1937
À Pencran
« Cherchez le sorcier ! »
Source : La Dépêche de Brest 23 janvier 1937
Ceci se passe à Pencran.
L'affaire dont le tribunal va avoir à connaître est l'épilogue d'une longue suite de discussions, de luttes sourdes et de querelles.
Deux frères, François Bian, 23 ans, et Jean Bian, 25 ans, sont inculpés avec une demoiselle Françoise Broudin, 47 ans, de coups et blessures réciproques.
Les deux jeunes gens sont aujourd'hui propriétaires d'une ferme, que possédait autrefois Mlle Broudin.
Or, la dite demoiselle n'a jamais voulu admettre cet état de fait.
A chaque instant, sans doute par vengeance, elle cache les outils laissés dans leurs champs par les deux jeunes gens.
Or, le 2 décembre, François et Jean Bian constatèrent, une fois de plus, que leurs outils s'étaient envolés.
Exaspérés, ils se rendirent chez Mlle Broudin.
Il faut préciser que celle-ci est une « originale ».
Le tribunal en est bien vite convaincu.
Mais revenons aux faits.
Mlle Broudin était couchée.
Elle répondit à ses visiteurs :
« — Vos outils ? Je ne sais pas où ils sont. Demandez-les au sorcier. »
Les frères Bian étaient parfaitement fixés sur l'identité du « sorcier » et ils insistèrent, peut-être sans douceur.
Mlle Broudin se leva, empoigna une pelle et voulut frapper.
Mais on la désarma.
Les deux jeunes gens la saisirent aux poignets.
« — Tu vas venir avec nous au champ et nous montrer où tu as caché nos outils. »
Dans la lutte engagée, Jean Bian fut mordu à la main droite par sa... prisonnière.
Mlle Broudin rit presque sans arrêt devant le tribunal, qui ne peut obtenir d'elle aucune explication raisonnable.
Me de L'Hôpital plaide pour les frères Bian et Me Le Saout pour l'inculpée.
Le tribunal — justice distributive — inflige 16 francs d'amende à chacun des trois prévenus.
Mlle Broudin. « — Moi je m'en f..., je n'ai pas de sous ! »
M. Durand. « — Le percepteur saura en trouver ! »