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1928

L'histoire de Brest
par
Ollivier Lodel

12 sur 41

1727 - 1732

 

 

Source : la Dépêche de Brest 27 août 1928

 

M. Jacques Symon, négociant, natif de Tréguier, avait été deuxième échevin pendant la dernière municipalité.

Il fut élu maire de Brest le 7 décembre 1726, par 39 voix contre 34, attribuées à M. Navarre chirurgien-major de la ville, premier échevin, et 19 à l'ancien maire, M. Le Dali de Kerliézec.

 

Le 26 janvier 1727, il fut installé dans le nouvel hôtel de ville, sur le quai de Brest, et le 3 décembre 1729, il fut réélu pour un second triennat, par 51 « piques », contre 34 à M. Navarre et 22 à M. Vincent Labbé, second échevin et procureur au siège royal.

 

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Les Brestois, nous l'avons vu, sont maintenant exempts des logements militaires.

Mais ils demeurent assujettis aux frais de casernement, charge roturière répartie entre les contribuables, « au marc le franc de la capitation », c'est-à-dire à raison de 5 sols par livre de cet impôt.

 

Ils comprennent :

La fourniture d'un lit pour deux soldats, avec paillasse, matelas, traversins et une paire de draps changée tous les vingt jours ;

bancs, tables, planches, crochets, râteliers dans les chambres ;

pelles, fourches et seaux dans les écuries.

 

Les habitants ont donc à pourvoir aux frais de casernement des six cents hommes qui forment les dix compagnies franches de la marine.

Mais la ville est dégrevée du logement des officiers par une subvention annuelle de 4.464 livres.

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Louis XV en costume de sacre,

huile sur toile de Louis-Michel van Loo

(1762).

 

 

Les finances municipales sont loin d'être prospères.

 

Les octrois adjugés 7.050 livres par an, en 1727, sont tombés à 6.600 livres ;

les dépenses ordinaires excèdent les revenus de près de 9.000 livres.

 

Et Brest apprend en 1728 qu'il est taxé pour 3.946 livres, à l'occasion du droit de joyeux avènement de Louis XV.

 

C'était l'usage en France — excepté Louis XII, « le père du peuple », qui y renonça — que le roi, en montant sur le trône, confirmât les privilèges des villes.

Et, en échange de cette faveur, on payait les droits de « joyeux avènement ».

 

Louis XV « le Bien-Aimé » n'eut garde d'oublier cette fructueuse prérogative.

 

Mais tout cela ne contribuait pas au relèvement de nos finances, dont l'état précaire est rappelé aux officiers municipaux par l'intendant de la Tour, le 12 septembre 1729, à propos des fêtes qu'ils veulent donner à l'occasion de la naissance du Dauphin :

 

« J'ai reçu, messieurs, votre lettre ou sujet des réjouissances que vous vous disposez de faire, pour célébrer l'heureux accouchement de la Reine.

« Vous devez attendre sur cela les ordres de Mgr le comte de Toulouse.

« Je suis persuadé que vous ne consulterez que votre zèle pour donner des marques éclatantes de votre joie, mais il faut un peu avoir égard à votre situation, pour faire ce qui sera convenable avec le plus de ménagement et d'économie qu'il sera possible ».

 

La Communauté voulut quand même faire grandement les choses,

« donner des marques d'une parfaite réjouissance », à l'occasion de la naissance du Dauphin.

Elle dépensa plus de 800 livres en Te Deum et feux d'artifice.

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Un événement important et qui fut une des principales causes de la propriété commerciale française au XVIIIe siècle, vint marquer cette époque.

 

Ce fut la déclaration royale qui fixa, d'une façon définitive, la valeur des monnaies.

 

Le prix du marc d'or est désormais de 740 livres, 9 sols, 1 denier ;

la livre tournois vaut un franc, deux centimes de notre monnaie (d'avant-guerre) et il en sera ainsi jusqu'en 1785.

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Le transport des filles de joie de l'Hôpital,

Étienne Jeaurat,

1755,

Musée Carnavalet.

 

Peu de travaux pendant l'administration de M. Symon.

 

La rue de l'Hôpital, conduisant de la rue Fautras à la première cour actuelle de l'hôpital maritime, est ouverte en 1727.

L'extrémité de cette voie, devenue « le repaire des filles publiques et le rendez-vous de duels entre soldats » sera acquise par la marine, en 1823, en échange de divers filets d'eau.

 

En 1728, on construit l'escalier de la rue du Bras d'Or, pour communiquer de la rue de Siam dans la Grand' Rue.

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Vaisseau de 64 canons le Fleuron

 

Maurepas, nommé ministre de la Marine en 1723, à l'âge de 22 ans, avait une lourde succession, celle du cardinal Fleury.

Mais, par son activité, il sait se faire attribuer des fonds pour l'armement des navires.

 

Il vient à Brest en 1727 et reconnaît la nécessité d'aviser, au plus tôt, au remplacement des bâtiments hors de service.

Les vaisseaux le Triton et le Fleuron sont mis en chantier.

 

L'ingénieur Choquet de Lindu est chargé de la réparation des quais de la Penfeld, de la construction des magasins et des cales.

 

Sur les plans de M. Dumains, directeur des fortifications à Brest, on construit, de 1730 à 1732, la première aile de la caserne Fautras, dont le pavillon central et la seconde aile ne seront élevées, faute de fonds, que vingt-cinq ans plus tard.

 

En même temps, on achève les hangars dits de la Tonnellerie, commencés depuis longtemps dans l'anse du Moulin-à-Poudre, pour mettre à couvert les bois de construction.

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Deux incendies sont à signaler durant cette période.

 

En 1727, le feu éclate chez M. de Valincour, ancien secrétaire général de l'Amirauté, qui habite l'hôtel Saint-Pierre, aujourd'hui la Préfecture maritime, et « détruit la plus grande partie des papiers qu'il avait sur la Bretagne ».

 

Le 27 avril 1731, un incendie se déclare sur le quai de Brest, près de l'hôtel de ville, chez un nommé Tournois, constructeur des chalands servant au passage de Brest à Recouvrance.

 

« La marmite à braye qu'il faisait chauffer dans sa cheminée, écrit le maire de Brest à l'Intendant, a été renversée sur le plancher.

Le feu de la braye aurait infailliblement causé l'incendie de tout le quartier, même de Recouvrance et des vaisseaux du Roi, le vent étant à l'est, sans le prompt secours de plusieurs personnes expérimentées ».

 

Quelques jours après, une ordonnance de l'Intendant interdisait aux habitants

« d'avoir dans leurs maisons, marchandises et matières combustibles, et au sieur Tournois, de radouber et chauffer ses bateaux sur le quai, sauf à établir son atelier sur la grève du Château ou à Laninon ».

 

(À suivre.)

 

Ollivier LODEL.

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