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1940 - 1944
Chroniques d'occupation


8 septembre 1940

Jour 82
 

 

La première affaire est relative à une collision survenue entre un camion et un motocycliste allemand et dans laquelle ce dernier trouva la mort.

 

Le 8 août, M. V..., minotier, se rendait de Gouesnou à Saint-Renan, conduisant son camion automobile chargé de cinq à six tonnes de farine.

Il venait d'aborder le dangereux carrefour de Ty-Colo, sur le territoire de la commune de Saint-Renan quand il entra en collision avec une motocyclette pilotée par un soldat allemand nommé Johan Kurka, venant de la direction de Ploudalmézeau.

 

Le motocycliste décéda des suites de blessures reçues dans le choc.

 

M. V... explique que, roulant à une vitesse d'environ 12 kilomètres, il avait aperçu, après s'être engagé dans le carrefour, le motocycliste qui venait sur sa droite, la tête tournée dans la direction de Saint-Renan.

Quand il vit le camion, il était trop tard.

L'automobiliste obliqua sur la gauche pour essayer d'éviter la motocyclette.

La collision était inévitable, vu le peu de distance qui séparait les deux véhicules.

Le motocycliste vint heurter le côté droit du pare-chocs du camion.

 

Le président :

Le soldat allemand roulait à gauche, mais il avait la priorité de passage, attendu qu'il venait sur votre droite !

 

L'accusé :

Certainement, mais Je me trouvais déjà engagé dans le carrefour et Je pensais que le motocycliste finirait par m'apercevoir.

 

Le premier témoin entendu est un sous-officier de la gendarmerie allemande qui fit les premières constatations avec le gendarme Jacob, de la brigade de Saint-Renan.

Des traces de freinage, sur une longueur d'environ trois mètres, furent relevées sur le lieu de l'accident.

 

Le tribunal entend ensuite la déposition de M. Pierre Corre, 34 ans, qui se trouvait assis à côté de M. V..., son employeur.

 

Après réquisitoire du ministère public, le tribunal se retire pour délibérer et rentre peu après en séance.

 

M. V..., inculpé d'homicide par imprudence et inobservation des règlements au code de la route, est condamné à trois mois de prison.

​

 

Le garde champêtre de la commune de Gouesnou, âgé de 63 ans, est accusé d'avoir caché à son domicile des uniformes ayant appartenu à des soldats français et anglais, ainsi que divers autres objets.

 

— Il s'agissait de butin de guerre, lui dit le président, et vous deviez le remettre.

Or, vous l'avez dissimulé chez vous, sous votre lit, dans votre armoire, ainsi que dans une cabane de votre jardin.

 

L'accusé :

Le secrétaire de mairie m'avait donné un papier sur lequel il était dit que la population devait déposer à la mairie les objets ou marchandises qu'elle pouvait détenir et qui constituaient du matériel de guerre.

J'ai fait exécuter cet ordre dans toute la commune.

 

— Quand le sous-officier chargé des perquisitions vous a demandé s'il n'y avait rien chez vous, vous avez répondu négativement.

 

L'accusé :

Indiquant le Jardin, il m'a simplement demandé si je n'avais pas caché quelque chose dans la terre.

 

Le garde champêtre répète qu'il n'a fait qu'exécuter les ordres qu'il avait reçus ;

s'il n'a pas remis immédiatement les objets déposés à la mairie, c'est qu'il n'en a pas eu le temps.

 

Le tribunal condamne l'accusé à un an de réclusion.

​

 

Mlle C, employée chez un marchand de postes de T.S.F. de la ville, comparait ensuite.

 

On l'accuse d'avoir tenu des propos injurieux envers un sous-officier de l'armée allemande.

 

Les faits se déroulèrent le 20 août.

 

Ce jour-là, dans le courant de l'après-midi, se présenta dans le magasin où est employée Mlle C... un sous-officier allemand venu pour acheter un poste.

Il était accompagné d'un prisonnier français faisant l'office d'interprète.

