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1907

Drame passionnel
à
Saint-Martin

 

 

La Dépêche de Brest 24 novembre 1907

 

Un drame mystérieux, qui a produit une vive émotion dans le quartier Saint-Martin, s'est déroulé, hier après-midi, rue Coat-ar-Guéven.

Naturellement, les commentaires vont leur train, pour essayer de percer le mystère qui entoure ce drame, que l'on peut, sans crainte, attribuer à des chagrins intimes tout récents.

 

Au numéro 18 de la rue Coat-ar-Guéven, une chambre du rez-de-chaussée est occupée par Mme veuve Tromelin et sa fille Herveline, qui compte 21 printemps.

 

Cette dernière, d'un physique très agréable, fit, connaissance d'un jeune homme.

 

Au commencement du présent mois, et pour capter entièrement la confiance de son amie, il lui offrit une bague de fiançailles.

 

Dans ces conditions, pourquoi le drame d'hier ?

 

Désabusée, sans doute, Herveline envisagea nettement la situation et résolut d'en finir avec cette vie agitée, qui lui torturait le cœur.

 

La malheureuse acheta un revolver et des balles blindées et, froidement, mit son projet à exécution.

 

Vers deux heures, hier après-midi, elle s'enferma dans la chambre de sa mère, puis, appuyant le revolver contre la tempe droite, elle fit feu.

 

La pauvre fille tomba comme une masse, vomissant le sang à pleine bouche.

 

La détonation n'avait pas été forte, étant donné la proximité du canon sur la chair, mais elle fut entendue par quelques voisines qui, inutilement, heurtèrent les portes de l’appartement de Mme Tromelin.

 

Grand émoi dans la maison.

Les voisines se concertaient, mais personne ne bougeait et ne songeait à quérir un serrurier pour voir ce qui s'était passé dans l'appartement.

 

Voyant le rassemblement formé sur le seuil de la maison, des ouvriers, travaillant en face, s'approchèrent.

Dès qu'ils furent mis au courant du fait, sans hésiter ils brisèrent un carreau de la croisée, firent jouer l'espagnolette et pénétrèrent dans la chambre.

 

Un triste spectacle s'offrit à leur vue.

La désespérée gisait sur le parquet, le côté droit de la tête appuyée sur le plancher.

La main droite, tenant encore le revolver, était repliée sous son corps.

 

À première vue, les ouvriers se demandaient où la malheureuse était blessée.

Ils relevèrent la tête, et virent le trou fait par la balle dans la tempe droite, tuméfiée par le feu du projectile.

 

Herveline respirait encore, mais faiblement.

 

Sa mère arriva, ainsi que les voisines.

 

Le docteur Le Querré, prévenu aussitôt, s'empressa d'accourir, mais son ministère était inutile.

 

Une demi-heure après le drame, la pauvre fille succombait.

 

M Duprat, commissaire de police de Saint-Martin, se rendit sur les lieux et procéda aux constatations.

 

Aucune lettre n'a été écrite par la désespérée, qui emporte son secret dans la tombe.

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