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1887

Asphyxié dans un puits
à Quéménéven

 

 

Source : La Dépêche de Brest 10 octobre 1887

 

Notre petite localité vient d'être mise en émoi par un terrible accident qui s'est produit dans les circonstances suivantes :

 

On creuse un puits chez un nommé Le Breton, sabotier au bourg.

Une mine installée hier avait complètement raté par suite de l'humidité.

Le fils Le Breton, jeune homme de seize ans environ, voulant en connaître la cause, se fit descendre dans le puits par son père et son beau-frère ;

il était alors 2 h. 1/2 de l'après-midi.

Arrivé au bas, il fit tranquillement remonter à l'aide d'une corde quelques tisons éteints qui se trouvaient au fond du puits, puis voulant se faire remonter lui-même, il s'assit à califourchon sur un morceau de bois fixé à l'extrémité de la corde qui lui avait servi à descendre.

À peine était-il à un mètre du fond que ses parents le virent lâcher tout et retomber lourdement sur le sol.

 

Le père alors se fit descendre à son tour et arriva sans encombre au fond.

Mais là, perdant la tête en apercevant son fils inanimé, il lui fut impossible de rien faire :

D'ailleurs il ne tarda pas à s'affaisser lui-même à demi asphyxié.

 

Dans l'intervalle, l'alarme ayant été donnée dans le bourg, presque toute la population s'était portée sur les lieux.

 

Dans le nombre se trouvait un couvreur, appelé René Doaré, qui, malgré le péril qu'il entrevoyait, se fit courageusement descendre dans le puits ;

mais, cette fois, après s'être préalablement fait amarrer à la corde qui devait le descendre.

 

Arrivé au fond, Doaré attacha à une deuxième corde le père Le Breton, qui fut remonté évanoui, mais heureusement rappelé à la vie au bout de quelques minutes.

 

Hélas ! Il n'en était pas de même du fils :

remonté le plus vivement possible, deux ou trois spasmes prouvèrent qu'il n'était pas tout à fait mort, mais ce fut tout ; malgré les soins empressés qu'on lui prodigua, il fut impossible de le rappeler à la vie.

 

Quant au courageux sauveteur, il était temps qu'on le retirât à son tour, car deux minutes plus tard, il mourait lui-même victime de son dévouement.

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