 

Mlle C... et une autre employée de la maison présentèrent deux postes au sous-officier.

Ce dernier fixa son choix sur l’un d'eux et demanda qu'un essai soit fait à son domicile dans la soirée.

Ce qui fut fait.

 

Deux jours plus tard, Mlle C... voyait revenir dans son magasin le sous-officier, accompagné cette fois d'un gendarme allemand.

 

La jeune fille fut arrêtée sous l'inculpation d'avoir, le jour de la vente du poste, prononcé des paroles injurieuses envers le militaire allemand.

Ces paroles auraient été entendues par le prisonnier français, Hubert Caspar, qui les répéta au sous-officier.

 

À l'audience, Mlle C..., qui était incarcérée depuis le 22 août à la prison de Pontaniou, nie énergiquement avoir employé les termes que l'accusation lui reproche.

 

— Le sous-officier, dit-elle, s'était montré très correct.

Je n'avais aucun intérêt à me montrer malhonnête.

Je n'ai jamais prononcé les mots qu'on me reproche.

 

Le prisonnier Caspar confirme sa première déclaration et assure que Mlle a « laissé échapper » ces paroles malheureuses au cours d'une conversation avec son amie.

 

Cette dernière, entendue à son tour, affirme le contraire.

 

Finalement, le tribunal décide d'ajourner l'affaire.

Le sous-officier qui acheta le poste sera entendu au cours d'une prochaine audience.

 

Mlle C... est laissée en liberté et, toute heureuse, va retrouver ses parents.

 

L'audience est levée à 14 heures.

​

 

L'installation du camp de Kervallon ne cessait de subir des améliorations.

Le café maure se transformait le soir en école.

Avec un dévouement et une patience inlassables, Mme Perrigault y enseignait le français aux travailleurs marocains.

D'autres fois, le café maure devenait salle de concert.

Le lieutenant s'était procuré un appareil de T.S.F., et les Marocains, surpris et charmés, écoutaient, extasiés, les voix de leur pays, les émissions en langue arabe des postes de Rabat ou de Tunis et la musique marocaine.

 

Des panneaux basket-ball avalent été dressés dans la cour.

Deux équipes de jeunes s'adonnaient avec fougue à ce sport, pendant que les vieux jouaient, avec adresse, aux quilles et aux boules.

 

Tout allait bien.

On paraissait, aux constructions navales, satisfait des services des travailleurs marocains qui, lorsqu'ils sont bien dirigés et bien encadrés abattent de la besogne.

Économes, ils se constituaient un petit pécule pour rentrer chez eux la guerre terminée, avec l'espoir de s'établir commerçants ou cultivateurs.

 

Cependant, les événements se précipitaient

Le 19 Juin les constructions navales rompaient brusquement le contrat de six mois qui les liaient aux travailleurs marocains et cessaient, le même jour de leur verser tout salaire et toute prime d’alimentation.

 

Cette nouvelle créa un certain mécontentement parmi ces hommes simples ne parvenant pas à comprendre que leur pays protecteur eût pu être vaincu.

 

PRISONNIERS

 

Ils allaient pourtant supporter les conséquences de la défaite.

 

Parce qu’ils saluaient militairement, ces travailleurs civils furent pris pour des soldats.

Faits prisonniers, ils furent emmenés le 22 Juin, au camp de Coetquidan.

 

Jean Perrigault se démena tant et si bien pour les faire libérer que — grâce à la compréhension de M. le major Bolten — il obtint l’autorisation d’aller délivrer ses hommes.

 

Quand il arriva à Coetquidan, ses Marocains l’attendaient.

Ils avaient confiance en leur chef vénéré.

Ils savaient qu’il ne les abandonnerait pas.

 

Avec quels transports d’allégresse leur sauveteur fur accueilli §

 Tous se précipitèrent vers lui, ne sachant comment exprimer leur gratitude.

On lui baisait les mains, on l’embrassait, on le serrait à l’étouffer.

Ces braves gens lui témoignaient d’une façon un peu rude, leur reconnaissance.

