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1906

Accident de train sur la ligne
Brest - Portsall

 

Terrible accident de chemin de fer Brest Portsall.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 2 octobre 1906

 

Hier matin, à sept heures, le train n° 1, mécanicien Arzel, quittait la gare de Brest, se dirigeant vers Portsall, où il doit arriver à 8 h. 49.

 

À 7 h. 38, le convoi partait de la gare de Guilers pour s'arrêter à Saint-Renan.

 

Le train marchait à une belle allure, en raison de la pente assez prononcée qui existe à la sortie de cette gare.

Le tamponnement.jpg

 

L'accident s'est produit au premier passage à niveau, sur la route de Saint-Renan, à 12 kil. 500 de Brest.

 

Ce passage à niveau est très dangereux car le train, caché par les broussailles qui couvrent les fossés, débouche brusquement sur la route.

 

Le mécanicien ayant vu, au moment où il faisait fonctionner le sifflet de la machine, une voiture traverser la voie, redoubla de vigilance, mais brusquement il vit s'avancer un autre véhicule, lancé à une certaine vitesse.

 

Il fit fonctionner le frein à vapeur et celui à main ;

la sablière fut également ouverte pour empêcher le patinage et conserver aussi la puissance des freins.

 

Rien n'y fit : un choc violent, se produisit, et le train continua sa marche sur un parcours d'environ 50 mètres.

 

La voiture tamponnée contenait quatre personnes, se rendant à la foire de Brest :

MM. Colleau père, 60 ans, cultivateur à Lampaul-Coz, son fils Sylvain, 35 ans, cordonnier à Ploumoguer, sa fille Marie-Yvonne, 22 ans, et François-Marie Roger, 25 ans, cordonnier chez M. Colleau fils.

 

Ce dernier et son père se tenaient sur l'avant de la voiture, et Marie Colleau et François Roger en arrière.

 

La locomotive tamponna la voiture entre la roue gauche et le brancard ;

le véhicule fut coupé en deux, Sylvain Colleau tomba sous la machine et fut littéralement broyé.

Le cheval fut projeté sur le côté gauche de la voie et, bien que blessé, il se sauva.

 

Quant à la voiture, à demi-brisée, elle était appuyée contre le talus.

Colleau, père, pris sous le véhicule, était mortellement atteint.

 

Les deux autres jeunes gens, s'en sont tirés sans blessure, ou à peu près.

 

Avec une présence d'esprit admirable, François Roger, voyant le danger, sauta de la voiture, entraînant avec lui la fille Colleau, qui en tombant, fut légèrement blessée à l'œil droit.

François Roger est indemne.

 

Le convoi arrêté, les agents de la compagnie s'empressèrent, avec les cultivateurs présents, de secourir les blessés.

 

Le père Colleau, qui avait une côte enfoncée et des lésions internes, fut transporté dans la ferme la plus voisine.

 

Le cadavre du fils Colleau, père de quatre enfants, était atrocement mutilé.

La tête était sectionnée en deux, et la jambe gauche, littéralement coupée, se trouvait sous le corps.

 

Le malheureux n'a pas été tué au moment du tamponnement.

On n'a en effet relevé du sang qu'à environ quinze mètres de l'accident, et le corps a été ensuite traîné sur un parcours de même longueur.

 

Un drap fut jeté sur le corps qui resta sur la voie jusqu'à l'arrivée des autorités.

 

Les constatations légales furent faites par MM. Garance, commissaire spécial adjoint, le docteur Lucas, de Saint-Renan, et la gendarmerie de Lambézellec.

 

M. Magnol, sous-directeur des chemins de fer départementaux, également présent, a ouvert une enquête sur cet accident.

 

Le cadavre, transporté sur un côté de la voie pour laisser libre le passage des trains, fut placé peu après dans un cercueil.

 

La jeune fille était présente lorsque son père expira, vers midi, dans la ferme où il avait été transporté.

La gendarmerie a ouvert une enquête.

Gare Saint Renan.jpg
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