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1937

L'aménagement d'un hippodrome
au Polygone de Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 12 octobre 1937

 

Par un coup de téléphone, à M. Euzen, maire de Saint-Pierre-Quilbignon, nous apprenons que c'est bien lui l'auteur du plus récent projet.

Quelques minutes plus tard nous sommes assis à côté de M. Euzen, avec devant nous le dit projet.

 

— Cédant à de nombreuses sollicitations, nous dit M. Euzen, je me décidai, le 21 avril 1933, à faire une démarche près du vice-amiral préfet maritime pour lui demander si en principe, il ne s'opposait pas à ce qu'on utilise le terrain situé entre les deux buttes de tir du Polygone, pour l'aménagement d'un hippodrome.

Je trouvai près de l'amiral Laurent, alors en fonctions, le meilleur accueil et deux jours après, je recevais une lettre officielle m'avisant que la marine admettrait cette réalisation d'intérêt général, sans réserve :

1° - De mettre les installations fixes, en particulier les tribunes, en dehors du terrain compris entre les deux buttes.

2° - De n'apporter aucune modification au terrain, sans entente préalable avec la préfecture maritime.

 

« Satisfait de cette réponse, je m'abouchai ensuite avec diverses compétences pour étudier la question sur le plan technique.

Ceci fait j'adressai, le 9 juin 1933, une demande officielle à l'amiral, en lui donnant la description des installations envisagées, en même temps que l'assurance que celles-ci seraient faites conformément aux conditions fixées par lui.

 

« Deux mois après, le 4 août, la réponse de l'amiral, m'apprenait que la marine ne pouvait renoncer à aucune de ses prérogatives sur le terrain du Polygone et qu'en conséquence elle ne pouvait autoriser aucune installation fixe.

 

« Elle nous autorisait cependant à aménager une piste pour courses de chevaux sous conditions que la société s'engageât à rétablir le terrain en son état actuel, sur simple demande de la marine, et que ladite société adressât une demande écrite à l'amiral pour obtenir la disposition du terrain chaque fois qu'elle organiserait des courses.

 

— Ces conditions restrictives furent-elles la pierre d'achoppement ?

— Non. Je pris aussitôt l'initiative de convoquer à une réunion préparatoire, les représentants des groupements intéressés à la constitution d'une société de courses hippiques.

C'est-à-dire, la Chambre de commerce, le syndicat d'initiatives, le comité des fêtes de Brest, l'Union des industriels et commerçants, M. Freyssinet, à qui j'avais demandé d'établir un avant-projet, ainsi que divers techniciens, spécialistes du sport hippique.

 

Le plan du champ de course

 

« Voici ce plan. Il comprend une piste d'un pourtour de 1.025 mètres, avec deux lignes droites de 312 m. 50.

 

« Une tribune en béton de 150 mètres de long environ serait encastrée dans le talus qui surplombe le polygone au sud-ouest (côté Saint-Pierre).

Des W. C, une buvette, un paddock et diverses installations démontables étaient également prévues.

 

« Grâce à l'installation de la tribune, le service d'ordre si difficile à organiser autour du Polygone, en raison de l'étendue de celui-ci, se serait trouvé simplifié, et la resquille rendue impossible de ce côté.

 

« Ce projet est, dans l'ensemble, sensiblement le même que celui que le même architecte avait étudié en 1922.

 

— Et cette réunion, Monsieur le maire, qu'a-t-elle donné ?

— Elle eut lieu le 24 août 1933 à la mairie de Brest.

Les membres présents étaient en général d'accord pour convenir de l'intérêt qui s'attachait à constituer une société de courses, mais il fallait observer certaines conditions techniques sans lesquelles ce projet n'aurait pu être subventionné par l'État.

 

« À cette effet, M. Le Gorgeu, sénateur-maire de Brest, accompagné de M. Boucher, conseiller général de Landerneau, fit une démarche près de M. le ministre de l'Agriculture qui leur indiqua la filière à suivre pour constituer la société et obtenir l'agrément du service des haras chargé de classer les hippodromes.

 

« Nous apprîmes, par l'intermédiaire du directeur de ce service dans la région bretonne, qu'il ne lui était guère possible de donner un avis favorable à l'ouverture d'une piste ne mesurant pas 1.200 mètres au minimum, dimension également exigée par les grandes sociétés d'encouragement et de steeples, qui subventionnent les manifestations hippiques.

 

— Et depuis l'affaire en est restée là ?

— Oui.

À mon avis les 1.200 mètres seraient assez faciles à réaliser, soit en faisant passer la piste derrière la petite butte, soit en achetant ou en louant à long terme des terrains incultes qui bordent le Polygone. »

 

Sur ce, nous allons examiner les lieux.

Depuis peu, la marine y a aménagé deux terrains d'entraînement pour le football et une piste en cendrée.

Décamètre en mains nous nous rendons compte que la piste hippique peut encore être facilement réalisée sans rien toucher, ni sans gêner en quoi que ce soit ces aménagements nouveaux.

 

Le projet en sommeil va-t-il rebondir ?

M. Euzen hausse les épaules, sourit, mais ne conclus pas.

 

Brest est une des rares grandes villes bretonnes qui ne possèdent pas d'hippodrome.

L'utilité en apparaît cependant incontestable, au triple point de vue de l'agrément, de l'élevage et du commerce.

 

Tant que les individualités et collectivités intéressées à cette réalisation n'auront pas constitué une société, que celle-ci n'aura pas groupé les fonds nécessaires à l'établissement de plans et devis, l'hippodrome de Brest ne peut que rester à l'état de projet.

 

Avant de quitter M. Euzen, nous lui demandons s'il n'a pas à l'étude d'autres projets d'ordre sportif intéressant sa commune.

 

— Actuellement nous avons un programme de réalisations trop chargé, concernant la voirie, l'extension des écoles, la construction de bains-douches, de lavoirs, d'un hôtel des postes et d'un hôtel de ville.

Tous ces travaux seront exécutés sur les ressources ordinaires du budget.

 

« Je ne perds pas de vue l'équipement sportif de la commune et j'espère bien, grâce aux ressources provenant de gros travaux effectués sur le littoral de Saint-Pierre, pouvoir, dans un avenir prochain, dégager la somme nécessaire à la construction d'un stade ou d'un terrain de jeux pour les scolaires et la population, un stade qui permettrait d'organiser des manifestations diverses, de poursuivre en même temps l'éducation physique de nos écoliers et l'organisation des loisirs.

 

« S'il n'y avait pas toujours cette question d'argent, ajoute M. Euzen, en nous reconduisant, il y a longtemps que les sportifs de Saint-Pierre seraient servis, mais une commune de 15.000 habitants comme la nôtre dispose de ressources trop limitées ».

 

Hélas ! Il semble qu'actuellement c'est la dèche générale, mais tout se tasse et nous connaîtrons encore, espérons-le, des temps plus prospères.

 

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Source : La Dépêche de Brest 16 octobre 1908

 

Source : La Dépêche de Brest 3 août 1922

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