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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


28 juin 1940

Jour 10
 

 

Le calme le plus absolu règne au port de commerce.

Aucun mouvement de bateaux.

Sur les quais, on charge sur un camion des fûts de vin.

Des tracteurs enlèvent des files d'autos.

 

De nombreux pêcheurs, parmi lesquels beaucoup d'écoliers, attrapent de microscopiques poissons.

Il en faudra un grand nombre pour une friture.

 

Des gamins profitent des derniers jours de congé — les classes de l'enseignement primaire devant reprendre vendredi — pour se livrer à leurs jeux.

 

L'imagination aidant, ceux-ci installés sur les coussins d'une auto démunie de roues croient peut-être rouler à toute vitesse sur une route de rêve, au milieu de paysages merveilleux; ceux-là, jeunes acrobates, ont fait avec des planches appuyées sur des barriques vides placées debout, un plan incliné.

Ils se laissent glisser sur ce toboggan improvisé, sans souci d'user leur fond de culotte et, arrivés en bas, profilant de l'élan, font des culbutes sur des coussins moelleux enlevés à une auto.

Heureuse et insouciante jeunesse !

 

*

**

 

Dans les bureaux de la Chambre, de commerce et de la compagnie Worms, des employés travaillent.

On met à jour les livres, on apure les comptes, on liquide les affaires antérieures, mais on est encore dans l'ignorance absolue des mesures qui seront prises concernant le port de commerce.

 

Aux Docks de l'Ouest

 

Ici tout le personnel travaille et n'a pas cessé de travailler.

L'aimable directrice de cette ruche, en demi- sommeil, nous dit que, dans Brest, les livraisons dans les dépôts se poursuivent normalement au moyen de deux camionnettes, jusqu'à épuisement d'essence et de voitures hippomobiles.

 

Le ravitaillement des succursales éloignées du Finistère et de celles des départements limitrophes ne peut-être encore envisagé, car si quelques trains de voyageurs ont été rétablis, les wagons de marchandises demandés n'ont pas encore été accordés par la S. N. C. F.

 

Charbons

 

Les fournisseurs de charbons, en attendant que le trafic maritime et ferroviaire puisse reprendre, vivent sur leurs stocks.

 

Ils ont pu récupérer sur wagons, du charbon ne pouvant parvenir aux localités auxquelles il était destiné, par suite du manque de transports et ont une réserve d'environ 1.500 tonnes qui, ils l'espèrent, pourra ravitailler pendant un mois et demi les usines à gaz de Brest et de Landerneau et la compagnie d'électricité.

Par décret, il est prescrit aux fournisseurs de ne délivrer de charbons domestiques pour la cuisson des aliments qu'aux communes ne possédant pas de moyens de chauffage par le gaz ou l'électricité.

En principe, il ne doit même pas être livré de charbon aux possesseurs de fourneaux alimentés par gaz butane.

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