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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


25 juillet 1940

Jour 37
 

 

Le manque d'essence rend de plus en plus difficile la circulation des automobiles.

Dans les bureaux des Ponts-et-Chaussées, les usagers font la queue pour tenter d'obtenir le bon leur permettant de se procurer, au compte-gouttes, l'essence indispensable au transport du ravitaillement ou d'un nombre limité de voyageurs

 

C'est pourquoi, l'idée émise par l'ingénieur général Fayolle, directeur de l'artillerie navale, de remettre en circulation les petits trains des chemins de fer départementaux, dont nous parlions hier, mérite d'être prise, au plus tôt en considération.

— Ce retour en arrière est la négation du progrès, disent les protagonistes des avantages de la route sur le rail.

 

Il faut entre deux maux savoir choisir le moindre.

On revient à l’utilisation du cheval si longtemps délaissé.

Il va moins vite que l'auto, mais on peut se procurer facilement tout ce qui est nécessaire à ce « moteur à crottins », tandis que l'automobiliste reste en panne en attendant sur la route une carriole attelée ou, au garage, la problématique distribution d'essence, à moins que ce ne soit la mise au point d'un carburant de remplacement, qui sera vraiment fort coûteux.

 

La remise en marche du « petit train » qui continue, d'ailleurs, à circuler dans les Côtes-du-Nord, à la satisfaction de tous, est donc souhaitable pour assurer, comme auxiliaire des autocars maintenant insuffisants, le ravitaillement et le transport des voyageurs.

 

L'idée fait d'ailleurs son chemin :

L’exploitation de certaines lignes du réseau départemental serait pratiquement réalisable dans un délai assez court.

 

La question primordiale est celle du combustible.

Sera-t-il possible d'avoir la quantité de charbon nécessaire à la marche d'un nombre suffisant de trains ?

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Après vérification du pont métallique qui se trouve à l'entrée de Landerneau et la réfection de la voie Lesneven-Landerneau, l'entrée en service de ce premier tronçon pourrait se faire rapidement et un train mixte — voyageurs et marchandises — pourrait réunir ces deux localités et desservir foires et marchés.

 

On s'occuperait ensuite de la section Lesneven-Plouescat puis de celle de Plouescat à Saint-Pol-de-Léon sur lesquelles un service journalier pourrait être facilement établi et éviterait aux producteurs de perdre un temps précieux sur les routes pour venir vendre leurs légumes à Brest

 

Le succès à peu près certain permettrait de mettre ensuite en exploitation la ligne Douarnenez-Audierne.

 

Les Services de l'Artillerie navale, toujours en possession de leur outillage et de leur moderne équipement de machines-outils ;

fraiseuses, tours, perceuses, etc., répareraient les quatre locomotives et les wagons garés à Lesneven, ce qui donnerait avec la remise en état des voies, du travail aux ouvriers.

 

Pendant ce temps, le problème de l'exploitation pourrait être mis au point.

Mais cette étude ne peut naturellement pas être commencée avant que le principe de la résurrection des chemins de fer départementaux n’ait été adopté.

 

Il faut souhaiter, étant donnée l'urgence, que les formalités administratives, ne retardent pas trop la décision à prendre.

 

S’inspirer uniquement de l'intérêt général, imposer des solutions pratiques et rapides, telles sont les directives du gouvernement.

 

Or, de quoi s'agit-il ?

Améliorer les transports et donner du travail aux chômeurs.

 

Il semble que ce double résultat puisse être obtenu par la réalisation du projet Fayolle.

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