1926
La charité s'iou plait ...
Source : La Dépêche de Brest 20 mars 1926
« La charité, s'iou plait... »
À plusieurs reprises, l'attention de la police avait été attirée sur deux petites filles qui, le soir, vers les huit heures, se livraient à la mendicité, à l'angle des rues de Siam et d'Aiguillon.
Un jour, le 17 janvier, elles furent appréhendées et conduites au poste et là, apprirent au commissaire que, sous la menace d'une correction, leurs parents les obligeaient à tendre la main
Ces tristes individus comparaissaient hier en correctionnelle.
Ce sont d'abord les nommés Marie Le Gac, veuve Renard, 31 ans, sans profession, et Jean-François Normand, 33 ans, marin pêcheur, qui envoyaient la petite Anna 9 ans, se poster rue de Siam pour implorer la charité des passants, ce dont ils se défendent avec énergie.
Le président, paternel, interroge alors la petite Anna, qui, après quelques hésitations, renouvelle les déclarations qu'elle fit, le 17 janvier, au commissariat de police.
Le président. — Et que faisais-tu de cet argent î
— J'en achetais du vin et du café, que je rapportais à la maison.
Une fois seulement j'ai acheté pour moi des bonbons...
Le président. — C'était bien, n'est-ce pas, tes parents qui te forçaient à aller tendre la main ?
— Oui. Ils me disaient : « Tâche de rapporter quelque chose, sans cela tu auras des coups ! »
Après réquisitoire de M. Papin-Beaufont et plaidoirie de Me Le Guen, ces parents dénaturés sont condamnés à un mois de prison.
De plus, le tribunal déclare qu'ils sont déchus de leur tutelle et confie la petite Anna à l'assistance publique.
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— Le même jugement est rendu contre Pierre Euzen, 40 ans, sans profession, 44, rue Keravel, et Pauline Marec, 34 ans, ménagère, qui obligeaient également la petite Marie, 9 ans, à, aller tendre la main.