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1937

On expulse plaine du Gaz
à Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 16 décembre 1937

 

— Vous êtes invité à évacuer pour le 16 décembre au plus tard le domaine public maritime sur lequel vous vous êtes installé sans autorisation.

Faute de quoi procès-verbal vous sera dressé et votre expulsion pratiquée par les moyens légaux.

 

La mise en demeure a été notifiée verbalement et par écrit à tous les sans-logis qui étaient venus installer des abris de fortune sur le terrain vague du port de commerce, en arrière du bassin de radoub et de l'anse des yachts.

 

Certes, il y avait là des habitants depuis longtemps occupant des bennes renversées, d'anciennes cheminées de navires, de larges tubes garnis de paille et dont les extrémités étaient bouchées par des oripeaux de toutes sortes.

Mais leur nombre s'était singulièrement accru lorsque la marine, prenant possession du terre-plein du Château, en avait chassé les hôtes.

D'autres y étaient venus lorsque les ponts et chaussées entreprirent le nivellement du terre-plein de la jetée de l'Est.

 

Et l'on avait assisté à l'édification d'un village des plus hétéroclites.

Ici c'était un vague ajustement de plaques de tôle ondulée, là la juxtaposition de vieilles planches ou de cartons bitumés, plus loin des roulottes.

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Les malchanceux utilisaient d'anciennes manches à air, un réservoir cylindrique en tôle ou des choses indéfinissables recouvrant un simple trou creusé dans le sol.

 

Tout cela était meublé de débris de literie, de caisses, voire même de vieux fourneaux dont les tuyaux perçaient certaines toitures.

 

On s'était ainsi installé sur cette zone bosselée qui n'avait jamais servi que de dépôt de matériel sans emploi.

 

Mais une demande fut introduite de création au même endroit d'un dépôt d'hydrocarbure liquide.

Il s'agissait de l'occupation d'un terrain triangulaire d'une superficie de 9.000 mètres carrés, bordé à l'ouest par la rue Victor Fenoux, au sud par le boulevard Isidore Marfille, au nord par les voies ferrées de desserte du port.

 

L'affaire fut instruite selon les règles, après l'enquête indispensable, et aujourd'hui le domaine public maritime, qui effectue la cession, reprend ses droits.

 

Déjà bon nombre des habitants ont obtempéré à l'injonction qui leur avait été faite et ont transporté leur pauvre matériel vers d'autres lieux.

Leurs voisins devront aujourd'hui fixer leur choix sur d'autres terrains pour le moins aussi vagues.

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