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1937

Terrible accident en gare de Brest

 

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Source : La Dépêche de Brest 17 avril 1937

 

Un grave accident s'est produit hier à la gare de l'État, dix minutes avant le départ du rapide de 15 h. 16 pour Paris.

 

Un pan de mur de l'ancienne gare, constituant la paroi intérieure du hall, en bordure du quai, s'est écroule sur une longueur d'une dizaine de mètres, ensevelissant sous ses décombres quatre voyageurs allant prendre le train, dont l’un fut tué sur le coup et les trois autres grièvement blessés.

Un ouvrier, travaillant dans une tranchée, a été blessé légèrement.

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Le train avait été formé sur la voie numéro 4, la dernière à gauche en entrant dans la gare.

Le fourgon de queue était arrêté à une vingtaine de mètres du butoir devant le dernier pan de mur subsistant de l'ancienne gare, mur dont une partie avait été abattue la veille.

 

Derrière cette partie démolie, à hauteur, on apercevait les trois cloisons des pièces servant autrefois de bureaux  au rez-de-chaussée et au 1er étage.

 

Dans les pièces du 1er étage, une quinzaine d’ouvriers procédaient à l’enlèvement des matériaux, principalement des briques, qui n'étaient pas tombées sur le quai, pendant que d'autres démolissaient les planchers.

 

Un pan de mur s'effondre

 

Ces ouvriers s'aperçurent que, sous l'action du vent assez violent, l'extrémité du pan de mur, resté debout, penchait vers le quai et oscillait dangereusement.

 

On courut prévenir M. Boucher, chef de section des travaux, qui donna l'ordre au chef d'équipe de l'Entreprise alsacienne chargée de la démolition de l'ancienne gare, d'étayer en hâte la partie de la façade qui menaçait de tomber et d'en élinguer les deux extrémités.

 

Il était 15 h. 5.

Les voyageurs se dirigeaient vers les wagons du rapide.

Les ouvriers leur criaient :

« Attention ! Ne passez pas là. Faites demi-tour ! Montez à contre-voie ! »

 

Quelques voyageurs se rendant compte du danger écoutèrent leur conseil, revinrent sur leurs pas pour contourner le fourgon de queue.

 

Tout à coup, avec un fracas de tonnerre l'extrémité du mur s'effondra, atteignant le fourgon et les voyageurs qui s'engageaient sur la voie.

 

Le bruit, avait attiré tout le personnel de la gare et les ouvriers travaillant à proximité.

Des nouveaux bureaux de la police spéciale tout proches, M. Courtin et des inspecteurs accouraient.

 

M. Noual, chef de gare, qui venait, quelques secondes auparavant, de passer sur le quai dangereux, fut l'un des premiers sur les lieux avec M. Guillaume Stéphan, homme d'équipe, qui, un drapeau rouge à la main, était chargé d'annoncer aux ouvriers l'arrivée des trains

 

Combien allait-on trouver de victimes sous cet amoncellement de pierres ?

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Les secours

 

On ne percevait aucun gémissement.

Dans le désarroi général, seuls s'entendaient les cris des sauveteurs qui s'interpellaient.

 

La première victime retirée fut un médecin de la marine qui, après avoir reçu à l'infirmerie de la gare les soins du docteur Mignard, fut porté à l'ambulance municipale qui arrivait.

 

Un deuxième voyageur, relevé entre les deux voies, ne donnait plus signe de vie.

 

Non loin de lui gisait, sans connaissance, M. Rotschild, directeur du théâtre, et un jeune homme, paraissant grièvement blessé.

 

Dans une tranchée, un ouvrier perdait du sang par une blessure à la face.

 

Tous les blessés furent transportés à l'infirmerie de la gare, pendant que les ouvriers fouillaient fébrilement les décombres, redoutant de découvrir de nouvelles victimes sous cet amas de pierres et de briques, sous les carcasses de fer des piliers écroulés.

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Les victimes

 

M. Nouai avait téléphoné à la préfecture maritime.

Deux ambulances de la marine attendaient dans la cour de la gare avec l'ambulance municipale, revenue de son premier voyage.

Les curieux s'amassaient…

 

À l'infirmerie, MM. les docteurs Mignard, Lafolie et Pouliquen prodiguaient leurs soins aux blessés, pendant que, par les papiers découverts sur eux, on établissait leur identité.

 

L'un d'eux avait été blessé mortellement.

Quelques minutes après son arrivée à l'infirmerie, il avait rendu le dernier soupir.

C'était M. Louis Troin, 56 ans, né le 1er septembre à Flayose (Var), ingénieur des mines, demeurant 48, rue d'Autrain, à Rennes.

