1937
Explosion de gaz
à Plouarzel
Source : La Dépêche de Brest 10 juin 1937
Un incendie qui causa le plus grand émoi dans le bourg de Plouarzel, s'est déclaré mercredi soir, vers 20 h. 30, à la boulangerie Perrot, située à l'entrée de la localité en venant de Brest.
Ce sinistre menaçait d'avoir les plus graves conséquences, car les maisons voisines auraient pu rapidement être mises en danger.
De nombreux sauveteurs se précipitèrent sur place avec des extincteurs et purent enrayer la marche du fléau.
Les pompiers de Ploumoguer, puis ceux de Saint-Renan, écartèrent ensuite tout danger. Un service d'ordre fut organisé par la gendarmerie de St-Renan.
SUR LES LIEUX DU SINISTRE
Nous arrivions hier à Plouarzel.
La majeure partie des habitants avaient passé une nuit blanche.
La boulangerie Perrot occupe une belle bâtisse à l'entrée du bourg.
Les volets du rez-de-chaussée sont en partie brûlés.
Certains de ceux du premier étage avaient été enfoncés au cours des opérations de sauvetage.
Dans la maison, tout est bouleversé.
Une acre odeur de fumée règne encore.
Le plafond de la cuisine est calciné ainsi que plusieurs meubles.
Des hommes et des femmes sont occupés à remettre tout en ordre.
Dans la pénombre on distingue des tas de gravats noyés encore dans une eau bourbeuse.
Tout ce qui a pu être déménagé au moment de l'incendie a été placé dans les dépendances de la maison.
— Mais, nous dit quelqu'un, nous avons, malgré cela, fait le pain la nuit dernière.
Heureusement le fournil n'a pas été trop atteint.
L'EXPLOSION
Nous sommes accueillis dans la boulangerie par Mme Eugène Perrot, née Cloâtre, âgée de 26 ans, femme de M. Perrot, de deux ans plus âgé.
La famille Perrot est très sympathiquement connue dans le bourg.
Mme veuve Perrot a cédé son entreprise à son fils, depuis déjà plusieurs mois.
— C'est hier soir, vers 20 h. 30, nous dit Mme Eugène Perrot, que l'accident se produisit.
« Ma belle-mère se trouvait dans la cuisine avec moi, et une jeune bonne, Mlle Louise Trébaol âgée de 17 ans, qui tenait dans ses bras notre enfant, âgé de 10 mois.
« Ma belle-mère était occupée à préparer le repas.
Elle voulut allumer un fourneau alimenté par une « bouteille » de Butagaz.
Cet appareil ne fonctionnait pas bien.
Dans la journée, on s'était d'ailleurs rendu compte de cette défectuosité. »
Peu après avoir allumé le fourneau, Mme veuve Perrot se rendit compte que le « détendeur » n'était pas bien à sa place.
Une forte odeur de gaz se répandait dans la pièce et l'on percevait un sifflement inquiétant.
Mme veuve Perrot demanda à sa belle-fille de lui apporter un seau d'eau.
Quelques instants plus tard, l'explosion se produisait.
— Je me suis trouvée, dit Mme veuve Perrot, entourée par des flammes.
Tout prenait feu autour de moi.
La bonne eût le temps de franchir la porte donnant sur l'entrée de la maison, emportant dans ses bras le jeune enfant confié à ses soins.
Puis, sous la violence de la déflagration, la porte se referma.
Fort heureusement, sa partie inférieure fut brisée.
Mme veuve Perrot et sa belle-fille purent sortir par cette ouverture.
Brûlée au visage et aux mains, Mme veuve Perrot dut être transportée chez des voisins, cependant que l'incendie commençait.
L'ALERTE
On monta aussitôt prévenir M. Eugène Perrot, qui dormait à l'étage supérieur de l'immeuble.
Déjà des voisins arrivaient en hâte pour porter secours.
M. Fily, facteur-receveur de Plouarzel, se précipita avec un extincteur, malheureusement insuffisant.
Mme Eugène Perrot, après avoir échappé au danger qui la menaçait s'était à demi évanouie.
Elle dut, elle aussi être transportée chez des voisins.
Le sinistre menaçait à ce moment de s'étendre, car le vent était assez violent.
M. Fily alerta aussitôt par téléphone la gendarmerie de Saint-Renan, les pompiers de Saint-Renan et ceux de Ploumoguer.
M. le vicaire de Plouarzel avait été l'un des premiers sauveteurs arrivés sur les lieux.
Il apporta de nombreux extincteurs, auxquels furent joints ceux des écoles et de la mairie.
Grâce à tous ces secours, parvenus à la première heure, le feu put être circonscrit, en attendant l'arrivée des pompiers.
Le maréchal des logis-chef Le Gall, commandant la gendarmerie de Saint-Renan, s'était rendu sur place en automobile, avec les gendarmes Cartier et Rolland, pour organiser un service d'ordre et procéder à un commencement d'enquête.
Les pompiers de Ploumoguer firent preuve d'un courage qui mérite d'être signalé.
Il faudrait les citer tous.
Les pompiers de Saint-Renan, sous la direction de M. le lieutenant Laurens, contribuèrent également dans une large mesure à noyer le foyer d'incendie, après avoir mis leur moto-pompe en batterie.
À minuit 30 tout danger était écarté.
Nous adressons à Mme veuve Perrot nos meilleurs vœux de rétablissement.