Enfin, ils retrouvaient leur père !

 

Pour ne pas faire de jaloux, Jean Perrigault dut donner l’accolade à tous ses enfants.

Ému par ces marques sincères d'attachement, il dut déposer 204 baisers sonores sur les joues mal rasées ou barbues, ruisselantes de la sueur que l'émotion faisait couler, de ses 102 enfants.

 

Ah! Ils n'avaient pas perdu leur temps à Coetquidan ses Marocains, car ce fut chargés d'un énorme barda — tricots, vêtements, linge, tout un bric-à-brac pour « marché aux puces » — que les travailleurs prirent allègrement, sous la pluie, le chemin de la gare de Guer.

​

 

Le 15 juillet, ils retrouvaient, avec joie, leur camp de Kervallon, pillé, mais toujours debout.

 

Une deuxième épreuve les attendait.

Le 21 juillet au soir, le camp fut cerné, et les Marocains emmenés au Château de Brest, de nouveau prisonniers.

C'était une erreur.

 

Jean Perrigault put les délivrer dès le lendemain matin :

 

— Si la libération de mes hommes a pu sembler, à certains, inopportune, nous confie Jean Perrigault, j'estime que mon devoir et mon honneur m'imposaient de la provoquer.

 

Ne devons-nous pas, en effet, maintenir coûte que coûte notre prestige auprès des indigènes nord-africains ?

 

Les miens me font confiance.

Je représente pour eux la France qu'ils ont connue puissante et généreuse

Ils m'auraient méprisé si je les avais abandonnés là-bas.

 

Officier en raison des circonstances, mais journaliste avant tout, j'achève les derniers chapitres d'un livre que je compte faire paraître dès ma rentrée à Paris, dans la collection de l'Ancre, chez mon éditeur Fournier.

J'espère que ce reportage sur la vie et les mœurs des travailleurs marocains intéressera et instruira ceux qui ignorent le dévouement que peuvent témoigner ces braves gens pour qui sait les comprendre,  les guider, les aimer.

​

DIFFICULTÉS FINANCIÈRES

 

La situation, au camp de Kervallon, soulevait cependant, au retour de ses occupants, des difficultés d'ordre financier qui auraient pu devenir graves, si Jean Perrigault n'avait su y remédier.

Depuis le 19 juin, nous l'avons dit, les travailleurs marocains ne recevaient ni salaires, ni primes d'alimentation.

Il fallait cependant leur donner à manger.

 

Une prudente gestion de l'ordinaire de la compagnie avait permis à son commandant de constituer un boni d'une quinzaine de mille francs.

C'est avec cet argent que, durant un mois, Jean Perrigault put nourrir ses 102 hommes.

 

Il réitéra ses démarches.

Il ne put obtenir, pour ceux dont il avait la charge, ni la moindre indemnité de licenciement, ni l'autorisation en vain sollicitée, de faire rapatrier ses hommes.

 

Le 24 juillet, il reçut enfin une réponse de Vichy à ses lettres.

On lui intimait l'ordre de rester à Brest et d'attendre des instructions pour replier ses hommes sur Marseille, le camp de cette ville étant au complet.

 

On lui stipulait que les travailleurs marocains en chômage avaient le droit de toucher, avec rappel du 10 juillet, une prime journalière d'alimentation fixée à 10 francs et, depuis le 15 Juillet, une prime exceptionnelle de 2 francs par homme et par jour.

 

La lettre annonçait l'envoi d'une somme de 20.000 francs pour la nourriture et le paiement de la prime pour le mois de Juillet.

L'interruption des communications postales, même officielles, entre les deux zones fut, sans doute, la raison pour laquelle cet argent n'arriva pas à destination.

 

Les fonds s'épuisaient.

Jean Perrigault allait-il devoir faire chanter ses hommes dans les cours, implorer la charité publique ou l'aide de la mairie de Saint-Pierre-Quilbignon pour subvenir à leurs besoins ?

