1937
Le cadavre d'une femme est découvert
sur le plateau de Queliverzan
Source : La Dépêche de Brest 17 août 1937
Sur les fortifications de Recouvrance, des terrains militaires, clos en partie par une barrière, ont été défrichés par les gardes républicains mobiles de la caserne de Kerveguen, qui cultivent des légumes dans les jardinets dont ils disposent à cet endroit.
Derrière ces jardinets s'étend le plateau de Queliverzan.
L'endroit est abrupt, difficilement accessible de ce côté et couvert de ronces.
Quelques habitants de Recouvrance s'y rendent, cependant, en ce moment, pour faire la cueillette des mûres.
Une dame et sa nièce en cherchaient hier vers 18 h. 30, quand tout à coup, elles poussèrent des cris d'effroi :
Le cadavre d'une femme, au visage horrifiant, était étendu, dans un buisson de ronces, sur le versant descendant vers la douve !
À leurs cris, les maréchaux des logis chefs de la brigade mobile Sauter et Hascoët, qui travaillaient dans leur jardinet, accoururent, et après avoir constaté la présence du cadavre qui avait tant effrayé Mme X... et sa nièce, ils alertèrent par téléphone le poste de police de Recouvrance, qui prévint M. Sturtzer, commissaire de police du 1er arrondissement, et un interne de l'hospice civil, remplaçant le docteur Salaun, absent.
Il fut procédé aux constatations médico-légales.
Le docteur examina superficiellement le corps.
Il ne portait aucune blessure apparente et seulement des lividités cadavériques.
Le visage, bleuâtre, rongé par les vers qui s'étaient attaqués aux pommettes et aux lèvres, était horrible à voir.
Une odeur pestilentielle se dégagea du corps quand on le traîna sur le terre-plein voisin.
Le docteur arracha les vêtements et le mit à nu mais ne releva aucune trace suspecte.
La mort paraissait naturelle.
On s'étonne seulement que cette pauvre femme, paraissant âgée d'une soixantaine d'années, ait pu accéder à cet endroit, les gardes ayant dû défricher les ronces et faire un chemin pour permettre à M. Sturtzer et au médecin d'y parvenir.
L'ambulance municipale fut requise.
Le corps fut placé sur un brancard et, non sans difficultés, amené dans la voiture qui le transporta à la morgue de l'hospice civil.
Un des ambulanciers crut reconnaître dans le cadavre de la pauvre femme Mme Cousquer qui, le 4 août, avait quitté l'asile des vieillards de Poul-ar-Bachet à 8 heures du matin.
La Dépêche avait signalé la disparition de Mme Cousquer et publié sa photographie il y a trois jours.
Son fils, ouvrier à l'arsenal, habitant 6, rue Kéravel, malgré les recherches qu'il avait entreprises, n'en avait plus eu de nouvelles.
Faible d'esprit, Mme Cousquer s'est peut-être rendue en cet endroit généralement désert et succombant à une congestion provoquée par la chaleur de ces jours derniers, elle a pu rouler dans le fossé où on a trouvé hier son cadavre.
M. Sturtzer poursuivra son enquête aujourd'hui.
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Source : La Dépêche de Brest 18 août 1937
Comme nous le laissions prévoir hier, le cadavre découvert avant-hier, vers 18 h. 30, dans des ronces, par une dame et sa nièce faisant la cueillette des mûres dans les buissons du plateau de Queliverzan, était bien celui de Mme Cousquer.
La pauvre femme, dont nous avions signalé la disparition le 4 août, à 8 heures du matin, de l'asile de Poul-ar-Bachet, où elle était pensionnaire, a été reconnue, hier matin, à. la morgue de l'hospice civil, par son fils, ouvrier à l'arsenal, habitant, 6, impasse Kéravel.
Mme Cousquer, veuve Cueff, était née à Plonévez-Lochrist le 31 mai 1866.
Le rapport du docteur ayant conclu à une mort naturelle, le parquet a délivré le permis d'inhumer et la mise en bière a eu lieu hier, à 15 heures.