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1907
Déraillement sur la ligne
Brest - Quimper

 

 

Source : La Dépêche de Brest 14 août 1907

 

Un grave accident de chemin de fer s'est produit, cet après-midi, sur la ligne de Landerneau à Quimper.

 

Le train 524 Ouest, 32, P. O., composé de trois fourgons et de six voitures, partant de Brest à 1 h. 57, arrivait à l'entrée du tunnel de Plogonnec, à dix kilomètres de Quimper, lorsque, tout à coup, la machine dérailla et tomba sur le côté droit de la voie ;

le tender grimpa par-dessus et alla s'abattre dans un ravin, d'une hauteur de 20 mètres environ.

 

Le premier wagon de voyageurs, une voiture de 3e classe, resta, fort heureusement, suspendu dans le vide.

 

Deux autres wagons furent renversés.

 

Les blessés

 

Les employés, blessés assez grièvement, sont au nombre de trois :

M. François Tanguy, chauffeur : bras brisé en plusieurs endroits ;

M. Antoine Cornède, garde-frein : fracture du crâne et du sternum ;

M. Léon Daniel, monteur : lésions internes.

 

Ces deux derniers sont arrivés à Quimper à huit heures, par un train de secours, qui avait été immédiatement formé.

 

À leur descente du wagon, ils ont été dirigés sur l'hospice.

 

Cinq autres personnes sont également blessées, mais pas sérieusement.

 

Le docteur Géniaux, médecin major au 118e, qui se trouvait dans le train qui a déraillé, prodigue des soins aux victimes.

 

La circulation sera rétablie demain matin.

 

Les causes de cet accident, qui a causé, à Quimper, une très grosse émotion, sont indéterminées.

 

L'émotion à Brest

 

La nouvelle de cet accident, sur lequel les employés de gare ne pouvaient donner de renseignements précis, a mis en émoi les personnes qui attendaient des parents ou amis venant de Lorient et Quimper.

 

On ne savait pas, en effet, quel était le train qui avait déraillé, et beaucoup pensaient qu'il s'agissait du convoi arrivant à Brest à 7 h. 52.

 

Enfin, le chef de gare fut avisé télégraphiquement de la catastrophe, et put rassurer les nombreuses personnes massées à la porte du quai d'arrivée.

 

Plusieurs de ces dernières ne voulurent pas quitter la gare, et attendirent l'arrivée du 577, qui n'arriva à Brest qu'à 11 h. 15, c'est-à-dire avec plus de trois heures de retard.

 

Ce train avait été formé avec une machine du dépôt de Quimper, quelques voitures et les wagons de queue du train en panne que l'on a pris en passant.

 

Les voyageurs, interrogés, n'ont pu que confirmer les renseignements que l'on a lus plus haut.

 

Le train parti de Brest à 5 h. 30 du soir a pris sur la ligne les voyageurs qui devaient arriver à Brest à 10 h. 49 du soir, et qui ne sont arrivés que vers une heure du matin.

 

Des équipes d'ouvriers ont travaillé pendant toute la nuit à déblayer la voie, qui sera probablement libre ce matin.

 

Source : La Dépêche de Brest 15 août 1907

 

Nous avons pris, aujourd'hui, à l'hôpital, des nouvelles des trois employés de la compagnie, blessés avant-hier, dans le déraillement qui s'est produit à l'entrée du tunnel de Plogonnec.

 

Le chauffeur Tanguy, âgé de 40 ans, est père de deux enfants ;

il a été amputé, ce matin, de la jambe gauche, par les docteurs Colin, Gaumé et Jocot.

 

Le malheureux, dont l'état est désespéré, a, en outre, une fracture de l'humérus et porte de nombreuses plaies à la tête et à l’avant-bras.

 

Le garde-frein Cornède, atteint d'une fracture du crâne, va aussi bien que possible.

Il en est de même du monteur Daniel, qui a des lésions internes.

 

Parmi les autres blessés se trouve Mme Paule, de Laval.

Cette dame, gravement contusionnée au sein droit et à l'œil, a été transportée à l'hôtel Quillec, en face de la gare de Quimper ; son état est inquiétant.

Le docteur Olgiati, qui la soigne, lui a recommandé un repos absolu.

 

M. Ramonet, préfet du Finistère, qu'accompagnait son chef de cabinet, M. Goyet, a visité les blessés dans la journée.

 

Mlle Thérèse Jan, de Fouesnant, blessé au front et au genou, a pu regagner son domicile ce matin.

 

L'enquête

 

Les ingénieurs du contrôle de la voie et de l'exploitation électrique se sont rendus ce matin, sur les lieux pour déterminer les causes de l'accident.

Ils n'ont relevé aucun fait anormal :

La voie et le ballast sont excellents ; les traverses ont été changées en 1905 et 1906.

 

L'enquête aurait révélé que l'essieu avant a déraillé 300 mètres avant le reste de la machine, qui devait être mal équilibrée.

Le mécanicien, voyant le danger, et voulant atténuer un accident très grave et inévitable a dû donner un coup de frein qui aura produit le renversement de la machine.

 

L'enquête et les expériences ont continué cet après-midi de ce côté.

 

Si le premier wagon avait été bondé de voyageurs, nous a dit une personne compétente, on aurait eu à déplorer une catastrophe semblable à celle des Ponts-de-Cé.

 

Dans .la soirée, la voie sera complètement déblayée, réparée et la circulation rétablie.

 

Source : La Dépêche de Brest 16 août 1907

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