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1937

Solidarité autour de Mme veuve Calvez
de Saint-Pierre-Penmarc'h

 

 

Source : La Dépêche de Brest 29 juin 1937

 

Au pied du phare d'Eckmühl, sur la route de Penmarc'h, dans une des petites maisons blanches habitées presque toutes par des marins-pêcheurs, vivait heureuse, il y a quelques mois, une jolie famille.

 

Lui faisait la pêche sur le petit bateau qu'il avait fait construire au prix de rudes privations, mais il avait réalisé son rêve, il avait sa barque avec un moteur.

Elle ne travaillait plus, ayant à s'occuper de son ménage et assez de besogne pour élever, soigner, vêtir ses sept enfants.

Le ménage était uni et attendait la naissance d'un huitième enfant vers le mois de juillet prochain !

Hélas! Le malheur est entré dans cette maison...

 

Le 26 avril dernier, Jean-Marie Calvez était trouvé asphyxié près du moteur de son bateau ;

son corps fut rapporté au matin par ses camarades, qui avaient tout tenté pour le ramener à la vie !...

 

Et depuis c'est la misère dans la petite maison blanche !...

 

Nous avons vu, dans l'unique pièce de cette maison, la veuve Calvez, née Marie Le Roux, âgée de 34 ans (son mari en avait 36) ; entourée de ses sept enfants :

Anna, 13 ans ; Jean-Louis, 11 ans ; Gabriel-Léon, 10 ans ; André, 8 ans ; Marie-Louise, 6 ans; Marie, 2 ans, et Michelle-Jeanne, 1 an ; de plus, comme nous l'avons dit, la malheureuse veuve attend un huitième enfant dans un mois.

 

Et il n'y a pas d'argent au logis des Calvez ; c'est vraiment la misère noire !

La charité des voisins ne pourra durer toujours !

Que va devenir cette pauvre femme avec toute sa marmaille ?

 

Courageuse, elle essaie de chercher du travail, mais peut-elle soigner et élever ses gosses si elle quitte sa maison ?

D'autant plus qu'il convient de dire que tous ses enfants sont d'une propreté remarquable et cela ne nous surprend pas lorsqu'on nous dit que la femme Calvez passe une partie de ses nuits à laver ou réparer les vêtements, le linge de ses sept enfants.

 

Aussi nous signalons cette détresse, et « La Dépêche de Brest » ouvre une souscription en faveur de la famille Calvez.

 

Que nos lecteurs veuillent bien prendre en pitié cette pauvre veuve, ses jeunes enfants, et qu'ils envoient à « La Dépêche de Brest » leur obole, afin de soulager au plus vite cette grande misère, afin qu'il y ait un peu d'argent chez elle, le mois prochain, lorsque la veuve Calvez mettra au monde son huitième enfant.

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Source : La Dépêche de Brest 13 octobre 1937

 

Le 26 avril dernier, Jean-Marie Calvez, âgé de 36 ans, marin-pêcheur, était trouvé asphyxié près du moteur de son bateau.

 

L'infortuné pêcheur laissait sans ressources, dans une petite maison de Saint-Pierre-Penmarc'h, une veuve, née Marie Le Roux, âgée de 34 ans, avec sept enfants de 13 à un an.

 

Pas d'argent au logis, la misère noire en perspective, la femme Calvez ne pouvant pas travailler au dehors, ayant à s'occuper de toute sa marmaille ; de plus elle était enceinte de plusieurs mois.

 

Des amis, M. Cassan, photographe â Penmarc'h, M. Victor de Cadenet, industriel à St-Guénolé, nous signalèrent cette grande détresse à la fin du mois de juin et aussitôt la « Dépêche de Brest » ouvrait une souscription en faveur de la veuve Calvez.

 

Nombreuses furent les personnes charitables qui répondirent à cet appel, puisque le chiffre de cette souscription vient d'atteindre 7.000 francs.

 

Dimanche matin, à 8 heures 30, la veuve Calvez mettait au monde son huitième enfant, une superbe fille qui pesait plus de sept livres.

 

Hier, nous avons été rendre une nouvelle visite à cette famille et dans l'unique pièce, modeste, mais d’une propreté impeccable comme toutes les maisons des marins-pêcheurs, nous avons vu Mme veuve Calvez entourée de ses huit enfants que soigne en ce moment leur grand'maman, la mère du regretté disparu, âgée actuellement de 69 ans, et qui eut sept enfants.

 

Ayant admiré le nouveau-né qui est superbe, dont la mine est éveillée et qui respire la santé, nous avons remis au nom de la « Dépêche de Brest », les 7.000 francs de la souscription, et cette somme a été accueillie avec joie.

 

La maman nous remercia chaleureusement ainsi que toutes les personnes qui ont répondu à notre appel ; la bonne grand'mère, très émue, dans sa main tremblante serra la nôtre ;

tous les enfants, dont certains ne comprenaient pas le but de notre visite, avaient un large sourire, dans tous les yeux brillait la joie, ce qui est rare depuis bien des mois dans cette pauvre maison

 

Des voisines arrivèrent, femmes ou sœurs de marins-pêcheurs et nous entendîmes cette phrase prononcée par une veuve dont le mari a disparu en mer :

« Que ceux qui ont fait tant de bien pour la veuve Calvez et ses enfants, soient bénis !...

 

Cette phrase sera pour tous les souscripteurs le plus touchant remerciement.

 

Quand nous quittions cette maison, où vient d'entrer un peu de bien-être au début de l'hiver, on commençait la toilette du nouveau-né qui va être conduit à l'église de Penmarc'h pour être baptisé et recevra le prénom d'Irène.

 

Bonne santé à Mme veuve Calvez, à la petite Irène, à ses trois frères, à ses quatre sœurs et à leur bonne vieille grand'maman.

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