 

M. René Rotschild, 58 ans, le sympathique directeur du théâtre municipal, habitant 49 rue Victor Hugo, avait la jambe et l'épaule gauches fracturées, une blessure à la tête et des contusions sur tout le corps.

 

Il revint un moment à lui pour demander au docteur : « Est-ce grave ? ».

Ce furent les seuls mots qu'il put prononcer avant de perdre à nouveau connaissance.

 

L’ambulance municipale le transporta à la clinique des docteurs Pouliquen et de la Marnierre.

 

Le troisième blessé était un jeune homme de 16 ans, Louis Michelet, né le 22 février 1921 à Saint-Martial (Haute-Vienne) et demeurant chez ses parents, 10 rue Kléber, à Saint-Brieuc.

Il portait une blessure à la tête et se plaignait de douleurs dans la région du foie.

Accompagné à l'hospice civil par l’inspecteur Courly, de la police spéciale, il put, peu après son arrivée, prononcer quelques mots, dire son nom, puis il retomba dans un évanouissement qui se prolongea.

On craignait un éclatement du foie.

Une transfusion du sang fut décidée.

Le gardien de la paix René Prévost s'y prêta généreusement.

 

Fils de M. Legrand, receveur des postes, M. Legrand, médecin de 1re classe de la marine, en service à l'ambulance de l'arsenal, après être passé chez ses parents, 1, rue d'Algésiras, s'était fait conduire à l'hôpital maritime.

 

Il avait eu la cheville écrasée et le péroné fracturé.

 

Enfin, M. Jean Huguen, ouvrier de l'entreprise Marc, qui travaillait seul dans une tranchée — creusée entre les rails de la voie réservée à l'arrivée des trains — à la pose de la canalisation de chauffage central, n'avait reçu à la joue gauche qu'une blessure relativement légère, et il prit place dans l'auto de M. Marc, qui le conduisit à l'hospice civil.

 

Le fourgon de queue

 

On avait dételé le fourgon de queue du train qui avait pu partir avec un quart d'heure de retard.

 

Le toit du fourgon de queue avait résisté â l'énorme poids de matériaux qu'il avait reçu.

Des poutres, des carcasses de fer tordues, des moellons et des plâtras restaient accrochés aux parois.

 

On évita de déplacer tous ces débris en poussant le wagon quelques mètres plus loin, en attendant l'arrivée des enquêteurs.

 

Aucune autre victime ne fut heureusement découverte.

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On abat ce qui restait debout du mur

 

Une quinzaine de mètres de mur restait encore debout.

On le voyait se balancer sous la poussée du vent, et il était à craindre qu'il s'écroulât à son tour.

On décida de le jeter bas immédiatement.

 

Des ouvriers fixèrent à chacune des extrémités des câbles et, joignant leurs efforts, parvinrent, non sans difficulté d'ailleurs, à faire tomber ce qui restait du mur de l'ancien hall.

 

Les autorités sur les lieux

 

M. Jacques-Henry, sous-préfet ;

M. Lullien, premier adjoint, accompagné de M. Darey, commissaire central

et de M. Lottiaux, secrétaire général de la mairie ;

M. Bouriel, procureur de la République ;

le capitaine Meinier, commandant et l'adjudant Coupa, de la gendarmerie départementale ;

M. Le Duc, adjoint spécial de Recouvrance, s'étaient dès la nouvelle de l'accident, rendus sur les lieux et entendirent les explications fournies par MM. Courtin et Boucher, chef de section des travaux.

 

Mais l'enquête ne devait commencer qu'après l'arrivée des Ingénieurs de la compagnie, venant de Rennes, et attendus par le train de 18 h. 50.

 

Les témoins

 

L'écroulement du mur s'était produit si rapidement qu'il était malaisé de recueillir des impressions des rares témoins qui « l'avaient vu tomber. »

 

Cependant, M. Guillaume Stéphan, l'homme d'équipe « protecteur » qui annonçait aux ouvriers travaillant sur la voie l'arrivée du train, dit :

— La plupart des voyageurs étaient déjà passés et avaient pris place dans leurs compartiments. Seuls, quelques-uns arrivaient encore.

Les ouvriers leur crièrent de se garer et de monter à contre-voie.

On voyait le mur osciller.

« Au moment où les derniers s'engageaient sur les voies, le mur tomba.

Alors, je ne sais plus, il me fallait rester à mon poste.

J'ai vu relever et transporter sur des civières les blessés. »

 

La bibliothèque est en face des voies 2 et 4.

Elle est tenue par une très jeune femme, Mme Le Meur.

— C'est terrible, dit-elle, ce qui s'est passé.

J'ai eu une peur...

J'ai entendu les ouvriers crier, j'ai vu le mur tomber, mais après je me suis cachée pour ne pas voir les blessés.

