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1935

Scène de ménage
à Milizac

 

 

Source : La Dépêche de Brest 7 novembre 1935

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Source : La Dépêche de Brest 9 décembre 1935

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Source : La Dépêche de Brest 11 décembre 1935

 

L'affaire qui est ensuite évoquée devant le tribunal présente un caractère de gravité exceptionnel.

Nous l'avons relatée en son temps.

Rappelons les faits :

 

Depuis environ trois ans, les filles Riou, Marcelle, 21 ans, et Louise, 19 ans, demeurant chez leurs parents, cultivateurs et commerçants au village de Bégavel, en Milizac, invitaient leur père, Yves Riou, 47 ans, à vendre son commerce pour qu’il vienne s'établir en ville.

Les jeunes filles en avaient assez de la campagne.

Elles étaient assistées de leur mère et les trois femmes ne cessaient de provoquer des scènes dans le ménage pour essayer d'amener leur époux et père à se rallier au plus tôt à leur décision.

 

Il y eut de nombreuses violences, mais aucune n'égala celle qui se déroula le 2 novembre.

 

M. Yves Riou était attablé, vers 14 heures, occupé à manger, quand, soudain, sa femme et ses filles firent irruption dans le local où il se trouvait.

Un balai à la main, la femme Riou, née Jeanne Léon, se précipita sur son mari et le frappa sur diverses parties du corps.

L'infortuné Riou, qui était tombé à terre, eut aussitôt les pieds et les mains liés à l'aide de cordelettes.

Le commerçant se débattait comme il le pouvait mais ne parvenait pas à venir à bout des trois femmes furieuses.

Celles-ci l'emmenèrent ensuite dans une chambre.

 

L'arrivée d'un client fit descendre précipitamment la mère et les filles et M. Riou, qui avait pu se débarrasser de ses entraves, se présenta devant son ami en lui disant :

« Tu m'as sauvé la vie. »

 

Les filles Riou, par la suite, proférèrent des menaces à l'adresse de leur père et étaient prêtes à se disputer pour savoir laquelle des deux aurait la première « sa peau ».

 

Tels sont les faits inqualifiables reprochés à la femme Riou et à ses deux filles.

 

La victime de ces brutalités est seule, présente à l'audience.

Riou. — Elles ont eu honte de venir ici.

Je demande votre indulgence, car elles m'ont fait des excuses.

 

Le président. — Le tribunal tient cependant à faire connaître publiquement les actes commis par les inculpées.

 

Yves Riou, après avoir dit qu'il avait, en fin de compte, cédé son commerce, qui lui permettait de vivre aisément, consent à rappeler la scène de violence qu'il eut à subir de la part de son épouse et de ses enfants.

On sent qu'il le fait avec quelque peine.

 

Le président signale que le délit incriminé aurait pu conduire Marcelle et Louise Riou devant une autre juridiction.

M. Durand, ministère public, requiert avec sévérité.

Le tribunal condamne chacune des inculpées à trois mois de prison.

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Source : La Dépêche de Brest 18 décembre 1935

 

Jeannie Léon, femme Riou, 47 ans, et ses filles, Marcelle, 21 ans, et Louise, 19 ans, domiciliées à Bégavel, en Milizac, font opposition au jugement du tribunal du 10 décembre, qui a condamné chacune d'elles à trois mois de prison.

 

On sait qu'il s'agissait de violences particulièrement graves sur la personne de leur mari et père, Yves Riou, 47 ans.

 

Ces trois inculpées, qu'assiste Me Kernéis ne reconnaissent qu'une petite partie des faits.

Elles déclarent que si elles ont ligoté les jambes de Riou c'est parce qu'il était pris de boisson et voulait briser une armoire.

 

— Nous ne l'avons jamais frappé avec un manche à balai, ajoute l'ainée des filles.

 

Les débats s'annoncent particulièrement longs, par suite de nombreuses interventions, tant de l'accusation que de la défense et de la déposition de plusieurs témoins appelés dans le but d'apporter le plus d'éclaircissements possibles dans cette affaire.

Ce seront plutôt des témoins de moralité.

 

Yves Riou est entendu le premier comme témoin.

Il rappelle les scènes de violences qu'il aurait eues à subir de la part de sa femme et de ses filles

 

Le témoin confirme la déclaration qu'il fit à la précédente audience, en ce qui concerne la journée du 2 novembre, au cours de laquelle la femme Riou et ses filles exercèrent les violences que nous connaissons.

 

Michel Croguennec, qui eut l'occasion de prendre un verre avec Riou, est le second témoin.

 

Le président. — Quelle est votre profession ?

Le témoin. — Chômeur ! (Rires.)

 

Mme Le Dot, sœur aînée des inculpées, prend fait et cause pour Marcelle et Louise Riou et accuse son père de les avoir frappées à diverses reprises.

D'après elle, ses sœurs n'ont jamais incité Riou à vendre son commerce pour aller habiter en ville.

 

Un autre témoin — à décharge — dira que Riou est méchant quand il a bu.

 

M. Durand, ministère public, tout en soutenant l'accusation, est le premier à reconnaître que l'affaire, à la suite des débats qui viennent de se dérouler, ne présente plus le même caractère de gravité qu'elle revêtait en premier lieu.

 

Me Kernéis ramène cette affaire dans son cadre véritable.

 

Après avoir délibéré, le tribunal condamne la mère à 10 jours de prison et les filles chacune à 20 jours.

Le sursis est accordé à toutes les trois.

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Source : La Dépêche de Brest 24 décembre 1935

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