1890
Landerneau
Une gamine de 12 ans incendiaire
Le 13 mars, vers six heures demie du soir, le nommé Miossec (Bernard), cultivateur au village de Granchou, en Plouédern, était occupé à travailler dans ses champs, à 300 mètres de là lorsqu'il aperçut tout-à-coup une fumée qui venait de sa ferme.
Arrivé sur les lieux, il vit que le feu était dans une meule de paille et qu'il paraissait avoir été communiqué du côté du chemin, car les bouts de la meule situés de ce côté étaient en feu.
L'incendie a gagné rapidement l’écurie située à proximité de ces meules de fourrage, et qui a été aussi détruite en très peu de temps.
Aidé de quelques personnes venues à son secours, on a pu préserver la maison d'habitation.
Les pertes du fermier, non assurées, se montent à 460 fr.
Quant aux dégâts des immeubles, ils sont assurés.
D'après l'enquête, l’incendie serait dû à la malveillance d'une petite fille, la nommée Chapalain (Louise), qui, ayant été empêchée déjà par ses compagnes d'école de mettre le feu à une poignée de fougères, n'aurait pu résister, ayant avec elle une boîte d'allumettes que sa mère lui avait dit d'acheter au bourg, à la tentation de faire flamber quelque chose, et aurait mis le feu à la meule de paille qui se trouvait au milieu du tas en disant à ses petites amies :
« Je vais mettre le feu. »
L'action faite, elle aurait dit, en rejoignant sur la route ses compagnes, qu'elle regrettait d'avoir mis le feu.
Source : La Dépêche de Brest 29 mars 1890
Nous relations il y a quelque temps, dans notre chronique régionale, ce fait assez rare d'un incendie allumé par la main d’une enfant.
La jeune incendiaire a comparu hier devant le tribunal correctionnel.
La jeune Ch... (Marie-Louise) n'a que douze ans.
Elle s'en revenait de l'école lorsqu'elle fit la gageure avec ses petites compagnes qu'elle mettrait le feu à une meule de paille qui se trouvait dans le champ du sieur Miossec, cultivateur au village de Granchou, en Plouédern.
Et elle le fit.
La défense était présentée par Me Souchou.
La jeune fille, après avoir reçu une semonce du tribunal, a été acquittée et rendue à sa famille, le père de la jeune fille ayant dédommagé le sieur Miossec, moyennant la somme de 300 francs.