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1894

Deux soldats noyés à Landerneau


 

Landerneau deux soldats noyés 29 08 1894.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 29 août 1894

 

Un événement, qui a péniblement impressionné la population, s'est produit avant-hier à Landerneau.

Deux soldats appartenant à la 6e compagnie du 19e, casernée dans les bâtiments de la maison centrale, se sont noyés dans les conditions suivantes :

 

En l'absence du capitaine Dein, commandant la compagnie, et du lieutenant, le sous-lieutenant Pétillot ordonnait, vers une heure et demie, aux hommes disponibles de se préparer à se rendre à la baignade.

Le détachement, qui comprenait 94 hommes, se dirigea, comme d'habitude, vers l'anse de Kerloret, où se déverse un ruisseau qui actionne le moulin de la Palud.

Mais l'eau étant quelque peu trouble, l'officier fît baigner la compagnie un peu plus loin, sur un point où la rivière est plus profonde et le fond vaseux.

 

Comme d'habitude, les hommes se baignèrent par portions.

La dernière, qui se composait de 15 soldats, se mit à l'eau vers 2 h. 15.

Elle y était depuis dix minutes, lorsque le soldat Christien (Jean-Louis) s'enfonça lentement et disparut en appelant au secours.

 

Le sous-lieutenant Pétillot s'empressa d'envoyer au secours de Christien le soldat Diner (Jean-Marie), moniteur de gymnastique et excellent nageur.

Diner s'élance et plonge par deux fois, mais à la deuxième il ne reparaît plus.

S'est-il engagé dans la vase ou Christien a-t-il paralysé ses mouvements en s'accrochant à lui ?

Nul le sait et ne le saura jamais.

 

Cependant le sous-lieutenant Pétillot et l’adjudant Holley (Émile) ne prenne que le temps de quitter leurs tuniques leurs chaussures et se jettent à l'eau pour aller au secours des deux malheureux soldats.

Avec une courageuse persistance, ils plongèrent à plusieurs reprises, mais vainement ; à bout de force, ils reviennent à la berge.

 

Il ne reste plus, hélas ! qu'à retrouver les cadavres.

Des soldats montent avec des marins d’un brick anglais, mouillé dans le port de Landerneau, dans deux embarcations et, munis de gaffes et de râteaux, explorent la rivière.

À 4 h 15 on retrouvait le corps de Diner et, un quart d’heure après, celui de Christien.

 

Les corps ont été transportés à l'hospice de Landerneau, où le docteur Massie a constaté la mort.

 

Christien (Jean-Louis) est né à Plonéis canton de Plogastel, le 21 septembre 1872, il exerçait la profession de cultivateur avant son entrée au service.

En dernier lieu, il était domicilié à Quimper.

Jeune soldat de la classe 1892, il était très bien noté.

 

Le courageux Diner (Jean-Marie), victime de son dévouement, est né le 31 octobre 1872 à Guiclan, canton de Taulé, où il exerçait la profession de maçon.

Soldat de la classe 1892, il était aîné d'orphelins, et comme tel, n'ayant qu'un an de service à faire, il devait quitter le régiment dans six semaines.

Kerloret Landerneau.jpg

 

Les obsèques auront lieu aujourd'hui à quatre heures, à Landerneau.

Le capitaine Dein a annoncé, avec tous les ménagements possibles, l'affreuse nouvelle aux parents.

Les familles ont répondu qu'elles se rendaient à Landerneau.

 

Des détachements du 19e, de la gendarmerie et de la douane, partiront de Brest cette après-midi pour assister aux obsèques.

Plusieurs officiers du 19e s'y rendront également.

 

M. Boucaut, commissaire de police de Landerneau, a adressé des rapports à l’autorité militaire et à M. le procureur de la République.

Le docteur Massie et le sous-lieutenant Pétillot ont également fait des rapports sur ce douloureux événement.

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