 

Il parvint heureusement à se faire avancer les 20.000 francs par les services des constructions navales et, depuis, les hommes, satisfaits de la nourriture, attendent avec moins d'impatience l'heure de prendre le train pour Marseille et de rentrer chez eux.

 

LE PAIN ARABE

 

Les Marocains s’affairent aujourd’hui autour de l’immense four qu’ils ont construit en terre glaise dans la cour du camp, à la manière des potiers.

Ce four a été construit pour le Méchoui.

Ses proportions permettent d'y rôtir un mouton entier.

 

Hier, les Marocains ont touché à l'intendance maritime de la semoule trop fine pour accommoder le couscous bihebdomadaire, leur mets préféré.

 

— T’en fais pas ont-ils dit à leur lieutenant.

Achètes pour vingt sous de vinaigre et quarante sous de levure et nous allons faire dans le four avec la semoule trente petits pains arabes.

Ça « mezzian besef ».

Tu goûteras demain.

 

Jean Perrigault a fait selon leur désir :

— Je considère maintenant ces hommes, nous dit-il en nous reconduisant, comme mes enfants, et l'affection que je leur porte, ils me la rendent.

C'est ma meilleure récompense

 

Ils ont laissé au Maroc depuis 7 mois des êtres chers avec lesquels ils ne peuvent  correspondre.

Mon devoir est donc de les faire vivre ici dans une atmosphère familiale, de m’intéresser à chacun d'eux et plus particulièrement, avec le précieux concours de Mme Perrigault, à ceux qui nous semblent malheureux.

 

Leur plus cher désir est maintenant de rentrer au Maroc.

J’espère être invité à les conduire bientôt à Marseille ou à Nantes, pour s'embarquer pour l'Afrique du Nord sur un des bateaux de la compagnie Schiaffino.

 

On m’a confié 102 hommes à Marseille le 25 mars, je veux y ramener  102 hommes en bonne santé, heureux et satisfaits de leur séjour en France.

 

N'avions-nous pas raison de dire que la compagnie des travailleurs marocains de Kervallon avait eu de la chance d'être placée sous le commandement de notre excellent confrère Jean Perrigault ?

​

 

Les cartes marines donnent pour la rade de Brest l'indication suivante :

Fond de sable et de coquilles.

 

Si, empruntant pour un jour l'habit du scaphandrier, nous pouvions explorer le fond de cette immense cuvette, nous serions sans doute fort surpris de voir le nombre incalculable de coquillages qui l'habitent.

Nous admirerions surtout un énorme banc de ces mollusques que les naturalistes ont baptisés « peignes », mais pour lesquels les gourmets ont ce nom autrement prometteur :

Coquilles Saint-Jacques.

 

La pêche de ces mollusques va justement commencer dans quelques jours.

Cette pêche a lieu tous les ans du 15 septembre à la fin de mars.

 

Combien peut-il en exister au fond de la rade ?

Un nombre fort respectable sans doute, puisque l'on peut estimer à huit ou dix millions le nombre des coquilles Saint-Jacques que l'on récolte tous les ans pour être consommés dans le pays ou expédiés sur les marchés de Paris ou de nos grandes villes.

 

On peut les considérer comme un véritable trésor.

Les barques de Camfrout, de Logonna et du Fret retirent trois ou quatre cent mille francs du produit de cette pêche et cette industrie procure, en outre, travail et profit aux mareyeurs, à la S. N. C. F., aux vendeurs des halles, etc…

 

Trésor aussi pour les gourmets, car le temps n'est plus où l'on n'appréciait de la coquille Saint-Jacques que la partie creuse, dont nos pères se servaient, en guise de timbale, pour se désaltérer aux claires fontaines au cours de leurs grands pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle ou à quelque autre sanctuaire en renom.

 

En 1852, on pouvait encore lire dans un savant dictionnaire, celui de Bescherelle, ce curieux renseignement sur le mollusque dont nous parlons :

« Sur les côtes, en mange les grandes espèces de ce genre, mais c'est une nourriture grossière, dont la classe peu fortunée fait seule usage. »

 

Depuis, les avis ont bien changé.

