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1923

Allez ! Allez !
Cirrrculez !

 

 

La Dépêche de Brest 2 juillet 1923

 

Il était 6 heures du soir.

 

La foule, impatiente et curieuse « espérait » les concurrents d'un circuit cycliste au lieu, célèbre dans ce sport, du Petit-Paris.

Chacun pesait les chances de son favori dans le lot des débutants qui, tout à l'heure, allaient donner le dernier coup de pédale après avoir parcouru, sous le soleil et dans la poussière, quelque cent kilomètres...

 

Tout à coup, un signal annonce l'arrivée du premier.

Celui-ci franchit en vainqueur, ovationné, la ligne finale, que marque un immense drapeau tricolore.

 

Le service d'ordre est assuré par les gardes champêtres de la commune.

Tout semblé bien se passer.

Mais un jeune homme, à l'ordinaire correct, absolument à jeun, qui, sur piste, tâte lui aussi « du vélo », a voulu voir de plus près.

II a tort, il s’avance et un garde se trouve dans l'obligation de le repousser dans le rang avec, évidemment, moins de délicatesse qu'apporterait un bijoutier à placer dans sa vitrine encombrée un fragile objet de cristal.

Le jeune homme « obtempère », mais s'oublie, lâchant en mot malheureux.

Il a encore tort et le reconnaîtra de suite en faisant des excuses spontanées aux représentants de l'autorité.

 

Autorité !

 

Elle se manifeste, en effet, avec une spontanéité qui soulève des protestations.

Le jeune homme ne se sauvera pas :

le pôvre a les poignets tordus ;

on lui passe les menottes. et on l'emmène comme un assassin... puis malgré ses supplications, calmes et polies de jeune homme bien élevé et qui regrette sa trop vive riposte de parole — et de parole seulement — on l'incarcère !...

 

Messieurs, les Gardes, les gens raisonnables et respectueux de la police qui vous ont vus « opérer » sont persuadés qu'avec vous les ivrognes, les gueulards et, ma foi oui, les voleurs n'en ont plus pour longtemps à empoisonner notre existence.

Mais ils ont aussi estimé, les témoins impartiaux de l'arrivée du circuit cycliste en question, que, en l'occurrence, emportés sans nul doute par quelque excès de zèle, vous y êtes allés un peu beaucoup trop fort !

 

C'est aussi mon opinion.

 

G.D’Amanlis

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