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1928

L'histoire de Brest
par
Ollivier Lodel

4 sur 41

1691-1698

 

 

Source : la Dépêche de Brest 2 juillet 1928

 

M. Yves Le Gac, sieur de l'Armorique, armateur à Recouvrance fut élu maire de Brest, le 3 décembre 1690, en remplacement de M. Le Mayer de la Villeneuve, et installé avec la solennité habituelle, le 1er janvier 1691.

 

Pendant son administration, le service des eaux fut amélioré par la construction d'un aqueduc dans la rue de Siam, pour amener en ville les eaux de la fontaine de la Villeneuve « située à cent toises (*) hors des portes. »

(*) 1 toise = 1,949 mètres.

 

Recouvrance possédait deux fontaines : Prat-ar-Cadran et Notre-Dame, sur le quai, près l'église.

 

La première formait un ruisseau, servant de lavoir et d'abreuvoir, souvent obstrué par les déblais des remparts ;

la seconde recevait toutes les eaux corrompues des hauteurs de Recouvrance.

Pour remédier à ces inconvénients, la Communauté décide en 1692 de construire des canaux à Prat-ar-Cadran, de fermer le réservoir et d'établir une pompe sur le quai.

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La construction de l'hospice de la rue Saint-Yves, commencée en 1686 n'avait pu être achevée, faute de ressources et de nombreux pauvres « mouraient de misère sur des fumiers, dans les rues et près des fours à chaux. »

 

Cédant aux justes requêtes des administrateurs, le roi décide par lettres-patentes de 1691, que les deux hôpitaux de Brest et Recouvrance seront réunis sous le nom d'« Hôpital Général » ;

qu'une somme de 4.000 livres sera prise sur les recettes d'octroi, pour achever sa construction, ainsi qu'une rente annuelle de 1.500 livres pour son entretien.

 

La maison qui servait d'hôpital à Recouvrance ne répondait pas à sa destination, et M. Le Gac de l'Armorique fit don, en 1692, d'un terrain qu'il possédait à l'encoignure de la rue de l'Église et de la rue du Rempart.

 

La première pierre du nouvel hôpital fut posée le 30 mai 1696 par le maréchal d'Estrées, et la ville, reconnaissante des services rendus par M. Le Gac de l'Armorique et de l'acte charitable qui venait de couronner si dignement son administration, perpétua le souvenir de ce magistrat, en donnant son nom à une rue de Recouvrance.

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Grâce à l'accroissement de la population, les finances deviennent prospères, puisque les revenus atteignent 28.400 livres, alors que les charges annuelles ne dépassent pas 12.000 livres.

 

Et la Communauté qui tient ses réunions dans un petit appartement situé sur le quai, songe à faire l'achat d'une maison, estimée 40.000 livres qui aurait pu être payée en quatre annuités et aurait servi tout à la fois d'hôtel de ville et d'auditoire pour la justice.

 

Mais l'Intendant rejeta la requête des officiers municipaux « étant plus nécessaire d'employer leurs deniers au rétablissement des fontaines, des quais et des cales. »

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D'ailleurs, à cette époque, un grave préjudice fut porté aux anciens habitants de Brest.

Afin de dédommager ceux dont les terres avaient été prises par l'établissement des fortifications, le roi imposait aux propriétaires des maisons situées dans l'enceinte de la ville, depuis 1678, une taxe fixée aux trois quarts de la plus-value, obtenue sur le prix de leurs loyers.

Pour soutenir les guerres désastreuses des dernières années de son règne, Louis XIV bat monnaie aux dépens des villes, « en permettant à ses sujets de s'affranchir des lods et ventes dus sur les maisons situées dans le domaine royal ».

 

La quote-part fixée pour la Bretagne est de 900.000 livres, celle de Brest 55.000 livres, qu'il fallut acquitter, malgré la supplique de la Communauté qui écrivit au roi :

 

«... Brest est une ville naissante qui mérite d'être soulagée et distinguée des autres villes, dont les maisons sont anciennes et ont produit des revenus, depuis leur construction.

 

« Celles de Brest viennent d'être bâties et la plupart n'étant point achevées, ne produisent aucune rente à ceux qui les ont fait bâtir. »

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C'est en 1692 que les douze P. Capucins, qui depuis vingt ans, habitaient une maison particulière à Recouvrance, obtinrent, après maintes sollicitations toujours refusées par Colbert, l'autorisation d'établir un couvent de leur ordre, sur un terrain « proche le moulin à Vent », que leur avait donné M. Le Gac de l'Armorique.

 

La première pierre du couvent fut posés par Vauban le 30 août 1695, et celle de l'église y attenant, par Duguay-Trouin, le 21 février 1712.

 

Terrains et édifices, attribués à la marine en 1791, sont occupés aujourd'hui par les grands ateliers du plateau des Capucins.

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L'activité des armements ne s'est pas ralentie.

 

Tourville qui a gardé le commandement de la flotte de l'Océan, sort de notre rade en juin 1691, à la tête de 69 vaisseaux et, sans livrer bataille, tient la mer cinquante jours durant, en présence des flottes combinées d'Angleterre et de Hollande, fortes de 90 bâtiments.

 

Au commencement de 1692, c'est le suprême effort de Louis XIV, pour tenter une dernière fois la fortune, en faveur de Jacques IL

 

Tourville qui n'a que 37 vaisseaux en état de prendre la mer, appareille de Brest le 9 mai et va mouiller le soir même à Bertheaume, où il sera retenu deux semaines par les vents contraires.

 

La jonction n'a pu être opérée avec les bâtiments de d'Estrées, venant de Toulon.

Et le 29 mai, c'est le désastre de la Hougue, mais action aussi glorieuse qu'une victoire et qui valut à Tourville le bâton de maréchal de France.

 

(À suivre)

 

Ollivier LODEL.

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