1940
Le centre d'accueil de Quimper
a reçu
plus de 50.000 réfugiés
Source : La Dépêche de Brest 18 août 1940
Dès les premiers jours du mois de mai, les réfugiés arrivèrent en foule dans le Finistère où ces pauvres gens eurent la satisfaction de trouver partout le meilleur accueil, soit chez les habitants du pays, soit dans des abris bien organisés.
Depuis le début des hostilités, M. le préfet du Finistère avait pris toutes les mesures nécessaires.
Il convient de l'en féliciter, ainsi que toutes les personnes auxquelles il avait confié le soin de préparer les logements, réfectoires, etc..., pour les évacués.
Tout fut parfait et M. Rucart, ministre de la Santé publique, écrivait, en mai, que le département du Finistère était parfaitement organisé, celui où l'on avait le mieux prévu l'ensemble des mesures nécessaires pour la réception des réfugiés.
M. Caumont, secrétaire général de la préfecture s'occupa d'abord de ce service, et, lorsqu'il partit aux armées, le 15 avril 1940, il fut remplacé par M. Georges Pontet, inspecteur de l'Assistance publique, directeur du Service des allocations militaires, qui, à partir de l'arrivée massive des réfugiés, fut chargé exclusivement de leur réception et de leur acheminement dans les différentes localités du département.
Avec un zèle inlassable, un sens d'organisation parfait, une présence d'esprit et un tact remarquables dans des situations parfois délicates et difficiles, M. Pontet a mené à bien la tâche compliquée et lourde qui lui avait été confiée, nous devons l'en féliciter tout particulièrement.
Le département devait recevoir 125.000 évacués, mais 160.000 personnes furent hébergées dans les 257 communes prévues.
À lui seul le centre d'accueil de Quimper reçut plus de 50.000 réfugiés, qu'il dirigea vers les communes voisines, où, les maires avaient aménagé des locaux et fait de justes répartitions chez les habitants.
Partout les assistances sociales se dévouèrent et les organisations sanitaires :
analyse de l'eau potable, écoulement des eaux sales, aération des locaux, etc..., furent parfaites.
L'hygiène sociale se développa, les services sanitaires se multiplièrent.
Tout fut fait pour adoucir le sort des malheureux réfugiés et il est un fait certain, c'est que, dès leur arrivée, ils eurent toujours un lit à leur disposition et trouvèrent le maximum du confort que l'on pouvait leur procurer.
Il est à constater que, pendant le séjour de ces 160.000 évacués dans le département, on n'eut à déplorer aucune épidémie, aucun cas de maladie microbienne, même dans les communes les plus peuplées.
À l'heure actuelle, il reste dans le département 28.000 réfugiés appartenant en grande partie à la zone où l'on ne peut encore se rendre.
1.000 Belges doivent être rapatriés très prochainement par un train spécial.
N'oublions pas de signaler le dévouement de M. Le Goff, spécialement chargé de la réception des évacués à leur arrivée à Quimper.
Ses infirmières lui furent d'une aide précieuse.
AU RÉFECTOIRE DU CENTRE D'ACCUEIL
M. Georges Grimaud, conseiller municipal, s'est occupé, dès le premier jour des repas des réfugiés dans le réfectoire, fort bien aménagé au garage Bourhis et tenu d'une façon impeccable.
M. Grimaud, qui surveille tous les repas, est secondé par un personnel d'infirmières du dispensaire, de dames bénévoles et de la Croix-Rouge assurant le service des tables.
Un personnel rétribué est chargé des gros travaux.
La cuisine fut faite d'abord par des militaires de la garnison, mais, en raison de leur internement dans des camps, ils ont été remplacés par une équipe de pompiers de Valenciennes, réfugiés à Quimper.
Ces braves pompiers se sont révélés des cuisiniers accomplis ;
ils ne ménagent pas leur peine et le service est dur, car il nécessite leur présence, du matin au soir devant les fourneaux.
Les repas ont lieu comme suit :
Petit déjeuner, à 8 heures, café et pain.
À midi, déjeuner : potage, viande, légumes, confitures, vin.
À 18 heures, diner avec un menu aussi complet.
Depuis le 15 mai, plus de 100.000 repas ont été servis à des réfugiés de passage à Quimper ou y séjournant.
Ces pauvres gens savent apprécier la qualité de la cuisine du chef-cuisinier Jules Poirette, (ex-sergent de pompiers) et de ses aides.
À côté de la cantine fonctionne une pouponnière où les mamans peuvent laisser leurs jeunes enfants pendant l'heure des repas.
Là, les tout petits sont nettoyés, changés, alimentés et... choyés par des dames bénévoles et de la Croix-Rouge.
Ainsi que l'on peut le voir les réfugiés ont été reçus chez nous de la façon la plus touchante ;
tout a été fait pour adoucir leurs chagrins.
Il convient d'adresser les plus vifs remerciements et les plus sincères félicitations à tous ceux qui ont contribué à l'organisation, à la bonne marche de cette œuvre magnifique, sans oublier, bien entendu, nos édiles, notre police municipale, la gendarmerie, les scouts qui, à l'arrivée des évacués furent infatigables.
Les réfugiés ont su reconnaître les efforts faits pour assurer leur bien-être pendant leur séjour parmi nous, et c'est pourquoi, lorsque vient l'heure du départ du train qui les reconduit chez eux, un seul cri sort de milliers de poitrines !
« Merci, Quimper !... »