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1937

Le barrage de Brennilis

 

 

Source : La Dépêche de Brest 8 novembre 1937

 

La « Dépêche » a entretenu à plusieurs reprises ses lecteurs du travail de construction du barrage de Nestavel, à la sortie des grands marais de Botmeur, et destiné à créer une immense réserve d'eau devant régulariser l'alimentation de l'usine hydro-électrique de Saint-Herbot.

 

Le barrage est actuellement en voie d'achèvement et l'on pense pouvoir opérer la retenue de l'eau dès la fin de l'année.

Cet ouvrage, tout en béton armé, est visible de très loin :

Du pied du mont Saint-Michel de Brasparts, sur la route de Morlaix à Quimper, soit à une distance de six kilomètres à vol d'oiseau, il présente l'aspect d'une succession de bastions blancs semblant séparés les uns des autres, alors qu'en réalité il s'agit bien d'un ouvrage continu.

 

La photographie ci-dessus montre l'état actuel des travaux.

On se rend aisément compte de la forme particulière de ces treize éléments en forme de demi-bastions élargis à la base et dont la partie convexe est située du côté de la charge d'eau.

Du côté opposé, ces éléments sont concaves, en forme de voûtes, avec quinze arc-boutants solidement ancrés au sol à l'aide de câbles d'acier.

Ce système, qui répond aux données de la technique la plus moderne dans la construction des barrages, a permis de réduire considérablement l’importance des contreforts et d'abaisser l'épaisseur des voûtes à 75 centimètres seulement.

 

Comme on le voit, il ne reste plus à achever qu'un bastion situé du côté de Nestavel et le parapet en ciment côté Forhan, enfin l'aménagement des vannes et sorties d'eau, pour que le barrage soit en état de retenir les grandes masses d'eau de l'hiver et du printemps prochain.

On pourra donc voir à cette époque, dans ce paysage désolé, la plus grande pièce d'eau douce du département, puisqu'elle ne mesurera pas moins de trois kilomètres sur deux environ.

 

Dans un autre article, nous parlerons de l'utilisation de cette pièce d'eau unique et des aménagements que ses créateurs pourraient éventuellement lui donner en vue de la pêche et de la chasse, accessoirement du yachting, comme cela s'est fait à Guerlédan.

 

Voici quelques chiffres qui permettront à nos lecteurs de se faire une idée plus exacte de l'importance de ces travaux :

Le lac créé par ce barrage aura une superficie de 370 hectares.

Le volume d'eau emmagasiné sera de 12 millions de mètres cubes.

La profondeur maxima, lorsque l'eau s'échappera du plus haut déversoir, sera de neuf mètres.

La longueur totale de l'ouvrage est en droite ligne, c'est-à-dire d'une extrémité à l'autre, de 470 mètres; en suivant la passerelle qui contourne la crête des bastions, elle est de 510 mètres.

Deux vannes-papillons, une vanne automatique et un batardeau amovible permettent de régler la sortie de l'eau jusqu'à 60 mètres cubes à la seconde.

 

Cet ouvrage, dont les premiers jalonnements ont été faits en 1927, mais qui n'a été commencé qu'en août 1936, fait le plus grand honneur aux ingénieurs qui l'ont conçu et étudié et à ceux qui ont dirigé et contrôlé son exécution, parmi lesquels citons :

MM. Kérautret, directeur, et Dhonneur, représentant de la Société hydro-électrique des monts d'Arrée ;

Coyne, Cavenel et Lecomte, ingénieurs des ponts et chaussées ;

Lagathu, ingénieur T. P. E. ;

Le Morvan et Corvé, ingénieurs de l'entreprise Ballot de Paris, enfin tous les techniciens, contremaîtres et ouvriers qui pendant de longs mois ont, dans des conditions souvent pénibles en raison des intempéries et du vent violent qui souffle dans ce couloir du « yeun », travaillé à la réalisation d'une œuvre qui va aider à la revalorisation d'une région considérée comme une des plus pauvres du département.

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