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1937

Un homme est écrasé par une micheline
à un kilomètre de la gare de Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 14 septembre 1937

 

Un pénible accident s'est produit hier à Guernévez, en Saint-Marc.

Un homme a été surpris par l'arrivée d'une Micheline au moment où il traversait imprudemment les voies de chemin de fer et tué sur le coup.

 

Retraité de l'arsenal, M. Jean Morvan, bien qu'âgé de 72 ans, était encore alerte.

Il avait été embauché il y a une huitaine de jours, comme manœuvre à l'usine des produits chimiques, route du Vieux-Saint-Marc.

 

Habitant chez sa fille, 12, rue de Verdun, près du Douric, pour se rendre ou revenir de son travail, M. Jean Morvan empruntait le sentier abrupt qui, de la route du Vieux-Saint-Marc, conduit près du lavoir, dans l'ancienne propriété de Mme Raillard, aujourd'hui mise en lotissements.

 

De là, le manœuvre gagnait la rue du Guelmeur et, par le fort, arrivait au domicile de sa fille, ce qui raccourcissait considérablement le chemin qu'il avait à faire quatre fois par jour.

 

Ce raccourci n'était pas sans danger, il fallait, sur un « ponceau » bordé par des barrières en ciment, traverser les deux voies de chemin de fer.

Une pancarte, apposée par la compagnie, interdisait l'accès des voies, mais l'écriteau avait été arraché depuis plusieurs jours.

 

Malgré la défense, M. Morvan, quittant, hier, son travail à midi pour aller déjeuner, venait de grimper le raidillon et de s'engager sur les voies quand arriva la Micheline extra-rapide 15-12 qui, trois minutes auparavant, à midi 5, venait de quitter la gare de Brest.

 

L'accident

 

Peut-être M. Morvan n'entendit-il pas la silencieuse machine, ou, engagé sur le ballast de la voie montante, était-il déjà trop tard pour qu'il pût songer à se sauver.

Violemment heurté par l'avant de la Micheline, son corps fut projeté à une dizaine de mètres sur la voie et atrocement déchiqueté.

 

Les voyageurs avaient poussé un cri d'horreur à la vue de ce lamentable spectacle.

Le mécanicien avait freiné et, avec l'aide d'une autre personne, il traîna sur le bas-côté gauche de la voie le corps, presque coupé en deux à hauteur de la ceinture, les membres désarticulés, le visage en sang, la bouche grande ouverte comme pour pousser un dernier cri d'effroi.

Il recouvrit le cadavre mutilé d'un drap.

Puis la Micheline poursuivit sa route.

Son conducteur prévint par téléphone, à son arrivée à la gare de Kerhuon, les services de la gare de Brest de l'accident.

 

L'enquête

 

Après avoir averti la mairie de Saint-Marc et la gendarmerie, MM. de Parthenay, chef de section principal,

et M. Maurin, chef de district, accompagnés de MM. Le Monnier et Gourdy, inspecteurs de police spéciale, se rendirent sur les lieux de l'accident, où se trouvaient déjà MM. Le Guen, adjoint au maire de Saint-Marc, et Pouliquen, garde champêtre, bientôt rejoints par le capitaine Meinier, commandant la gendarmerie de l'arrondissement, et les gendarmes Le Ploch et Thomas.

 

Des débris de chair sanguinolents jalonnaient, le long du rail, le sinistre trajet sur lequel l'infortuné ouvrier avait été traîné.

Un sabot et sa casquette, projetés contre les parois de la falaise, marquaient le point de chute.

 

Le corps, enveloppé dans une couverture, fut placé sur un brancard et monté, par les sentiers à pic, jusqu'à la route, où attendait la voiture de M. Kervennic pour ramener la victime de ce pénible accident au domicile de sa fille, qu'on avait prévenue avec tous les ménagements possibles de l'affreux malheur qui venait d'arriver.

 

Nous la prions d'agréer nos bien sincères condoléances.

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