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1929

L'histoire de Brest
par
Ollivier Lodel

24 sur 41

1766 - 1768

 

 

Source : la Dépêche de Brest 11 février 1929

 

M. Antoine Raby, négociant, fut élu maire de Brest, le 31 mai 1766,

par 37 voix, contre 30 attribuées à M. Malassis et 7 à M. Demontreux.

 

Il mourut à Lambézellec, le 23 février 1788, à l'âge de 79 ans.

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Son prédécesseur, M. Feburier, avait été logé à l'hôtel de ville et il y occupait toujours la plupart des appartements, lorsque le 7 juillet, on apprend la prochaine arrivée à Brest du duc d'Aiguillon.

 

Le commandant de la province doit descendre à la mairie.

 

M. Feburier est alors invité à quitter les lieux.

Mais, nous l'avons vu, il est en très mauvais termes avec ses anciens collègues et il ne se presse pas, car le 2 août, alors qu'on attend le duc pour le 4, il n'a encore abandonné qu'une partis de l'hôtel.

 

« Il faut travailler jour et nuit pour nettoyer et approprier ses appartements. »

 

Cet incident amena l'Intendant à

« interdire de loger qui que ce soit à l'hôtel de ville, sans sa permission ou celle du duc d'Aiguillon. »

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Emmanuel-Amand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon

Musée des Beaux-Arts d'Agen

 

Et le 4 août 1766, M. Raby, accompagné de ses échevins, se rendait à Landerneau, à la rencontre du duc d'Aiguillon qui arrivait à Brest.

 

Cette visite eut pour notre ville les plus heureux résultats.

 

Grâce au gouverneur, sont réglementées, une fois pour toutes, les préséances des juges et des officiers municipaux, sujet d'une éternelle discorde.

 

Grâce à lui, se rétablit l'union cordiale entre les membres de la municipalité, ainsi qu'en témoigne cette délibération du 9 août 1766 :

 

« Mgr le duc d'Aiguillon, par un effet de sa bonté, a bien voulu, au grand consentement de la Communauté, terminer entièrement toutes discussions qui les divisaient depuis quelque temps, pour y faire régner cet esprit de paix, d'union et de concorde, avec lequel elle a toujours concouru, avec le zèle dont elle est capable, au bien du service du roi et du public. »

 

La municipalité obtient un crédit de 30.000 livres, pour la construction, à l'hôpital, d'un corps de bâtiments, dont la première pierre avait été posés en 1749, par l'intendant de la marine, M, Bigotde la Mothe.

C'est le bâtiment de la salle Saint-Jean qui a pignon sur la rue du Château.

 

Ces agrandissements s'imposaient car déclare M. Raby, « faute de local suffisant, les pauvres de l'hôpital s'infectent les uns les autres et périssent la plupart scorbutiques, outre qu'il est impossible de séparer les incurables des sains. »

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Les principaux travaux exécutés pendant le triennat de M. Raby furent :

La reconstruction de l'escalier communiquant de la rue de Siam à la rue du Bras d'Or (rue Suffren) et le déplacement de de la fontaine de la place Médisance.

 

Cette fontaine — un bel obélisque de Kersanton — se trouvait alors dans l'axe de la Grand'Rue, mais ses abords étaient couverts de boue pendant l'été, de glace pendant l'hiver et, lorsque le vent soufflait, l'eau, éparpillée de tous côtés, en rendait l'accès fort incommode.

 

On décide d'adosser la fontaine à la Rampe, où elle se trouvait encore, il v a quelques années, et, comme témoignage de reconnaissance au duc d'Aiguillon, d'y graver ses armes, avec cette inscription sur une table de marbre blanc :

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La municipalité obtient l'autorisation de dépenser 40.000 livres, à raison de 2.000 livres par an, pour l'achèvement de l'église Saint-Louis.

 

C'est qu'en effet, le monument est en piteux état.

Une délibération de la Communauté, du 7 mars 1767, nous apprend que les bas-côtés sont à refaire ;

que la charpente, mal protégée par un toit provisoire, est pourrie ;

que les cloches, sus pendues à cette charpente, pourraient tomber (aussi ne les sonne-t-on plus, même en cas d'incendie) ;

enfin que le clocher est inachevé.

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Mais, pour tous ces travaux, la ville a besoin de subsides et M. Raby les demanda énergiquement à Rennes, en 1767, à la tenue des États :

« La ville de Brest, quoiqu'une des plus considérables de la province, est une de celles qui se ressentent le moins de vos bienfaits. »

 

Il n'obtient « que des promesses et espérances futures dont il est mortifié. »

Toutefois, il a gain de cause au sujet de la répartition de l'impôt.

 

La capitation de la ville se lève en entier sur une poignée d'officiers de justice, de marchands, d'artisans et de misérables journaliers.

De plus, le roi a pris de nombreuses maisons pour agrandir les locaux affectés à la marine ;

leurs habitants ont émigré vers les communes voisines, diminuant d'autant le nombre des contribuables brestois.

 

Le maire de Brest obtient des États « que Messieurs de la Marine qui ont du bien, soit de leur côté ou de celui de leurs épouses, les écrivains, officiers d'administration, et tous autres entretenus du roi en ce port, seront capités, proportionnellement à ces biens, en plus de la capitation qu'ils peuvent payer à la marine. »

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Le duc de Praslin, appelé au ministère de la marine, continue l'œuvre de son cousin Choiseul et de grands travaux sont alors exécutés dans notre port, sous la direction de l'ingénieur Choquet de Lindu.

 

Le quai, devant le Magasin général, est rétabli.

La machine à mâter, élevée en 1681, au pied du Château, est exhaussée.

Une porte d'entrée dans l'arsenal, par la Grande Rue est construite et ne sera démolie qu’en 1864, pour aménager sur son emplacement, la chambre d’épuisement du nouveau bassin de Brest.

 

On commence la construction du magasin aux fers, le long de la première forme de Pontaniou.

Près du Moulin-à-Poudre, on crée une brasserie.

 

Depuis 1762, une brasserie existait dans l’anse Saupin.

On y fabriquait de la bière, pour remplacer le vin de Saintonge, donné aux équipages.

Mais l’entreprise concédée à M. Le Roy, commis de marine, ne réussit pas et elle est confiée, en 1767, à un brasseur expérimenté, Albert Druenne, de Landrecies, qui avait apporté des plants de houblon du Hainaut et le cultiva avec assez de succès dans sa petite ferme, près de l’anse du Moulin-à-Poudre, puisque l’année suivante, il arrivait à fabriquer 900 barriques de bière.

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C’est en 1768 que furent instituées, dans nos trois ports de guerre, Brest, Rochefort, Toulon, les écoles de médecine navale et que fut créé à Brest, le Jardin botanique, dans le quartier de Lannouron.

 

Le Jardin botanique de Brest était, il y a 100 ans, « l’un des plus beaux jardins de France ».

 

(À suivre).

 

Ollivier Lodel

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