1887
La douceur évangélique
ne règne point sans partage
à Plouguerneau
Source : La Dépêche de Brest 15 mars 1887
La douceur évangélique ne règne point sans partage, nous écrit-on, à l'église et à l'entour de l'église de Plouguerneau.
Les places à l'église se paient 3 fr. par an et l'on paie d'avance.
Pour quittance, le curé vous remet une petite plaque en zinc portant un numéro ;
vous clouez la plaque sur votre chaise, et tout est dit.
Mais si votre chaise n'est point décorée de la plaque, prenez garde à vous ;
le bedeau confisque la chaise, tout comme au bon vieux temps ;
vous ne rentrez en possession de votre bien que contre 3 fr.
Il y a de bons villageois, chrétiens peu faits à ce système de perception, qui résistent ;
et c'est dans le lieu saint, jouées par celui-là même qui devrait maintenir l'ordre, de très peu édifiantes petites scènes.
L'ardeur du bedeau, poussé par son curé, irait même plus loin :
c'est à l'entour de l'église, dans le cimetière, en terrain public, que la chaise sans plaque serait prohibée.
Voilà qui nous paraît fort.
Notre correspondant ajoute qu'une affaire est engagée devant M. le juge de paix de Lannilis pour une chaise enlevée des mains d'une femme dans le cimetière.
Quant au bedeau, il serait depuis quelques jours démissionnaire ;
un horion qu'il aurait reçu dans l'exercice de sa singulière mission l'aurait décidé à prier le curé de lui donner un successeur.
Ça pourrait bien être là un objet difficile à trouver.
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Source : La Dépêche de Brest 20 mars 1887