1937
Pour une médaille
de vermeil du travail
Source : La Dépêche de Brest 9 mai 1937
L'œil vif, la répartie prompte, M. Olivier Kerjean ne porte certes pas ses 82 ans.
Et n'était une douleur rhumatismale qui le fait souffrir de la jambe, on le verrait encore, comme tout récemment, suivre alertement les quais du port de commerce.
— J'ai pourtant bien cet âge-là , proteste joyeusement M. Kerjean quand on semble douter de son affirmation.
Je suis né le 2 mai 1855 à Lanmeur.
« En août 1891, je suis entré au service épicerie à la « Semeuse moderne » qui fut plus tard acquise par la société des Docks de l'Ouest.
« La maison n'avait certes pas l'ampleur des magasins d'aujourd'hui.
Et il n'était guère question de la semaine de quarante heures que l'on applique en ce moment, puisque nous y travaillions de sept heures du matin à sept heures du soir et le dimanche jusqu'à une heure de l'après-midi. »
Ah ! ces magasins, il les connaît bien puisqu'il y venait avant les autres pour ne les quitter que le dernier car, en qualité d'homme de confiance, il était chargé de l'ouverture et de la fermeture.
Et cela dura longtemps, très longtemps puisque ce n'est que tout récemment que M. Kerjean se vit contraint de suspendre son activité.
Quarante-six années de travail dans la même maison !
— Et j'ai encore bon nombre de camarades qui y sont attachés depuis bien longtemps.
M. Kerjean est titulaire de la médaille d'argent du travail depuis 1923.
Cette médaille est accordée aux employés qui ont accompli 30 ans de services dans la même maison. Il en est une autre, celle de vermeil, qui est décernée à ceux qui comptent 40 ans de services dans les mêmes conditions.
Faut-il dire que celle-ci est autrement plus rare ?
En effet, on ne compte guère que deux propositions de médailles de vermeil pour cent de médailles d'argent.
M. Kerjean fait aujourd'hui l'objet d'une proposition de médaille de vermeil.
Nous souhaitons qu'elle lui soit accordée à la prochaine promotion.