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1937

La bataille rangée
du Carpont en Plouénan


 

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Source : La Dépêche de Brest 2 février 1937

 

Tout un village léonard, Carpont, tant « Bras » que « Bihann », en Plouénan, dix délégués hommes et femmes viennent s'asseoir en rang d'oignons, devant MM. les conseillers composant la Cour.

 

Il y a là d'abord la famille Daniélou, venue de Plougoulm à une date récente.

Ce sont :

Yves, 65 ans, le pater familias ;

Alain, 36 ans, et Marie-Anne, 35 ans, ses enfants.

Ils appellent d'un jugement du tribunal correctionnel de Morlaix, en date du 2 avril 1936, les condamnant respectivement à 50, 25 et 30 francs d'amende.

 

C'est la troisième fois qu'ils reviennent devant la Cour, celle-ci ayant remis leur affaire, dans l'espoir de la pacification que l'amnistie causerait au village.

 

Mais le vieux « Mestr-an-Ty » a cru de son honneur d'être jugé, lui et les siens, pour pouvoir donner suite, devant le juge de paix, à ses revendications rancunières.

Car dans tout cela les causes de l'animosité, à l'origine de cette affaire de coups réciproques, tiennent à des histoires de haies et de droit de passage.

Daniélou-Koz a donc fait appel et les siens aussi.

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M. le procureur général, pour tirer cette affaire au clair, a également appelé et intimé les sept autres.

 

Ce sont, avec le tarif de leurs condamnations :

Emmanuel Jaouen, 35 ans, aussi cultivateur au Carpont, 25 francs d'amende ;

Elisa Saillour, femme Jaouen, 34 ans, 16 francs ;

Yves Cocaign, 53 ans, au Vicher, en Plouénan, 25 francs ;

Suzanne Saillour, femme Kerroch, 44 ans, cultivatrice au Carpont, 16 francs ;

Jean-Claude Cocaign, 26 ans, au Vicher, 25 francs ;

Joseph Le Bihan, 31 ans, au Car-pont-Bihan, 25 francs ;

Jean-Marie Tanguy, 44 ans, au Radennec, en Plouénan, 25 francs, et enfin le seul acquitté en première instance, de la fournée, Auguste-Rolland Moal, 29 ans, au Carpont-Bihann.

 

Les faits datent du dimanche 15 décembre 1935, vers 8 h. 30 du matin.

Dans le car de l'entreprise Jaffret qui, pour les messes, fait un service entre le Carpont et Plouénan, se trouvaient, au retour, Daniélou père et sa fille Marie-Anne, ainsi qu'Elisa Saillour, femme Jaouen.

Le car s'arrêta entre les maisons des parties adverses, bordant la route à cent mètres l'une de l'autre.

 

Les trois occupants en descendirent sans s'être adressé la parole.

Mais les Daniélou, au lieu de se rendre chez eux, vinrent devant la barrière des Jaouen et commencèrent à « lever des noms » sur ceux-ci.

Le diapason des voix s'élevant on accourut des deux parts et la mêlée fut générale.

Les coiffes volèrent, les chignons s'épandirent, les cheveux furent arrachés et les poings scandèrent les figures.

 

Il y eut d'abord douze inculpés, mais quatre bénéficièrent d'un non-lieu.

Nous nous répéterions en décrivant les hauts faits que nos lecteurs ont connus en leur temps.

 

Me Leroyer occupe pour les Daniélou ;

Me Lefebvre, du barreau de Morlaix, pour les Jaouen, et Me Tromeur, pour les Cocaign.

 

L'impression est que les Daniélou, qui n'avaient pas déjà bonne presse à Plougoulm, sont chicaniers et mauvais voisins.

Le prétexte, sinon la vraie cause de la bagarre, serait que Emmanuel Jaouen, suivant en cela les prescriptions municipales, aurait à titre de prestation, élagué une haie en bordure de son héritage et de la ferme des Daniélou.

 

La Cour confirme en tout point le jugement du tribunal de Morlaix.

« Ha breman, peoch ! »

 

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Source : La Dépêche de Brest 3 avril 1936

Pour lire l'article du 3 avril 1936, cliquez ici

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