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1937

Plouescat sous le Consulat

 

 

Source : La Dépêche de Brest 9 décembre 1937

 

Le 4 février 1802, le conseil approuve le budget de l'an IX s'élevant, recettes et dépenses, à 495 fr. 44, et fixe la coupe du goémon au 15 mai.

 

Le 19 février, le citoyen Hervé Mesguen, de Kergongar, en Plounévez, est nommé juge de paix, et les citoyens René-Marie Liscoat, de Plouescat et François Crenn, de Plounévez, sont nommés suppléants.

 

Le 2 mars, le juge prête serment devant le tribunal civil de Morlaix, et le 6 mars, il est installé avec un cérémonial peu ordinaire.

Dès le matin, au point du jour, l'annonce a été faite, « tant à son de cloche qu'à son de caisse ».

Et, « vers les quatre heures seize minutes soixante-sept secondes décimales » (quelle précision précédée d'une précision imprécise), le maire se rend à la maison commune, où quelques minutes après se présente le nouveau juge, « suivi d'un grand peuple ».

Après avoir vérifié que le magistrat avait rempli toutes les formalités nécessaires, le maire le félicite

« sur sa nomination et après lui avoir donné l'accolade fraternelle » :

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« Nous avons annoncé au peuple assemblé que, dès cet instant, il doit reconnaître ledit citoyen Mesguen pour juge de paix de ce canton. »

« L'auditoire de l'ancienne juridiction qui s'exerçait en ce bourg étant le lieu choisi par ledit citoyen Mesguen pour y tenir ses audiences, nous l'avons engagé à s'y transporter avec nous, et y étant rendus, nous l'avons invité à monter le siège, ce qu'il a fait à l'instant et a prononcé un discours qui a été vivement applaudi par l'assemblée. »

 

La même cérémonie se déroula le 27 avril pour les deux suppléants :

Il y eut deux « accolades » fraternelles et deux discours.

 

Le 15 août, le soldat Augustin Liscoat présente son congé absolu.

Le 5 septembre, les soldats François Rohou et Jacques Le Faou, leur congé d'amnistie.

Le 25 septembre, c'est le soldat Yves Morisur qui se présente en permission d'amnistie.

 

Le 21 décembre, le sergent Ollivier vient, prendre le commandement des conscrits.

La levée des conscrits donna lieu à quelques incidents.

Un conscrit, Jean-René-Toussaint Pendu, déserta en 1803 avant d'arriver à son corps.

Le sous-préfet demanda un remplaçant à la commune.

Le maire protesta, prétendant que ce n'était pas à la commune de pourvoir à ce remplacement.

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Et voici la délibération du conseil du 26 juillet 1803 :

 

« Considérant qu'il n'est point prouvé qu'il ait séjourné sur cette commune depuis sa désertion, mais que les conscrits de Plouescat, doivent fournir un homme en place de celui d'une autre commune, rejeté comme épileptique ;

 

« Considérant qu'il paraît injuste que la, commune de Plouescat n'ayant qu'une population de 2.118 âmes au plus et ayant fourni un contingent de 22 hommes pour le service des batteries de côtes, ait été choisi de préférence à fournir un nouveau conscrit, lorsqu'elle est entourée de communes populeuses et qui n'ont pas à remplir le service des batteries ;

 

« Considérant que ces différents motifs donnent droit au conseil municipal de faire des réclamations justes et légales au sujet du remplacement demandé ;

 

« Considérant d'un autre côté qu'il aurait fallu pour adresser ces réclamations un délai quelconque qui n'aurait pu nuire à la défense de la patrie et que les premiers devoirs des fonctionnaires qui sont chargés d'y pourvoir sont la soumission aux ordres de l'autorité supérieure. »

 

Le conseil municipal décide de remplacer le conscrit déserteur, et le sort désigne Vincent Jolyvet.

Le maire prend sa plus, belle plume et annonce l'événement au sous-préfet :

 

« Pour remplir en même temps vos ordres et empêcher qu'une nouvelle désertion ait lieu,

je l'ai remis sur-le-champ aux mains du sous-officier de recrutement en recommandant à sa garde, à sa surveillance et à son amour pour le bien du service.

