société et en son nom, savoir :

 

1. ) Le terre-plein ou éperon situé dans le port de cette ville, derrière la maison du locateur et à son couchant (maison des Rohan) à prendre dans la partie occidentale, pour aller jusqu'aux édifices qui existent à l'Orient et sur lequel les locataires auront le droit de faire construire dès ce jour, comme bon leur semblera, les édifices nécessaires à l'établissement de bains publics ;

 

2. ) Le droit de passage pour l'entrée de la dite maison et par la cour adjacente pour la fréquentation des bains ;

 

3. ) La jouissance concurremment avec les propriétaires du salon placé vis-à-vis la porte d'entrée de la dite maison, pour servir de salon de réception à l'établissement des bains.

Et pour la somme de 15 francs par an, (Heureux temps que l'on ne connaîtra plus) que les locataires aux qualités, obligent ladite société de payer au sieur locateur, par les mains de son caissier le 29 septembre de chaque année. »

 

Il est aussi question dans ce même bail, de la location aux mêmes personnes d'une écurie ou sellier, sous couverture d'ardoises, attenant au même immeuble, moyennant le prix de 30 francs par an.

 

Le bail fut établi en triple expédition à Landerneau le 29 juin 1818, dont une expédition fut remise à M. le maire de la ville ; il fut enregistré le 3 août 1818.

 

Cet intéressant papier permet de relever qu'il y a déjà plus de 120 ans que Landerneau avait son établissement de bains publics, construit au-dessus de l'Elorn, derrière la belle maison des Rohan, actuellement habitée par M. Cavarec, horloger.

 

Aujourd'hui notre vieille cité a ses bains-douches et l'on parle aussi de la construction d'une piscine ;

il faut convenir que l'étape parcourue en plus d'un siècle n'a pas été brillante sous ce rapport, mais rappelons-nous avec philosophie que :

 

Tout vient à point

À qui sait attendre.

 

Et souhaitons que nos arrière-petits-enfants fassent aussi sur le même sujet des découvertes intéressantes.

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