1928
Croquis Quimpérois
La Dépêche de Brest 22 juillet 1928
Le gros père de la vignette qui orne le bulletin météorologique quotidien de la « Dépêche », ne nous apparaît plus fronçant les sourcils sous un point d'interrogation de noirs cumulus.
Aux rayons d'un soleil tropical, il est en nage, uniquement préoccupé de calmer la soif qui le dévore.
C'est qu'il a été surpris, lui aussi, par cette saison, annoncée comme devant être tempérée, alors que tout d'un coup survient une chaleur à tout fondre, à tout brûler.
30 et 35 à l'ombre !
De quoi mettre à mal des bipèdes, plutôt aquatiques, de notre genre.
Notre spirituel collaborateur, Pierre Valmont, dont la plume alerte nous faisait dernièrement la plaisante peinture de parisiens partant en vacances, au milieu d'un remue-ménage sans nom, aurait dû se trouver à Quimper, le 15 juillet par exemple.
Il se serait assis avec nous, devant une boisson fraîche, à une terrasse de la rue du Parc, pour voir, sans malice, arriver sur les reins, ceux qu'il se plaisait à nous montrer sur les dents au départ.
Sans parler des voyageurs venus par le rail et qui descendaient des wagons, la face enluminée, en donnant des signes non équivoques d'un certain épuisement, le regard était surtout attiré par le mouvement des cars poussiéreux, chargés, semblait-il, d'heureux rescapés de quelque aventure saharienne.
Et puis, dans les conduites intérieures, les fronts ruisselaient.
On avait mis bas faux-cols, vestons, gilets, toute la surcharge.
L'un se plaignait d'avoir grillé deux soupapes, l'autre, de n'avoir pas trouvé de chambre à l'hôtel.
Un troisième, les mains gantées de cambouis, ayant complètement perdu un de ses pneus arrière, stoppait sur les pavés avec un bruit de tombereau.
On respirait du feu.
Les bras nus de ces dames, qui n'aspiraient qu'à brunir, étaient meurtris de coups de soleil...
Vraiment, on n'a rien sans peine, même pas son plaisir, et il faut se sentir du courage, à certains jours, pour s'enrôler dans les rangs du tourisme.
On en reste frappé d'étonnement... ou de congestion.
Quel est donc le sage qui a dit :
« Mes vacances sont faites des vacances des autres ! » ?