« L'une des victimes, un monsieur d'un certain âge, était revenu m'acheter un journal.

Cela a été la cause de sa mort, peut-être, car je crois bien que ce n'était pas M. Rotschild. »

 

L'employé qui poinçonnait les billets à l'entrée, a serré la main de M. Rotschild à son passage :

— Mon commissionnaire a-t-il porté ma valise ? lui demanda-t-il.

— Oui, il vient de passer.

« Je pense que le directeur du théâtre est allé reconnaître sa place et est revenu sur ses pas, car il aurait dû avoir le temps d'arriver jusqu'à son compartiment avant que l'accident se produise. »

 

M. Coppeli, chef de chantier de l'entreprise Marc, dès que s'est produit l'écroulement du mur à quelques mètres duquel il se trouvait, s'est précipité :

— Je n'avais heureusement qu'un ouvrier à cet endroit, dit-il.

Le hasard a voulu que ce matin on nous demande de commencer les travaux par l'autre voie, sans cela nous aurions eu à déplorer d'autres victimes.

 

« J'ai aidé Huguen qui était étourdi et avait la figure en sang à sortir de sa tranchée.

S'il n'avait pas été dans son trou, il aurait sûrement été tué.

Il revient de loin. »

 

Parmi les ouvriers, l'un qui était occupé à arracher les planches du parquet au premier étage, nous dit :

— Nous n'avons rien vu, nous étions derrière le mur.

On le voyait vaciller.

Le vent a été plus vite que nous.

Au moment où l'on se disposait à l'étayer, il l'a f...ichu par terre.

« Après j'ai fait comme les autres, je suis allé déblayer.

Dame on ne savait pas s'il n'y avait pas encore quelqu'un dessous !

 

— Vous avez eu peur ?

— Peur, pourquoi ?

On ne risquait rien, nous, derrière le mur, il ne pouvait tomber de notre côté.

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L'arrivée des ingénieurs

 

À 18 h. 50, M. Bouriel, procureur de la République, et M. Louis Crenn, juge d’instruction, venait attendre à leur descente du train, venant de Rennes, MM. Durban, chef d’arrondissement des chemins de fer de l'État ;

Fortis, inspecteur divisionnaire ;

Lambert, sous-chef d'arrondissement pour le matériel  ;

Denis, inspecteur divisionnaire ;

La vallée, ingénieur adjoint au chef d'arrondissement.

 

MM. Courtin, sous-chef de service, et Éprinchard, commissaire adjoint de la police spéciale, attendaient également les ingénieurs de la compagnie.

 

Magistrats et enquêteurs pénétraient, après l'avoir examiné extérieurement, dans le fourgon et furent surpris que son toit ait pu résister au poids considérable de matériaux tombés sur lui.

 

Après cette visite sommaire, les ingénieurs firent fermer et plomber les portes du fourgon, afin que personne ne puisse y entrer et éviter un accident en cas d'effondrement encore possible du toit.

 

Quelques ouvriers avaient été retenus comme témoins :

MM. Léon Colleau, François Daniélou et Casimir Cormier, charpentiers ;

Jean Capitaine, chalumiste ;

Camille Chevalier, Ferrera et Jacob, manœuvres spécialisés, employés par l'entreprise alsacienne à la démolition.

 

Leurs dépositions ont été les mêmes.

À l'unanimité, ils ont déclaré que l'accident avait été provoqué par une rafale de vent.

 

Ils seront à nouveau interrogés ce matin.

 

M. Bouriel, procureur de la République, a ouvert une information contre X, pour homicide et blessures involontaires.

 

M. Mocaër, architecte-expert, avait été commis par le parquet pour faire les premières constatations.

 

Le corps de M. Troin est déposé dans une chapelle ardente

 

Les pompes funèbres générales transformaient une des salles de l'infirmerie de la gare en chapelle ardente, pendant que les infirmiers procédaient à la toilette de M. Troin.

 

Les murs furent garnis de tentures noires frangées d'argent et sur un catafalque le corps fut déposé, en attendant l'arrivée, à 23 h. 15, de Mme Troin, qui avait été prévenue à Rennes, par les soins de la compagnie, du terrible malheur qui la frappait.

 

Avant de quitter la gare, M. Jacques-Henry, sous-préfet ;

M. Lullien, premier adjoint ; M. Bouriel, procureur de la République, etc., étaient venus s'incliner devant la dépouille mortelle de l'infortuné ingénieur des mines et s'étaient rendus ensuite au chevet des blessés à la clinique Pouliquen, à l'hospice civil et auprès de M. Legrand, père du médecin de 1re classe de la marine qui, après avoir reçu des soins à la clinique Pouliquen, avait été transporté à l'hôpital maritime.

