Source : La Dépêche de Brest 19 juillet 1899

 

L'alcool continue à exercer ses ravages et a failli être la cause d'un drame.

 

Hier soir, vers 8 h. 1/4, la veuve Créisméas, femme Fagon, chiffonnière, habitant rue Kéravel,

a voulu jeter son jeune enfant, âgé de trois ans, par-dessus le grand pont.

 

Cette femme, qui a des habitudes d'intempérance invétérées, avait, au cours de la journée d'hier, absorbé un nombre incalculable de petits verres.

 

Vers huit heures, elle descendait la rue de Siam, accompagnée de ses trois garçons, âgés de 1B, 15 et 3 ans.

Elle portait le plus jeune dans ses bras et gesticulait en proférant des menaces.

Arrivée sur le grand pont, une idée d'ivrognesse lui passa par la tête et elle voulut jeter dans le port l'enfant qu'elle portait.

Elle en fut empêchée par son fils aîné, qui se cramponna à elle en appelant au secours.

 

Des passants se précipitèrent sur la mégère et lui retirèrent le bambin qui, pris de frayeur, poussait des cris déchirants.

 

La veuve Créisméas fut immédiatement conduite au poste de police du 1er arrondissement.

 

M. Delteil, commissaire de police, a immédiatement ouvert une enquête.

 

Il résulte des renseignements que nous avons pu avoir, que la femme Créisméas, qui a quatre enfants, dont une fille placée comme bonne à Saint-Pierre Quilbignon, s'enivre régulièrement chaque fois qu'elle a de l'argent.

Quand elle est ivre, elle bat sa progéniture comme plâtre.

Le plus âgé des garçons l'a déjà quittée plusieurs fois pour suivre des marchands allant de foire en foire, afin d'éviter ses mauvais traitements.

 

La femme Créisméas a été incarcérée au violon.

Ses enfants ont été confiés à la garde d'une voisine, en attendant qu'il soit statué sur leur sort.

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La Dépêche de Brest 22 juillet 1899

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