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1932

À Brennilis,
le curé refuse de célébrer un
service
pour les morts pour la guerre 


 

 

La Dépêche de Brest 7 avril 1932

 

Dimanche dernier avait lieu à Brennilis la fête anniversaire des anciens combattants.

 

Cette belle fête du souvenir est toujours fidèlement célébrée et, comme partout, bien entendu, il n'y est question, ni d'opinions politiques, ni d'opinions religieuses ;

les morts pour la France, à Brennilis comme ailleurs, pouvaient appartenir à tous les partis, à toutes les religions.

 

C'est pourquoi une somme de 70 fr. avait été votée par le Conseil municipal afin de faire célébrer une messe et un service funèbre, et les combattants de toutes les opinions avaient approuvé la décision de ce Conseil municipal sans faire à ce sujet la moindre objection, au contraire.

 

Pour cette journée anniversaire étaient prévus au programme :

un banquet, des courses cyclistes et, au dernier- moment, une sauterie organisée par la jeunesse du pays, sauterie devant avoir lieu après le banquet.

 

Ah! Cette sauterie !

Elle a été la cause d'incidents regrettables !

 

En effet, quand le curé de Brennilis sut la chose, il fit venir M. Toullec maire, dans la sacristie et lui tint ce langage :

 

— Il paraît qu’à la suite du banquet il y aura un bal ?

— Oui, monsieur le curé, les jeunes gens me l'ont demandé.

— Vous allez interdire ce bal!

— Je n'ai aucun pouvoir pour empêcher la jeunesse de finir l'après-midi joyeusement.

— Dans ces conditions, je ne célébrerai pas le service pour les morts de la guerre.

Tenez, reprenez votre argent

 

Le brave maire de Brennilis voulut discuter.

Il n'y eut rien à faire, il dut reprendre l'argent de la souscription.

Et voilà pourquoi les morts pour la France de Brennilis n'eurent pas de service funèbre...

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II serait superflu de dire comment ces faits ont été commentés sévèrement pendant le banquet auquel assistaient MM. Ch. Daniélou, député ;

Toullec, maire de Brennilis ;

Berthélémé, conseiller général ;

Ménez, maire de Loqueffret, et de nombreux convives parmi lesquels des anciens combattants de la région.

 

Nous n'insisterons pas sur ces faits.

Priver les vivants de réjouissances, nous l'avons déjà vu trop souvent, hélas !

Mais priver les morts de la guerre de prières, de la part d'un prêtre, cela passe la mesure !

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