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1934

Morlaix
Doléances des barbiers et perruquiers

 

 

Source : La Dépêche de Brest 4 août 1934

 

1° Les membres de la communauté des barbiers et perruquiers prient MM. les rédacteurs du cahier général des doléances d'observer qu'il serait juste que toutes les classes de citoyens nomassent nos députés de leurs différentes communautés et corporations pour donner leurs voix à l'élection de MM. Ies maires.

Plusieurs citoyens naissent, vivent et meurent sans connaître le nom de patrie ;

cependant intéressés à la cause commune, l'honneur et le droit de nommer le chef qui doit les gouverner, leur faisant penser qu'ils seraient membres essentiels ou utiles de la patrie, les animeraient davantage à la servir, chacun selon son rang.

 

2° Nous voyons avec douleur que les justes plaintes, portées contre les abus qui résultent de l'exportation trop fréquente des grains, ont été inutiles et que le prix de l'aliment qui soutient la vie des malheureux augmente.

Cette exportation est, il est vrai, dans les années d'abondance une branche essentielle de commerce, car dans le même temps elle procure une denrée d'indispensable nécessité aux provinces que désole la stérilité.

Mais, comme souvent nous éprouvons le manque de blé dans des années d'abondance, l'exportation ne devrait pas être permise pendant la récolte, mais seulement après quelques mois, à moins que le gouvernement, animé de l'amour du bien public, ne s'occupât du grenier à blé comme il l'a fait dans plusieurs provinces.

 

3° Les représentants du peuple aux états-généraux n'oublieront pas, sans doute, combien l'inégalité de la répartition est injuste.

Or cette inégalité n'est plus un problème, et que chaque individu ne devant payer que relativement à ses facultés, chaque corps ou corporation connaissant la fortune de chacun de ses membres, pourrait faire la répartition avec justesse.

 

4° Qu'une juste suppression de pensions, gratifications, etc., dans la province, si cette suppression était accordée par les états, pourrait procurer des écoles publiques et gratuites à la nation, écoles où les enfants de la patrie indigents pourraient s'initier dans les arts et les sciences :

plusieurs d'entre eux naissent avec des dispositions naturelles qui, développées par l'étude et l'éducation, feraient des hommes capables de servir et d'honorer la patrie

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5° On n'oubliera pas non plus, sans doute, que le gouvernement, soldant des troupes pour la garde de toutes les propriétés, tous les sujets d'un même empire doivent concourir indistinctement à l'entretien et à la fourniture des casernes.

 

6° Que l'opulence ni les titres ne soient plus des privilèges qui exemptent de loyer les défenseurs de l'État, parce qu'alors, après avoir marché, tout le jour, sous une armure pesante, le soldat fatigué n'obligerait pas le malheureux lassé d'une journée rude et peu lucrative, à abandonner son triste grabat pour reposer sur la dure, entouré de sa misérable famille.

 

7° On dit que l'impôt sur les boissons est un avantage pour la province en général ;

nous l'ignorons, mais comme la manière dont il se perçoit, n'est onéreuse que pour le moins aisé, et que le moins aisé comme le plus riche sont membres de la patrie, et que le moins riche est victime de cet impôt inégalement réparti, nous désirons que ces droits soient payés aux entrées.

Alors il n'y aurait plus de ces procès si légèrement et souvent si injustement intentés et qui jettent tous les jours, dans la plus affreuse misère des familles entières pour une bouteille de vin, souvent envoyée à la hâte à un malade indigent par un principe d'humanité.

 

8° Nous désirons avec ardeur que le commerce soit protégé, honoré dans tous les termes de sa progression.

Le commerce est la plus grande veine d'un royaume, ses ramifications divisées et subdivisées à l'infini portent l'abondance et réveillent l'industrie aux extrémités d'un empire.

 

9° Nous espérons que nos représentants dégagés de tout intérêt particulier se livreront tout à fait au bien général.

C'est pourquoi nous déclarons approuver tout ce qui a été et tout qui sera fait par les députés du Tiers-Ordre aux états-généraux et avons signé :

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J.-B. Jame, lieutenant ;

J. Guillenyer, dit Langevin député ;

Boutuy, doyen ;

Mauduit, prévôt-syndic ;

Y.-F. Le Bouffan, ancien svndic ;

Manach, Jacques Chalmet, Y. Lucas, Allain Collet, Remond, Audenil, Bourdoulous, Pierre Bayer.

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