 

Aujourd'hui, tout le monde est d'accord pour reconnaître que la coquille Saint-Jacques constitue un régal véritable et peu coûteux.

 

Bien fraîche, elle peut être mangée crue, mais cette manière de la déguster est loin d'être la meilleure.

 

Chacun connaît la préparation classique :

On met les coquilles sur un feu ardent pour les faire ouvrir, puis on les détache de la coquille ;

on enlève tout le noir et on lave le reste à plusieurs eaux, pour qu'il n'y reste pas de sable.

 

On hache ensuite les chairs avec persil, ciboule, sel et poivre ;

l'on met le tout dans la coquille creuse que l'on a bien nettoyée et l'on saupoudre de mie de pain émiettée très fin.

Enfin, on arrose légèrement avec un peu de beurre fondu et l'on met au four.

 

C'est ce mode de préparation qui est employé pour les coquilles toutes prêtes que nous vendent les charcutiers.

 

On peut également — et c'est aussi très bon — cuire les coquilles Saint-Jacques à l'eau, hacher la chair et la servir avec une mayonnaise, ou encore à la vinaigrette avec ciboule et fines herbes.

 

Une troisième manière — et c'est encore un régal — consiste à faire frire les mollusques dans la poêle

et à les servir nageant dans le beurre.

 

Les Parisiens s'en délectent avec une sauce béchamel, chapelurée.

 

Arrêtons-nous.

La Bonne ménagère, qui n'est jamais à court de recettes dans sa Chronique, vous enseignera peut-être encore maintes formules que nous ignorons.

 

Elle ne vous conseillera sûrement pas d'imiter certains restaurateurs de bas étage de Paris qui — s'il faut en croire les mauvaises langues — lorsqu'il leur arrive de se trouver à court d'escargot ou de Saint-Jacques, garnissent les coquilles vides de l'un ou l'autre de ces mollusques avec de la Chair de chien de mer convenablement présentée.

Si le procédé est authentique, il prouve peut-être l'habileté des restaurateurs en cause, mais pas du tout la finesse de palais de leurs clients.

 

Depuis quelques années on peut consommer des coquilles Saint-Jacques en dehors des temps de pêche.

Les usines de Daoulas et du Faou préparent, en effet, des conserves de coquilles Saint-Jacques au beurre, qui s'expédient non seulement en France, mais dans nos colonies de l'Afrique équatoriale.

 

Quand elle n'est pas mise en conserves, la coquille Saint-Jacques doit être consommée très fraîche, trois jours au plus après sa sortie de l'eau.

D'où la nécessité d'agir très vite lorsqu'elle doit être expédiée un peu loin.

Dès l'arrivée des bateaux au port, le déchargement s'effectue rapidement.

Les coquilles sont pesées, nettoyées, triées en trois catégories : petites, moyennes et grosses.

Celles qui doivent prendre le train sont immédiatement comptées ou pesées, selon le mode de vente à la clientèle, et mises en sacs.

Les sacs étiquetés sont aussitôt dirigés sur la gare (Brest, Daoulas ou Crozon, selon le cas) pour être expédiés en grande vitesse sur les Halles Centrales de Paris ou sur la plupart des grandes villes de France :

Rouen, Tours, Angers, Bordeaux, etc..

 

En temps de paix, faire vite et bien n'est pas compliqué.

Il suffit que chacun y mette de l'activité et de la bonne volonté.

 

Cette année, il y aura davantage de difficultés à surmonter.

La Société nationale des chemins de fer est décidée, comme les autres années, et malgré le petit nombre de trains qu'elle peut mettre en circulation, à faire tout ce qui dépend d'elle pour assurer l'acheminement des gares expéditrices aux gares destinataires.

 

Mais la pénurie d'essence et le nombre insuffisant des permis de circulation délivrés aux mareyeurs risquent de tout compromettre.

 

À Brest, un grand mareyeur n'a de permis de circulation que pour une seule voiture.