 

L'état des blessés était aussi satisfaisant que possible, sauf celui du jeune Louis Michelet, qui cause de vives inquiétudes.

Sa mère éplorée se tenait, effondrée, près du lit de son enfant.

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Par ce même train est arrivé de Saint-Brieuc, M. Michelet, le père du jeune homme qui, veillé par sa mère, est toujours dans le coma sur son lit d'hôpital

 

M. Michelet ignore la gravité des blessures de son fils.

MM. Jacques Henry et Bouriel prononcent des paroles d'espoir et un taxi emporte le malheureux père près de son fils qui, depuis dix mois, travaillait à Brest, dans une entreprise de carrelage de Saint-Brieuc.

Joyeux à l'idée de revoir ses parents, il allait prendre le rapide de 15 heures, quand survint l'accident.

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L'arrivée de Mme Troin et de son fils

 

À 23 h. 15, le train entre en gare.

Mme Bouriel, MM. Jacques Henry, sous-préfet ;

Bouriel, procureur de la République ;

Courtin, commissaire spécial adjoint ;

Bonhomme, commissaire de police du 2e arrondissement et les ingénieurs de la Compagnie, venus de Rennes, reçoivent Mme Troin et son fils, qu'a tenu à accompagner M. Guillot, procureur de la République à Rennes, ami personnel du défunt.

 

Le cortège se dirige vers la chapelle ardente, par un chemin faiblement éclairé par de grosses lanternes posées sur le sol.

 

Deux religieuses veillent le corps de la victime du terrible accident.

Dans la pénombre de cette chapelle ardente, seulement éclairée par la lueur des cierges, M. Troin semble reposer sous le drap qui le recouvre jusqu'au menton.

 

Mme Troin s'effondre sur une banquette, Mme Bouriel lui prodigue des paroles de consolation et Mme Troin fait un effort pour recevoir les condoléances de tous les assistants, vivement émus par cette scène déchirante.

 

C'est à grand peine que l'on parvient à arracher Mme Troin de cette chapelle pour l'obliger à aller prendre un peu de repos à l'hôtel Moderne.

 

Le corps de son mari sera mis en bière ce matin et conduit à Rennes par le train de 15 heures.

 

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Source : La Dépêche de Brest 18 avril 1937

 

Après le terrible accident que nous avons relaté hier, cent cinquante ouvriers avaient, en quelques heures, débarrassé entièrement les deux voies encombrées de l'énorme quantité de matériaux provenant des murs écroulés et pièces de bois, carcasses de fer garnies de ciment, moellons et briques étaient empilés sur le terre-plein de la petite vitesse.

Les voies, les quais avaient été soigneusement balayés et rien ne subsistait hier matin de l'affreux chaos de la veille.

 

Avec un zèle, digne d'éloges, les ouvriers, chargés de ce pénible travail, s'en étaient acquittés dans un minimum de temps.

 

Dès 8 heures du matin, la commission d'enquête qui, dès la veille, avait adressé un rapport succinct de l'accident à M. Dautry, directeur général des chemins de fer de l'État, commençait ses vérifications et se faisait expliquer par M. Sparnangel, le chef électricien du réseau, qui, le premier, avait crié aux voyageurs de se garer, comment s'était produit l'accident dont il avait été le principal témoin.

 

M. Sparnangel fit sur le quai un croquis, montrant comment était haubanée à l'une de ses extrémités la partie du mur qui avait été tronçonnée pour être abattue aujourd'hui et qui, sous une tornade s'était écroulée.

 

M. Léon Colleau, charpentier, de Lampaul-Plouarzel qui, il y a quatorze ans avait travaillé à la charpente du hall et assisté au remplacement des pièces de bois qui la soutenaient par des poteaux en ciment armé fut Interrogé à son tour.

 

— C'est moi. dit-il, qui ai fixé le hauban.

Il était solidement attaché à l'extrémité du faîte du pan de mur et fixé à un « crayon » (longue barre de fer), profondément enfoncé dans le sol.

« Avant-hier, il pouvait alors être 14 h. 30, je m'aperçus que le mur, sous l'action du vent, oscillait dangereusement.

« Il va faire une tempête, dis-je à mes compagnons, il va falloir étayer solidement le mur, car le vent frappe en plein dans le mur ».

« Pendant qu'on préparait les étais, je voulus avec un compagnon grimper au haut du mur pour y fixer un autre câble, mais je compris, avec le vent qui soufflait, qu'il serait imprudent de le faire :

 

« Viens avec moi chercher la grande échelle à coulisse, dis-je à mon compagnon, nous allons la dresser de l'autre côté ».

