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1937

À l'Aberwrac'h
Une visite à Mme veuve Laurans

 

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Source : La Dépêche de Brest 25 février 1937

 

« À moi ! Au secours ! Viens vite ! »

criait dans la nuit tourmentée Christophe Laurans, qui venait de tomber à la mer tandis qu'il traversait la baie de l'Aberwrac'h, et que son frère, monté dans un canot, tentait de le secourir dans les ténèbres.

 

Un court et tragique dialogue s'engageait entre eux :

 

— Tiens bon, j'arrive !

— Ici, presse-toi, je coule ! Et puis plus rien.

 

Rien que le vent qui soufflait en rafales, que les vagues se brisant à la côte.

On chercha longtemps.

On ne découvrit qu'un cadavre.

Un cadavre !

Une veuve et six jeunes orphelins.

 

Aucune ressource.

L'infortuné, manœuvre à l'usine voisine, faisait vivre péniblement sa famille.

 

Cet ultime appel, nous l'avons recueilli ;

nous nous en sommes fait l'écho.

Et le cri de détresse a été entendu.

 

Que faire en pareille occurrence, sinon apporter aide à la compagne du disparu pour lui permettre de vivre avec ses tout petits ?

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Une souscription fut ouverte en ces colonnes.

Œuvre de solidarité humaine.

 

Et nous voici ce matin porteur d'une enveloppe contenant le secours apporté par des cœurs compatissants.

 

Le vent souffle comme au soir tragique.

Le ciel cependant se découvre.

Les primevères apparaissent timidement au revers du talus.

La vie continue.

Le temps a passé.

La maisonnette, qui domine la prairie toute proche du rivage, semble moins sombre qu'au jour du deuil.

 

Mme Laurans, dont on connaît le dévouement intégral pour ses enfants, a déjà reçu le témoignage de sympathie de ses concitoyens de Landéda sous la forme matérialisée d'une collecte.

 

Aujourd'hui, notre correspondant de l'Aberwrac'h, M. Perhirin, lui apporte le secours des habitants de la côte :

1.348 francs.

La souscription à nos bureaux a rapporté 5.147 francs.

 

Est-il nécessaire de dire avec quelle émotion Mme Laurans accueille cet argent, qui va l'aider pendant quelque temps à faire vivre sa nombreuse famille ?

 

Précisément, voici deux de ses fils.

L'un, d'environ 6 ans, arbore une belle croix qui lui fut attribuée à l'école.

Il n'a pu retourner en classe ces jours derniers car une charrette lui a passé sur le pied.

 

L'autre, un petit de 2 ans, a l'un des doigts de la main droite presque complètement sectionné.

 

Ils ne se plaignent pas cependant et nous observent gravement.

 

Mme Laurans nous recommande de remercier tous ceux qui ont bien voulu secourir sa détresse :

— Dites combien je leur suis reconnaissant pour mes pauvres petits.

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