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1938

Le doyen des déballeurs
de Quimper

 

 

La Dépêche de Brest 21 avril 1938

 

De nos jours, les marchés du mercredi et surtout du samedi, sur la place Laënnec et la place Saint-Corentin, groupent des quantités, chaque année plus grandes, de déballeurs.

 

— « Il n'en était pas ainsi autrefois ! nous a déclaré, samedi dernier, M. Pierre Coïc, le doyen des déballeurs. »

 

Le sympathique paysan bigouden était trop occupé par la vente de ses colliers, pour nous donner, pendant le marché, les renseignements que nous voulions lui demander, et c'est pourquoi nous lui avons rendu visite chez lui, dans son atelier, où nous l'avons trouvé en plein travail.

 

Pierre Coïc est né le 22 juillet 1862, au village de Goréquer, en Combrit, dans la maison qu'il habite encore, à 13 kilomètres de Quimper, sur la route de Pont-l'Abbé.

 

Solide vieillard au visage énergique, encadré par de longs et soyeux favoris blancs, M. Pierre Coïc a bien voulu nous donner ces quelques renseignements :

 

— « Je suis le doyen des déballeurs de la place Laënnec, où, depuis plus de cinquante ans, je vends ces colliers pour les chevaux, que je fabrique moi-même, avec du jonc et du roseau.

 

« Je ne fais que cela et quand, après avoir fait mon service militaire au 62e régiment d'infanterie, à Lorient, puis dans un fort de Paris, j'ai commencé à vendre, il n'y avait à cet emplacement que quelques marchands de colliers comme les miens et une vieille déballeuse qui soldait des faïences des fabriques de Quimper.

 

« À cette époque nous avions de l'espace pour étaler notre marchandise, il n'en est plus de même aujourd'hui !... »

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Nous examinons le travail soigné du brave père Coïc et nous lui demandons :

 

— « Combien vendiez-vous un collier il y a cinquante ans ?...

— Quarante sous !...

— Et maintenant ?...

— Quinze, vingt francs et plus !... »

 

Et comme nous soulignons cette augmentation considérable des prix, le vieux Bigouden nous dit :

 

— « Évidemment ça a augmenté comme le reste, mais il y a 50 ans et même moins, un pain de dix livres coûtait vingt-cinq sous, maintenant le pain coûte vingt-cinq sous la livre !... »

 

Et le père Coïc, qui a élevé et fort bien, une nombreuse famille, connaît le prix du pain...

 

Sans attendre de nouvelles questions il s'est remis à tresser le jonc et le roseau, car il lui faut, samedi prochain, porter à Quimper de nouveaux colliers ;

aussi quittons-nous, en le félicitant de son activité et de son excellente santé, après une longue vie de labeur, le doyen des déballeurs de la place Laënnec, à l'ombre de notre magnifique cathédrale Saint-Corentin, où il vient, deux fois par semaine, depuis cinquante ans !...

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