« Nous partîmes.

Nous ne fîmes que quelques pas.

Dix camarades crièrent aux voyageurs : « Attention ! Garez-vous ! ».

« Affolés, ceux-ci coururent, s’engagèrent sur les voies pour contourner le fourgon de queue.

À ce moment — tout cela s'était passé en quelques secondes — le mur s'écroula avec fracas.

 

« Je me précipitai avec mon compagnon au secours des malheureux pris sous les décombres.

Nous en empoignâmes un qui semblait mourant et le déposâmes sur un brancard pour le transporter à l'infirmerie.

Ce devait être M. Troin.

 

« À son tour, l'autre partie du mur oscillait et menaçait de tomber.

Il fallait que quelqu'un se dévoue.

Je n'hésitai plus, avec mon compagnon nous grimpâmes jusqu'au faîte pour fixer un câble.

C'est alors qu'on décida d'abattre le mur.

 

« Nous avions jusqu'ici pour jeter bas les murs de l'ancienne gare pratiqué exactement comme cette fois.

Nous avons eu des vents aussi violents, mais ne soufflant pas dans le même sens.

La démolition du hall était autrement périlleuse.

Elle s'était accomplie sans le moindre accident.

Il a fallu que ce coup de vent de noroît vienne — alors qu'on était en droit d'espérer que tout s'achèverait dans de bonnes conditions — provoquer cet accident stupide qui a, malheureusement, fait des victimes parmi lesquelles nous devrions être, mon compagnon et moi, si suivant ma première idée, j'étais monté sur le mur au lieu d'aller chercher l'échelle

 

Jusqu'au soir l'enquête fut poursuivie par MM. Durban, chef d'arrondissement ;

Fortis, inspecteur divisionnaire ; Lambert, sous-chef d'arrondissement ;

Denis, inspecteur divisionnaire ;

Lavallée, ingénieur-adjoint au chef d'arrondissement qui, après avoir entendu M. Boucher, chef de section et divers témoins :

MM. François Daniélou et Casimir Cormier charpentiers ;

Jean Capitaine, chalumiste ;

Camille Chevalier, Ferrera et Jacob, manœuvres spécialisés, employés par l'entreprise alsacienne.

 

Lundi, à 7 heures, M. Mocaër, architecte-expert, chargé par le parquet de rechercher les causes et les responsabilités, procédera, en présence de la commission d'enquête, à une sorte de reconstitution de l'accident en s'aidant de tous les éléments qui subsistent :

Matériaux, photographies, etc., et de tous les témoignages qu'il pourra recueillir.

 

Il demandera probablement à ce que le fourgon soit ramené à la place qu'il occupait vendredi.

 

Si les victimes n'ont pas été retrouvées littéralement écrasées, c'est parce qu'elles n'ont été atteintes que par le rejaillissement des matériaux du toit du fourgon qui avait supporté leur première chute.

Cela a été suffisant, hélas ! pour causer à deux des victimes des blessures mortelles.

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Une deuxième victime succombe à ses blessures

 

Hier matin, à 10 h. 15, le jeune Louis Michelet, à la suite des graves blessures qui avaient provoqué l'éclatement du foie, mourait malgré les soins empressés qui lui avaient été donnés à l'hospice civil et la transfusion du sang à laquelle s'était prêté, la veille, le gardien de la paix René Prévost.

 

Ses infortunés parents avaient assisté à son agonie, sans que l'infortuné jeune homme qui, depuis dix mois, travaillait à Brest, et se faisait une joie d'aller à Saint-Brieuc passer près d'eux quelques jours, ait pu prononcer une seule parole.

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La levée du corps de M. Troin

 

Hier matin, les Pompes funèbres générales couvraient de tentures noires les parois de l'étroit chemin par lequel au milieu des échafaudages dressés pour les travaux, devait passer la dépouille mortelle de M. Troin, dont la mise en bière eut lieu à 14 heures, en présence de Mme Troin, de son fils M. Cahn Deunery, de M. Guillot, procureur de la République à Rennes, de Mme et M. Bouriel, procureur de la République.

 

À 14 h. 30, M. l'abbé Amery, vicaire de St-Michel, vint procéder à la levée du corps et le cercueil fut transporté dans un fourgon arrêté à la place même où, la veille, M. Troin avait trouvé la mort

 

MM. Lullien, 1er adjoint, représentant M. Le Gorgeu, sénateur-maire ;

Jean-Louis Rolland, député ; Jacques-Henry, sous-préfet ;

Bouriel, procureur de la République ;

Donnart, substitut ;

Courtin, commissaire spécial, sous-chef de service ;

Nouai, chef de gare ;

Le Goff, inspecteur du contrôle ;

Durieux, ingénieur civil des mines ;

Chalier, inspecteur de l'exploitation ;

Lallemant, ingénieur en chef de l'arrondissement, à Rennes ;

Lavallée, ingénieur adjoint ;

Le Cann, inspecteur commercial ;

Houvenin, administrateur de l'Entreprise alsacienne ;

Pierre, entrepreneur des travaux publics ;

Bancher, chef de section, etc., étaient présents.