C'est trop peu pour assurer à la fois la mise en gare du poisson et celle des coquillages, surtout aux jours de pèche abondante.

 

À Logonna, gros centre de pêche des coquilles Saint-Jacques, il y a environ huit kilomètres à faire pour atteindre la gare la plus proche, Daoulas, d'où partent en moyenne deux tonnes de coquilles Saint-Jacques pendant la saison.

 

Nous souhaitons donc, dans l'intérêt commun des pêcheurs, des mareyeurs, des marchands de marée et des consommateurs, que durant la période de six mois pendant laquelle a lieu la pêche des différents coquillages et notamment des coquilles Saint-Jacques, les autorités se montrent aussi larges et aussi bienveillantes que possible et que permis de circulation et carburant soient octroyés de manière à faire face à tous les besoins.

Il y a un trésor eu fond de notre rade.

Espérons que Ion pourra tirer de ce trésor tout ce qu'il peut donner et qu'aucun travailleur ne se verra privé du fruit qu’il est en droit d’attendre de son effort.

​

 

Un violent incendie a éclaté vendredi, vers 19 heures, au champ de foire, dans la vaste écurie de M. Thépaut, qui était occupée par une trentaine de chevaux de l'armée allemande.

 

L'écurie, longue de 25 mètres, était surmontée d'un fenil bourré de fourrage et était contiguë à tout un important carré de maisons donnant sur la rue Saint-Guénal et l'avenue de Coatmeur et entourant elles-mêmes, par l'arrière, des remises, granges et garages.

 

Rapidement, tout le toit de l'écurie fut en flammes.

Neuf des bêtes ne purent être dégagées et périrent carbonisées ;

certaines d'entre elles furent abattues dans le but de supprimer leurs souffrances.

 

L'alerte avait été donnée et la population tout entière se mit à la disposition du service municipal d'incendie avec une célérité fort louable.

Les sapeurs-pompiers de la ville étaient secondés activement par un détachement des troupes d'occupation, et M. J. Grall, faisant fonctions de maire, crut sage de faire appel par téléphone aux sapeurs-pompiers de Landerneau.

 

Disons tout de suite que ceux-ci arrivèrent promptement sur les lieux et prirent aussi une part importante à la lutte contre l'incendie, qui menaçait de s'étendre.

 

C'est ainsi qu'avant la mise en batterie des deux moto-pompes municipales et des deux pompes à bras, le feu courait par la toiture du large garage de M. Kerbrat, camionneur, jusqu'à une remise empile de paille qui faisait corps avec le groupe de maisons.

C'est sur ce point que se concentrèrent les premiers efforts, pendant que la foule procédait à l'évacuation rapide du mobilier des nombreuses maisons menacées.

 

Les chaînes se multipliaient et, fort heureusement, l'eau ne manqua pas.

Une, puis deux pompes inondèrent le foyer initial.

Enfin, l'on se rendit maître du second foyer, devenu le plus dangereux.

 

Vers 21 heures, tout danger était nettement écarté et, peu à peu, les dévoués et nombreux sauveteurs purent se retirer, les sapeurs-pompiers, aidés des polices, continuant la surveillance.

 

Les dégâts sont fort importants, mais il est toutefois heureux que toutes les maisons d'habitation aient été préservées, grâce à la promptitude des secours.

 

Félicitons en bloc tous ceux qui participèrent au sauvetage.

 

L'enquête ouverte par les autorités française et allemande n'a pas encore permis de découvrir la cause exacte du sinistre ;

on le supposait d'abord dû à l'imprudence d'un fumeur, puis on le mit au compte d'un court-circuit.

 

Toujours est-il que les réservoirs du château-d'eau ont été en partie épuisés et la population ne devra pas s'étonner de constater un sérieux manque de pression aux bornes-fontaines pendant quelques jours, surtout à la suite de la sécheresse qui se prolonge.

Il serait sage, en de telles circonstances, de ne pas gaspiller l'eau.

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