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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


13 juillet 1940

Jour 25
 

 

On manquera d'essence, nous dit-on pour les prochains battages.

Nous devons donc rechercher immédiatement des palliatifs imposés par la nécessité d'assurer le pain futur.

 

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Le problème comporte deux modalités :

1° Moissonner toujours, engranger ou engerber et attendre pour le battage des jours plus favorables, ce qui aurait l'avantage de réduire les stocks de vieux blé ;

2° Battre dès l'août, chacun comme il pourra.

Dans ce dernier cas, nous pouvons compter sur :

Le moteur électrique, le manège, le fléau de nos grand'pères.

 

Il existe une véritable technique du battage au fléau, tant pour la disposition du blé sur l'aire que de la confection et du maniement du fléau.

Les éléments de cet art sont encore présents dans la mémoire de quelques vieux paysans, dont les directives peuvent être très précieuses.

Quant aux manèges il est rare d'en trouver de complets à l'heure actuelle.

Il serait peut-être possible d'y adapter les batteurs des machines modernes.

C’est à voir.

 

Mais le plus grand secours.

À défaut d'essence, est attendu du moteur électrique fonctionnant sur le secteur.

On doit pouvoir trouver un certain nombre de ces moteurs dans les usines d'armement désaffectées et dans les garages fermés.

Une Installation provisoire, déplaçable, permettrait un travail permanent, de nuit comme de jour. L'esprit d'entr'aide ouvrière et paysanne ferait le reste.

 

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S'il était jugé préférable de retarder le battage, la mise en gerbiers, dans les granges-hangars ou en plein air s'imposerait.

Dans ce cas, dès que le blé est coupé et réuni en gerbes, on le laisse pendant un temps plus ou moins long sur le champ, afin qu'il perde son humidité, qu'il se ressuie.

Dans les gerbiers, il acquerra sa pleine maturité, conservera longtemps sa faculté germinative et ce « goût de fruit » que l'on retrouvait autrefois dans le pain.

 

Peu d'opérations agricoles exigent autant de soins et d'attention que la construction des meules pour la conservation des grains ;

elles doivent être bâties, non seulement avec solidité, mais aussi très proprement.

On les établit soit à même la terre, soit sur des pieux de charpente levés de cinquante centimètres environ du sol.

On met généralement quatre pieux aux quatre angles et un au milieu :

On assujettit sur ces pieux un châssis carré avec croix Saint-André au milieu, puis on met sur le tout des perches et des fagots, pour constituer un plancher sur lequel on monte la meule.

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