 

On remarquait aussi la présence de M. Léost, président du groupement des importateurs de charbons qui avait offert une superbe couronne, et M. Béritault, ingénieur des mines à Brest, dont M. Troin était le chef de service.

 

M. Troin était, en effet, depuis 1933, ingénieur chargé du contrôle de l'exploitation technique du réseau de l'État et chargé de mission pour le contrôle des charbons.

 

Il comptait faire valoir dans quatre ans ses droits à la retraite.

 

Sa dépouille mortelle a été conduite hier soir à son domicile, 48, rue d'Autrain, à Rennes, où aura lieu aujourd'hui l'inhumation.

 

Les obsèques du jeune Michelet auront lieu lundi

 

Dans le même wagon de 1re classe où avaient pris place Mme Troin, son fils et M. Guillot ;

partaient M. et Mme Michelet, les infortunés parents de la jeune victime de ce terrible accident.

 

Ils furent salués à leur départ par MM. Rolland, Lullien et Jacques-Henry, qui leur présentèrent leurs condoléances émues.

 

Les malheureux parents reviendront de Saint-Brieuc lundi pour assister aux obsèques de leur fils.

La levée du corps se fera, à 10 heures, à l'hospice civil.

 

Le cercueil sera placé dans un fourgon attelé au rapide de 14 heures.

L'inhumation aura lieu à Saint-Martial (Haute-Vienne), pays natal du défunt.

 

L'état des blessés

 

M. Rotschild, directeur du théâtre, a passé une nuit aussi bonne que possible et sans fièvre, nous a-t-on déclaré à la clinique Pouliquen.

 

À l'hôpital maritime, le médecin de 1re classe Legrand souffre beaucoup de sa cheville écrasée.

Son état n'inspire aucune crainte.

 

À l'hospice civil, l'état de M. Huguen est aussi satisfaisant que possible.

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L'enquête se poursuivra lundi

 

Une double enquête est menée : l'enquête judiciaire et l'enquête administrative.

 

Hier matin, les ingénieurs de la Compagnie ont commencé l'enquête administrative pour les chemins de fer.

Cette commission d'enquête est présidée par M. Lallemand.

 

MM. Le Goff, Le Quéro et Briand, ingénieurs, représentant le service du contrôle technique, font de leur côté, pour le compte de l'administration supérieure des travaux publics, une enquête parallèle.

 

M. Le Goff qui est, en quelque sorte, le conseiller technique du parquet, a interrogé hier après-midi MM. Colleau, chef d'équipe ;

Chevalier, manœuvre ;

Saint-André, surveillant des travaux ;

Copelli, chef de chantier ;

Spannagel et Tourmen, électriciens ;

François Kérigny, manœuvre.

 

Son rôle est de rechercher entre autre, s'il n'y a pas eu un défaut « d'haubanage ».

 

Enfin, M. Mocaër, architecte-expert, nommé par le parquet, aura à départager, s'il y a lieu, les enquêteurs.

 

Lundi matin, à 7 heures, sa reconstitution permettra sans doute de découvrir les causes de ce lamentable accident.

 

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Source : La Dépêche de Brest 20 avril 1937

 

Hier matin, à 10 heures, a eu lieu à l'hospice civil la levée du corps de la deuxième victime du lamentable accident survenu vendredi à la gare de l'État.

 

La dépouille mortelle du jeune Louis Michelet, âgé de 16 ans, après une courte cérémonie funèbre à la chapelle de l'hospice, a été déposée dans un fourgon des pompes funèbres pour être conduite à la gare.

 

Une belle gerbe de fleurs avait été déposée sur le cercueil par la Compagnie des chemins de fer, ainsi que deux superbes couronnes offertes :

L'une par la direction, l'autre par les camarades de l'entreprise Lazenet, de Saint-Brieuc, où travaillait depuis dix mois, comme carreleur, le jeune Louis Michelet.

 

MM. Parent, adjoint au maire, représentant M. Le Gorgeu, sénateur-maire ;

Guillard, secrétaire général de la sous-préfecture, représentant M. le sous-préfet, absent de Brest ;

Périou, conseiller d'arrondissement ;

Nouai, chef des gares de l'État ;

Lavallée, inspecteur de la Compagnie des chemins de fer ;

Courtin, commissaire spécial, sous-chef de service ;

Capelli, chef de chantier, représentant l'Entreprise alsacienne ;

une délégation d'une quinzaine d'employés des chemins de fer avaient tenu à venir présenter leurs condoléances à M. et Mme Michelet, les infortunés parents de la victime.

