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1895

Inondation au Moulin à Poudre
à Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 28 juillet 1895

 

La pluie, qui n'a cessé de tomber à torrents toute la journée, a produit hier une inondation au Moulin-à-Poudre.

Le canal qui conduit à la mer les eaux de l'Annexion et de Lambézellec, considérablement grossi, a débordé, inondant les rez-de-chaussée des maisons situées en contrebas de la route de Kérinou.

 

L'eau a commencé à pénétrer dans les habitations vers 4 h. 1/2.

Les habitants ne s'en inquiétèrent pas trop tout d'abord, mais bientôt l'eau atteignit une hauteur de 40 à 50 centimètres, ils s'empressèrent alors de déménager leurs meubles et de les transporter dans les maisons voisines et de demander du secours.

 

Le poste de permanence de la mairie de Brest prévenu, M. Lejeune, capitaine commandant la compagnie des sapeurs-pompiers, s'est aussitôt rendu sur les lieux avec vingt-cinq hommes porteurs de pioches.

La pompe aspirante et foulante du lycée fut également dirigée sur les lieux.

À la lueur des torches, on commença à pratiquer des tranchées de façon à laisser les eaux, emprisonnées dans le canal insuffisamment large, suivre leur libre cours.

La pompe fut aussi mise en batterie pouf aspirer l'eau des rez-de-chaussée.

 

C'est une pauvre femme, la femme Le Bihan, ménagère, dont le mari, cordonnier, est infirme et dont la maison, dans un jardin, est située au-dessus du canal, qui a le plus souffert de l'inondation.

Elle a, en effet, dû déménager tout son mobilier et fuir avec ses trois enfants, dont le plus jeune n'est âgé que de quatre mois.

En 1887, elle avait déjà souffert d'une inondation analogue et elle avait subi des dégâts assez importants pour sa modeste situation.

 

M. Charpentier, qui tient le débit qui a pour enseigne « À ma Campagne » et qui dans son sous-sol a neuf lits, où couchent des pensionnaires, a dû loger ceux-ci ailleurs, l'eau atteignant au moins 75 centimètres de hauteur.

 

Les locataires du rez-de-chaussée de la maison de Mme Barbier ont dû aussi abandonner leurs chambres et aller loger chez des voisins complaisants, qui ont consenti à les héberger.

Ce sont MM. Dosser, journalier à la compagnie du gaz, qui est père de trois jeunes enfants ;

Paugam, ouvrier aux bâtiments en fer ;

Mme veuve Michel, sa belle-fille et son enfant, et Mme veuve Omnès.

 

M. Stéphan, débitant et épicier, a eu aussi ses marchandises détériorées par l'eau.

 

Dans toutes ces maisons, l'eau a atteint, à un moment donné, 80 à 90 centimètres de hauteur.

 

Après un travail de deux heures, les eaux s'écoulaient enfin librement par les diverses tranchées creusées un peu partout.

Dix pompiers n'en sont pas moins restés sur les lieux pour parer à toute éventualité.

 

Le service d'ordre était fait par les gendarmeries départementale et maritime et la police.

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