 

« Je ne donne point qu'il ne satisfasse partiellement à mes recommandations.

J'ose donc vous assurer qu'il vous sera rendu en personne et qu'à ce moyen toute correspondance entre nous, à ce sujet, cesse dès ce moment, comme nuisible par sa fréquence aux autres parties du service d'administration dont vous et moi sommes chargés respectivement.

J'ai l'honneur de vous saluer. »

 

C'est bref et net.

Et c'est un fier langage de la part d'un maire, qui risquait la révocation.

Ajoutons que le citoyen Jolyvet parvint à destination.

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Une délibération du 4 mai 1803 fixe les réparations à effectuer à l'église et au presbytère, et demande, pour couvrir les dépenses, « à asseoir sur les habitants un rôle particulier basé sur le montant des contributions », l'institution d'un octroi lui paraissant nuisible au commerce.

 

Le 26 juillet 1803, le conseil institue une taxe de 3 francs par an et par tête sur toutes les personnes qui se mettront dans le chœur pour suivre les offices, à l'exception du clergé, du juge de paix, du maire et de l'adjoint qui occuperont les stalles gratuitement.

Toute personne qui se servira d'une chaise ou d'un escabeau dans l'église, paiera par an, et par tête, deux francs ou un franc.

Les enfants de moins de douze ans accompagnés de leurs parents ne paieront rien.

 

Le 19 décembre 1803 se présente devant le maire, Guillaume-Marie Puyferré, nommé curé de Plouescat, « par arrêté de Monsieur l'Évêque de Quimper du 22 germinal an onze (12 avril 1803) approuvé par le premier consul le 27 messidor suivant 16 juillet) ».

Nous donnons, à titre de curiosité, le procès-verbal de serment du premier curé concordaire de Plouescat, rédigé par le secrétaire général de la préfecture.

 

« Aujourd'hui mercredi 15 frimaire de l'an XII (8 décembre) de la République Française, devant le citoyen François-Joseph Rudler, préfet du département du Finistère, séant dans l'église-cathédrale de Saint-Corentin à Quimper, s'est présenté Guillaume-Marie Puyferré, nommé curé de Plouescat.

« Lequel s'est mis à genoux et la main droite placée sur l'Évangile a prêté le serment dans les termes suivants :

 

« Je jure et promets à Dieu, sur les Saintes Évangiles, de garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par la constitution de la République Française.

Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique ;

et si, dans l'arrondissement de ma cure, ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'État,

je le ferai savoir au gouvernement.»

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Voilà comment les choses se passent quand les évêques et les préfets sont aux ordres d'un dictateur.

 

Le 7 janvier 1804, le citoyen Jean Brohec présente l'autorisation suivante :

 

« Au quartier général, à Rouen, le 25 frimaire an XII de la République, le Chef de l'État-Major de la 15e division militaire autorise le citoyen Jean Brochée, déserteur de la commune de Plouescat, à retourner dans ses foyers, pour profiter, s'il y a lieu, de l'amnistie accordée par l'arrêté des consuls du premier de ce mois. »

« Signé : DULAC, capitaine adjoint.

 

« Vu en sous-préfecture de Morlaix le présent certificat ou plutôt la présente autorisation en vertu de laquelle le dénommé jouira de la plus entière liberté dans ses foyers, sans être nullement recherché par la gendarmerie ou autres.

« Signé, le sous-préfet : DUQUESNE. »

 

Le 6 février 1804, le conseil fixe la coupe de goémon au 6 floréal (26 avril).

Les pauvres commenceront deux jours plus tôt.

 

Le 7 février 1804, le préfet nomme les citoyens Denis Rosec, François Grall et Hervé Inisan « marguillers » de l'église curiale de Plouescat.

 

Le 18 mai 1804, le gouvernement de la République était confié à l'Empereur Napoléon, et le registre des délibérations ne porte plus rien jusqu'en avril 1807.

La centralisation et la dictature avaient étouffé la voix du peuple.

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