 

Ceux-ci montèrent ensuite en auto pour suivre le fourgon des pompes funèbres jusqu'à la gare, où le cercueil fut déposé dans un wagon garé sur une voie de la grande vitesse pour être attelé au train de 14 heures et transféré à Saint-Martial (Haute-Vienne), pays natal du défunt, où aura lieu l’inhumation.

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L'enquête

 

Dès 7 heures hier matin, M. Édouard Mocaër, architecte-expert chargé par le parquet de rechercher les responsabilités et les causes de l'accident, commençait l'enquête judiciaire, en présence de M. Lallemand, inspecteur d'arrondissement de la voie, et des ingénieurs chargés de l'enquête pour les chemins de fer, ainsi que de MM. Briand et Le Quéro, chargés avec M. Le Goff, ingénieur du contrôle, de l'enquête pour l'administration supérieure des Travaux publics.

 

M. Mocaër fit de minutieuses investigations parmi les matériaux provenant du mur écroulé, repéra exactement les emplacements occupés par les poteaux en ciment armé et, à l'aide des agrandissements photographiques des clichés pris aussitôt après l'écroulement du mur, reconstitua aussi exactement que possible la position du mur, son enracinement dans la partie restée debout qui dut, par précaution, être abattue après l'accident et se fit expliquer la façon dont l'autre extrémité avait été haubannée.

 

Ce point parait, en effet, attirer toute l'attention des enquêteurs.

MM. Colleau et Daniélou, les charpentiers qui fixèrent le hauban à la partie de l'arbalétrier, faisant corps avec la ferme métallique restée fixée au mur, à une hauteur de 9 m. 50 du sol, furent interrogés à plusieurs reprises sur la façon dont ils avaient procédé à l'amarrage du câble d'acier et à sa fixation au « crayon », c'est-à-dire au long piquet de fer profondément enfoncé dans le sol.

 

MM. Colleau et Daniélou fournirent les explications demandées.

Elles ne parurent pas suffisantes à M. Mocaër qui demanda à l'équipe d'ouvriers, dont la plupart avaient été les témoins de l'accident, de placer l'arbalétrier dans la position qu'il occupait sur le mur et pria M. Daniélou d'y refaire l'amarrage, tel qu'il l'avait fait quand cette extrémité de la charpente métallique tenait au mur.

 

Le charpentier se mit à genou sur la poutre pour fixer l'extrémité du câble et une photographie de l'amarrage fut prise.

M. Mocaër l'examina ensuite, fit quelques critiques et observations et décida que pour obtenir un résultat probant il faudrait, peut-être, procéder à une nouvelle expérience à 9 m. 50 de hauteur en reconstituant un poteau.

 

Il était 11 h. 30, les opérations furent interrompues et reprirent, après le déjeuner, jusqu'au soir par l'examen des bois qui, étant donné leur vétusté, n'offraient plus qu'une solidité relative, et la comparaison de nombreuses épreuves photographiques.

 

Aujourd'hui, les assises du mur seront débarrassées des matériaux qui les recouvrent pour être examinées à leur tour.

 

De son côté, M. Le Goff interrogeait divers témoins, entre autres M. Charpentier, et recueillait des renseignements intéressants.

 

Pour le moment, il serait prématuré d'émettre une opinion sur les causes, d'ailleurs bien difficiles à déterminer, même pour les hommes de l'art, et à plus forte raison pour les profanes, qui ont provoqué le terrible accident que tout le monde déplore.

Il faut laisser aux enquêteurs le soin de les rechercher et attendre les conclusions de leurs rapports.

 

L'Entreprise alsacienne chargée d'abattre les murs devait le faire sans interrompre le trafic des voyageurs, donc sans encombrer les voies.

Il lui fallait, par conséquent, jeter bas les murs vers l'extérieur de l'ancienne gare, ce qui explique la nécessité de démolir d'abord les bâtiments se trouvant derrière.

Cette façon de procéder avait jusqu'ici réussi.

Le vent, soufflant en tempête vendredi, a fait écrouler le mur du côté opposé à celui où, le lendemain matin, on devait le faire tomber.

Le rôle des enquêteurs est précisément de rechercher comment ce déplorable accident s'est produit et celui de M. Mocaër de fournir un rapport au procureur de la République, qui a ouvert une information contre X... pour homicide et blessures involontaires.

 

Avant d'émettre une hypothèse, il convient d'attendre les conclusions impartiales de ce rapport.

