1907
Une maison mise à sac par les Apaches
à Lambézellec
Source : La Dépêche de Brest 26 novembre 1907
Six jeunes apaches se trouvaient dimanche dernier, vers neuf heures du soir, à la Maison Blanche, à Lambézellec, lorsqu'une idée baroque passa dans leur cerveau, embrumé par de nombreuses libations.
Ils décidèrent de monter à l'assaut d'une maison dont l'entrée leur avait été refusée.
Armés de cailloux et de projectiles de toutes sortes, les bandits se mirent à faire un tapage infernal sur la porte, puis voyant que celle-ci résistait à leurs coups, ils se mirent en devoir d'attaquer les fenêtres du 2e étage.
Au premier choc, deux carreaux furent brisés par des pierres qui vinrent tomber au milieu des appartements, ne blessant fort heureusement aucune des deux personnes qui s'y trouvaient.
Les deux locataires effrayées (on le serait à moins), lancèrent à tous les échos du village des appels au secours, qui ne furent pas entendus, mais qui eurent pour résultat à mettre le comble à la fureur des énergumènes.
L'un d'eux brisa un des carreaux de la fenêtre du rez-de-chaussée et fit jouer l'espagnolette.
La croisée ouverte, livra passage aux assaillants, qui, passant par la cuisine se mirent en devoir de gravir les marches de l'escalier de la maison.
Terrorisées, Mlles Corolleur et Tanguy se réfugièrent par une porte donnant sur la cour, chez les grands parents de Mlle Corolleur, qui n'osèrent pas venir à leur secours.
Au moment où elles s'enfuyaient, abandonnant au pouvoir des malandrins tout ce que pouvait contenir leurs appartements, l'une d'elle entendit le chef sans doute de la troupe, commander d'une voix brève :
« Ici quatre hommes et un caporal pour défoncer tout ! »
Comme on le voit, ils n'allaient pas de main morte.
Arrivés au deuxième étage de l'immeuble, ils fouillèrent les appartements.
Dans l'une des pièces, apercevant une malle, ils firent sauter le couvercle, éparpillèrent tous les vêtements qui s’y trouvaient et emportèrent une somme de 14 fr. 80 qui y était renfermée.
Combien de temps dura l’assaut et le pillage ?
C’est ce que les témoins n’ont pu indiquer exactement à M. Proust, commissaire de police, entre les mains duquel ils ont porté plainte.
Une demi-heure environ après leur départ, Mlles Coroleur et Tanguy, accompagnées des grands-parents de la première, retournèrent sur les lieux.
Ne percevant aucun bruit à l'intérieur de l'immeuble, ils se décidèrent à y pénétrer.
Çà et là gisaient des débris de toutes sortes, morceaux de bois, provenant des portes et des fenêtres.
Deux des vandales ont pu être reconnus, ils sont recherchés par les agents de M. Proust.
Source : La Dépêche de Brest 27 novembre 1907
Nous avons raconté, dans notre numéro d'hier, le siège et le pillage d'un immeuble à la Maison-Blanche, en Lambézellec, habité par Mlles Corolleur et Tanguy.
L'instruction de cette affaire, qui dénote une audace peu commune, a été rapidement menée par M. Proust, commissaire de police de Lambézellec.
Avant-hier, à trois heures de l'après-midi, ce magistrat, accompagné de MM. Jacob et Guillerm, gardes champêtres à Lambézellec, et Guyader, garde champêtre à Saint-Marc, a procédé à l'arrestation de Joseph Thomas,
dit « le maire du Vallon », 18 ans 1/2, demeurant rue du Moulin-Blanc, 61.
De nouveaux renseignements lui ayant été fournis, M. Proust a fait arrêter, hier, à six heures du matin, Blons, mouleur, 18 ans, demeurant au Bot, et Pierre Guénolé, charretier, 19 ans, rue du Moulin-Blanc, 179.
Dans l'après-midi, M. Jacob, garde champêtre, a arrêté, au Pilier-Rouge, Jean-Louis Le Gall, 19 ans, charretier, rue du Bot.
L'arrestation de H. A..., 21 ans, marin, qui est très compromis, est imminente.
M. Proust a adressé à l'autorité maritime un rapport sur la part prise par ce marin au pillage de la maison.
Les inculpés appartiendraient à la bande noire de Saint-Marc.
Dès que M. Proust aura terminé son enquête préparatoire, il transmettra son enquête au parquet de Brest, qui fera ouvrir une instruction.
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Source : La Dépêche de Brest 28 novembre 1907
Source : La Dépêche de Brest 4 janvier 1908
Sur la route de Gouesnou, au lieu-dit la « Maison Blanche », s'élève une maison, dans laquelle les repris de justice poursuivis par la gendarmerie, trouvaient jadis un abri sûr ;
on leur procurait là le gîte, le couvert et le reste.
Nombreux sont aussi les naïfs amoureux qui y pénétrèrent l'escarcelle pleine et en sortirent la bourse plate.
Un de ces derniers, Hervé Autret, breveté torpilleur à bord de la « Trombe », qui fut entôlé par une bonne à tout faire de cette maison commode, résolut de se venger.
Le 24 novembre, vers neuf heures du soir, accompagné de ses amis, Joseph Thomas, 18 ans, manœuvre ;
Pierre Guennolé, 19 ans, charretier ;
Jean Le Gall, 19 ans, et Ursin Blons, 17 ans, il commanda l'assaut de l'immeuble, ignorant que l'établissement avait été fermé par autorité de justice.
S'armant de cailloux, les assaillants brisèrent des vitres des fenêtres et pénétrèrent dans la maison.
Deux jeunes femmes, s'y trouvaient ;
mais, effrayées par les cris et les menaces des agresseurs, elles se sauvèrent par une porte dérobée, donnant accès dans la cour.
Le lendemain, Mlle Corolleur, fille de l'ancienne débitante, déposa une plainte entre les mains de M. Proust, commissaire de police.
Elle prétendit qu'une malle avait été fracturée et qu'on y avait soustrait une somme de 14 francs.
Le parquet écarta ce fait, qui lui sembla douteux, et ne poursuivit les inculpés que pour violation de domicile.
Les prévenus sont habilement défendus par Me Maurer et Bodet
Le premier, dans une plaidoirie aussi fine qu'humoristique, dépeint ce qui s'est passé de tout temps dans cette maison et demande toute l'indulgence du tribunal pour son jeune client, sur lequel le commandant de la « Trombe » donne les meilleurs renseignements.
Le tribunal condamne Thomas et Le Gall à six jours de prison ;
Guennolé, Blons et Autret à 25 francs d'amende.