1937

Privés de soins,
deux enfants d'un et deux ans,
pleuraient abandonnés
dans leur petite voiture
 

Source : La Dépêche de Brest 29 août 1937

Mme veuve Turquiet habite au rez-de-chaussée de l'immeuble portant le numéro 7 bis de la rue Kerfautras, qui abrita autrefois le couvent des Carmélites.

Avant-hier soir elle entendait, depuis un grand moment, les pleurs de deux petits enfants abandonnés dans une voiture, devant sa fenêtre.

Elle tenta de les consoler, mais les pauvres petits, l'un de un an, l'autre de deux, paraissaient souffrir de soif et de faim et, couverts de vermine, mal vêtus, étaient dans un dénuement complet.

Un épais brouillard et l'obscurité de la nuit firent redoubler les cris des bébés.

Mme Turquiet se décida à intervenir et, poussant la petite voiture, se rendit avec un voisin à l'asile de nuit, rue Kéravel, pensant y faire admettre les deux enfants.

On lui dit qu'il fallait prévenir la police et un agent fit admettre les pauvres gosses, à 23 h. 30, à l'assistance publique, où ils reçurent des soins dont ils avaient le plus urgent besoin.

L'ENQUÊTE

Hier matin, M. Floch, qui remplit, par intérim, les fonctions de commissaire de police de Lambézellec, quand il eut assuré le service d'ordre au départ de la course cycliste, commença son enquête.

Il apprit que la mère des deux enfants était Mme Marcelle Mélénec, employée dans une maison close, 5, rue Guyot.

Celle-ci avait confié ses enfants à Mme veuve G..., habitant au 1er étage, 7 bis, rue Kerfautras, et lui servait pour leur garde une pension mensuelle de 200 francs.

M. Floch ne put atteindre la gardienne indigne qui soignait si mal les pauvres petits dont elle assumait la garde, mais une voisine lui dit qu'elle les avait abandonnés parce que leur mère avait négligé de régler la mensualité de leur pension.

Devant le procédé inhumain employé par cette femme sans cœur, M. Floch adressa au parquet un procès-verbal.

M. Hébert, substitut du procureur de la République, chargea la gendarmerie de Lambézellec de procéder à une enquête dont il attend, pour sévir, les résultats

Les petites victimes innocentes ont été gardées à l'Assistance publique.

Le manque d'attentions dont elles ont eu à souffrir exige en effet, les soins attentifs dont elles sont enfin entourées !

​