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1894

Une inondation à Recouvrance


 

 

Source : La Dépêche de Brest 19 avril 1894

 

Une inondation à Recouvrance.

 

Il y a quelque temps, la marine a fait apposer, à une dizaine de mètres de l'embouchure d'un canal qui passe sous la rue de la Fontaine et qui se jette dans la Penfeld, près de la porte Jean-Bart, une deuxième grille, fixée et scellée, afin d'empêcher que les détritus provenant de la ville ne tombent dans le port de guerre, et aussi pour empêcher que des ouvriers ne puissent, en passant par ce canal, sortir certains objets de l'arsenal.

 

On se rappelle, en effet, qu’il y a quelques mois un vol de cuivre fut commis dans le port par trois journaliers des travaux hydrauliques et qu'à l'instruction l'un des accusés déclara qu'il sortait la nuit de l'arsenal par ce canal, qui communique avec un égout situé rue de la Tour, en face de la maison portant le n°1.

 

Mais si cette deuxième grille a l'avantage d'éviter l'encombrement du port et d'empêcher les vols, elle présente de graves inconvénients.

Elle arrête tous les détritus qui, formant un obstacle à l'écoulement des eaux, peuvent provoquer de véritables inondations.

C'est ce qui vient de se produire.

 

Le canal en question, qui a 1 m. 70 ou 1 m. 80 de hauteur, reçoit, avec les eaux des ruisseaux du quartier, celles venant des hauteurs de Pontaniou et des Quatre-Moulins.

Dimanche, l'aqueduc obstrué a déversé son trop plein par les caniveaux qui desservent les fosses d'aisances des maisons de la rue au Beurre et de la rue de la Fontaine, et ces maisons ont été quelque peu inondées ;

mais, avant-hier, ça été bien autre chose.

 

Par suite de la pluie diluvienne tombée dans la journée et dans la soirée de mardi, une véritable inondation s'est produite vers 10 h. 1/2 du soir.

Toutes les maisons de la rue de la Fontaine, depuis les n° 9, à droite de la rue, et 6 à gauche, ont été inondées.

Il en a été de même des maisons de la rue au Beurre, de la rue de la Tour et de quelques maisons de la rue Neuve.

La chaussée de la rue de la Fontaine, jusqu'aux n° 6 et 9 de la rue au Beurre et d'une partie de la rue Neuve, était couverte par 20 centimètres d'eau.

La nappe d'eau formait un vrai lac.

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On juge de la désagréable surprise des habitants, surtout celle des locataires des rez-de-chaussée, réveillés en sursaut par l'inondation.

 

Au n° 9 de la rue au Beurre, un ménage, M. et Mme Mignon, tirés de leur sommeil par le bruit de l'eau, allument une bougie.

La chambre est remplie d'eau et un berceau, dans lequel se trouve un petit garçon âgé de quatre mois, flotte littéralement.

De l'autre côté du rez-de-chaussée de la même maison, chez M. Nicolas, cordonnier, les outils, les établis et les bancs flottent également.

 

Aux environs, c'est à peu près partout la même chose.

Les pièces des rez-de-chaussée, les entrées et les escaliers sont envahis par une eau boueuse et fétide.

 

La police, informée de la situation, fît prévenir les pompiers, qui arrivaient à onze heures, sous la conduite du lieutenant Le Jeune et du sous-lieutenant Passerat, avec la pompe de la halle.

Un long tuyau y fut amorcé et, jusqu'à une heure du matin, pompiers, fontainiers et habitants ont travaillé ferme à vider la maison.

Enfin, hier matin, vers dix heures, les rues étaient à peu près à sec, mais il restait encore de l'eau dans les rez-de-chaussée.

 

Dans la matinée et dans l'après-midi, MM. Guennoc, architecte de la ville, Lucas, agent voyer, et Le Jeune, lieutenant des pompiers, se sont rendus sur les lieux, où une pompe et des pompiers sont restés en permanence toute la journée.

Une équipe d'ouvriers de la mairie a travaillé également à parer à une nouvelle inondation.

 

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Source : La Dépêche de Brest 20 avril 1894

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