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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


18 juillet 1940

Jour 30
 

 

Aucun élevage n'est à négliger dans les temps difficiles que nous traversons, disait une fermière. Lapins, poules, oies sont d'un bon rapport, il faut y ajouter le pigeon qui a aussi sa place dans la basse-cour et dont un éleveur même modeste, s'il est possesseur d'un jardin, peut tirer profit.

 

Le pigeon, poursuivit-elle, est un oiseau qui, par la structure de son bec, de son jabot, se rapproche de la poule et, par ses formes élégantes, du passereau.

 

Le mâle n'est pas volage comme le coq, c'est un mari fidèle.

Comme les passereaux, les pigeons sont monogames.

Mâle et femelle « s'aiment d'amour tendre », ne se quittent pas et ignorent le divorce.

Ensemble, ils procèdent à l'édification du nid, ensemble ils partagent le soin d'élever et d'éduquer les petits.

 

La construction du pigeonnier

 

Pas besoin d'architecte, ni d'entrepreneur pour construire le pigeonnier, intervient le fermier.

Voyez, Je l'ai édifié sur les caisses du clapier, adossé au mur.

Je l'ai construit moi-même très simplement, en plaçant et clouant côte à côte, ou les unes sur les autres des caissettes de mêmes dimensions qui forment autant de cases Juxtaposées sur trois rangées.

 

Ces caissettes sont fermées par des portes à charnières qui s'ouvrent facilement, ce qui permet la visite et le nettoyage.

 

Dans la partie supérieure de la porte, j'ai entaille une ouverture arrondie pour la sortie de mes pigeons.

Le bois, enlevé, rabattu et cloue horizontalement leur sert de plate-forme d'envol.

 

L'ouverture est exposée au midi.

Il faut choisir une exposition au sud-est, car il est prudent de ne jamais exposer un pigeonnier au nord, à cause du froid, ou à l'ouest, en raison des vents et de la pluie.

L’ameublement se compose de deux augettes pour les grains et, accroché à la paroi, d’un abreuvoir qui doit toujours être rempli d'eau claire.

Au fond, deux nids en terre cuite ou en plâtre, bien lisses pour éviter la vermine.

La femelle peut ainsi pondre de nouveaux œufs à proximité de sa nichée avant que celle-ci ait abandonné le domicile familial.

 

Chaque case, constamment tenue dans le plus grand état de propreté, devient la demeure, la propriété d’un couple qui n’en sera plus délogé.

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L'alimentation des pigeons

 

Le pigeon se nourrit surtout de graines.

Pour exciter à la ponte, Je lui donne du sarrasin et du chènevis.

Élevés près des volailles, mes pigeons mangent les restes de pâtées et s'en montrent fort friands.

 

Un conseil : Introduire du sel dans leur alimentation.

J'ai suspendu des queues de morue salée dans le pigeonnier et je leur donne des blocs de sel gemme qu'ils attaquent à coups de bec, ce sel leur fait beaucoup de bien.

 

Quand les pigeonniers restent fermés soit dans la banlieue brestoise, soit à la campagne, pendant la période des semailles, la nourriture à donner aux pigeons surtout quand ils ont des petits doit être plus abondante

 

Les distributions de grains doivent se faire deux ou trois fois par jour.

La première dès le lever du jour, quand il y a des petits.

 

La production annuelle d'un couple est de deux de sept à neuf couvées.

La durée d'incubation est de 17 jours en été ; de 19 jours en hiver

 

Les petits naissent ordinairement par deux, presque toujours un mâle et une femelle.

Les premiers jours ils ne reçoivent des parents qu'une sorte de bouillie sécrétée par les parois de l'œsophage.

Au bout de quelques jours, le père ou la mère dégorge dans le bec des pigeonneaux les aliments qu'il vient d’ingérer.

Les petits se développent et grandissent rapidement puisque, vers quatre semaines, ils pèsent près de 500 grammes.

 

La chair des jeunes pigeons est tendre nourrissante, délicate et d'assez facile digestion.

On mange de préférence les pigeonneaux de deux mois n'ayant pas encore quitté le nid ou les jeunes pigeons spécialement engraissés.

 

Pour les reconnaître au marché, c'est simple, la peau du dos et le ventre d'un pigeon bon pour la table, est rosée, tandis que celle des vieux pigeons est bleuâtre.

Les jeunes ont les pattes et le cou assez gros ; les vieux ont le cou mince et les pattes maigres.

Chez les tout jeunes, les plumes du cou sont entremêlées d'un fin duvet.

 

Les pigeons se mangent aux petits pois, rôtis, sautés ou en compote.

 

Leur prix de vente est très variable, de 6 à 10 francs.

 

Étant donné la fécondité des pigeonnes :

près de vingt petits par an, le peu de soins et de frais que demandent ces oiseaux, comme le clapier, le pigeonnier ne semble pas être la partie la moins lucrative de la basse-cour.

L'élevage du pigeon doit procurer d'intéressants bénéfices.

 

Le but de cette série d'articles a été de les indiquer.

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