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1937

Un souvenir à la gare disparue
de Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 28 octobre 1937

 

La gare des chemins de fer départementaux doit être prochainement rasée.

Ceci ressort des décisions prises au cours de la dernière session du conseil général.

 

Après avoir adopté le principe de la construction d'une gare routière sur son emplacement, l'assemblée départementale a décidé de recourir à un emprunt spécial de 1.200.000 francs en vue de faire face aux dépenses de cette construction.

 

Mais il ne s'ensuit pas qu'une nouvelle charge doive peser sur les finances départementales, car les annuités de l'emprunt seront couvertes par le produit des taxes payées par les véhicules automobiles.

À titre d'indication, M. Le Gorgeu, qui rapportait la question au nom de la commission des Finances, précisait qu'actuellement les cars paient à la ville de Brest 40.000 francs de taxes annuelles.

 

La nécessité d'une gare routière est apparue depuis la suppression de la presque totalité des lignes ferrées départementales et la création des lignes automobiles.

Aujourd'hui la décision est prise, dans les conditions que nous venons d'indiquer.

 

Faut-il rappeler quel enthousiasme avait provoqué la construction du petit chemin de fer à l'époque où notre département ne disposait pour ainsi dire pas de moyens de transports publics ?

On suivait les travaux avec impatience et les anciens rappelaient les belles fêtes qui avaient présidé à la mise en service des premiers trains des chemins de fer de l'État.

 

En effet, lorsque le 27 avril 1865, en présence du ministre impérial, des corps élus de la ville et du département, de tout le clergé venu en grande pompe, on inaugura la gare de Brest en même temps qu'on baptisa les deux premières locomotives qu'on y voyait, les Brestois, ainsi que tous les habitants des environs, accourus en foule, emportèrent de la cérémonie un souvenir « inoubliable », disent les journaux de l'époque.

 

C'est qu'aussi elle avait de l'allure notre ancienne gare, avec les coloris neufs de ses briques et de ses poutrelles entrecroisées parmi les drapeaux, les banderoles et les guirlandes, dont on l'avait ornée à profusion !

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Et c'est une fête semblable que l'on prévoyait tandis qu'en 1892-1893 on procédait à l'achèvement de la première ligne de Brest à Ploudalmézeau et de la petite gare.

 

On lisait dans La Dépêche du 12 mars 1893 (*):

 

« La construction de la gare du chemin de fer de Brest à Ploudalmézeau avance rapidement.

Les massifs de fondation sont terminés et l'on monte les fermes qui doivent former l'ossature de la gare.

 

« L'aspect général sera très gracieux.

Les bâtiments seront construits en fer et en briques.

Deux élégants pavillons encadreront le hall principal, dont l'entrée, un grand portique cintré, d'un très joli dessin architectural, sera surmontée d'une pendule et d'un fronton aux armes de Brest. »

 

On ne fut pas déçu lorsque, le 22 mai 1893 on ouvrit officiellement à l'exploitation la ligne Brest-Ploudalmézeau.

La gare comme le premier petit train avait reçu son ample décoration de drapeaux, de guirlandes et de fleurs.

Toutes les personnalités officielles du département prenaient part à la cérémonie et allaient effectuer le premier parcours.

Une foule énorme se pressait place de la gare comme le long de la voie.

 

La gare départementale qui, tout d'abord, devait être édifiée au-delà de la place de la Liberté vers Lambézellec, l'avait été en fin de compte sur son emplacement actuel, dont le terrain appartenait aux chemins de fer de l'Ouest.

C'est pourquoi elle apparut comme une réduction de la grande gare.

 

Dans le même but d'ensemble architectural, les Chemins de fer de l'État, maintenant propriétaires du terrain, ont demandé que la future gare routière soit construite dans le même style que la nouvelle gare de l'État.

 

La gare routière, qui sera établie un peu plus près que l'actuelle de l'avenue Clemenceau, comportera des bureaux, des guichets de distribution de billets, une salle de bagages, une consigne, une salle d'attente et une buvette.

 

Les quais d'embarquement seront disposés en chicane, afin de permettre l'accostage et le départ direct des cars.

 

On espère pouvoir utiliser cette gare dès l'été prochain.

 

Cependant, comme la ligne ferrée Brest-Lesneven-Plouescat-Saint-Pol-de-Léon demeure en exploitation, on se propose d'aménager un quai d'embarquement pour voyageurs, avenue Amiral Réveillère, aux abords de la passerelle.

Pour les marchandises et le dépôt des derniers petits trains, on utiliserait l'ancienne station de l'Allée Verte où subsistent des voies de garage.

 

(*) La Dépêche de Brest 12 mars 1893

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