On ne les connaîtra que dans quelques jours.

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Source : La Dépêche de Brest 22 avril 1937

Gare Brest 30 - 22 avril 1937.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 29 avril 1937

29 avril 1937 - L'enquête sur l'accident de la gare.jpg
Gare Brest 40.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 10 mars 1938

 

L'information ouverte par le parquet contre X... pour homicides et blessures involontaires, tomba par la suite de la loi d'amnistie.

Restaient les demandes de dommages-intérêts.

 

Hier, à 14 heures, Mme Louis Troin et son fils, par l'organe de Me Marcille, avocat à Rennes, assisté de Me Dalibot, avoué, introduisaient devant le tribunal correctionnel une demande de un million de dommages-intérêts.

 

Me Marcille plaida pendant deux heures donnant au tribunal civil, présidé par M. Baschet, président du tribunal, assisté de MM. Le Bras et Diebold, juges, tous les arguments justifiant sa demande.

 

Après une suspension d'audience, Me Kernéis, au nom de la Société nationale des chemins de fer plaida, pendant une heure et demie, pour dégager la responsabilité des chemins de fer de l'État, dont Me Gélébart est l'avoué.

 

Enfin, Me Masseron et Me Jacquier, avocat, collaborateur de Me Le Monzie, ancien ministre, tentèrent de dégager, au moins en partie, la responsabilité de la Société alsacienne d'entreprises, en en faisant supporter une part par la Compagnie des chemins de fer de l'État.

 

La Société alsacienne a pour avoué Me Magniaux, successeur de Me Huet.

 

Le tribunal mit l'affaire en délibéré et rendra son jugement à quinzaine.

 

D'autre part, devant le tribunal de commerce, Me Bodet plaidera prochainement pour M. Rotschild, contre la Société nationale des chemins de fer de l'État qui sera représentée par Me Kernéïs.

Gare Brest 50.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 13 mai 1938

 

Un jugement du tribunal civil concernant l'une des victimes de l'accident du 16 avril 1937 en gare de Brest

 

Le tribunal, siégeant hier en audience civile, sous la présidence de M. Baschet, président du tribunal, assisté de MM. Le Bras et Diébold, juges, a rendu un premier jugement concernant l'accident survenu le 16 avril 1937 en gare de Brest.

 

Cet accident, qui se produisit 10 minutes avant le départ du rapide de 15 h. 16 pour Paris, fit deux morts et trois blessés.

 

On se souvient qu'à cette époque la démolition des derniers vestiges de l'ancienne gare était activement poussée.

Un vent violent provoqua l'effondrement d'un pan de mur constituant la paroi intérieure du hall, en bordure du quai.

 

Quatre des voyageurs qui allaient prendre le train furent atteints.

L'un d'eux fut tué sur le coup :

M. Louis Trouin, âgé de 56 ans, né le 1er septembre 1881 à Flayose (Var), ingénieur des mines, demeurant 48, rue d'Antrain, à Rennes.

 

M. René Rotschild, directeur du Théâtre municipal de Brest, fut blessé, ainsi que MM. Louis Michelet, âgé de 16 ans, demeurant chez ses parents à Saint-Brieuc, 10, rue Kléber ; M. Legrand, médecin de 1re classe de la marine en service à l'ambulance de l'arsenal et M. Jean Uguen, ouvrier à l'entreprise Marc, qui travaillait dans une tranchée à proximité de l'éboulement.

 

Le lendemain, M. Louis Michelet, en dépit d'une transfusion du sang, devait succomber à ses blessures.

 

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Plusieurs actions en justice furent par la suite intentées par les victimes ou leurs familles, soit devant le tribunal civil ou le tribunal de commerce de Brest, soit devant le tribunal de la Seine.

 

Le tribunal civil de Brest a rendu hier un premier jugement concernant Mme Trouin.

 

Les intérêts de Mme Trouin étaient défendus par Me Marcille du barreau de Rennes, et par Me Dalibot, avoué à Brest.

 

La Société nationale des chemins de fer était représentée par Me Kernéis et Me Gélébart, avoué ; la Société alsacienne, — adjudicataire des travaux — par Me Masseron, Me Magniaux, avoué, et un secrétaire de Me de Monzie, avocat au barreau de Paris.

 

Dans le jugement qu'il a rendu hier après-midi, le tribunal civil alloue un capital de 58.500 francs à Mme Trouin, dont 8.500 francs à titre de remboursement de frais, plus une rente annuelle de 30.000 francs.

 

Mme Trouin, par l'intermédiaire de ses défenseurs, avait demandé un million de dommages et intérêts.

 

Deux tiers de la responsabilité sont imputés à la Société nationale des chemins de fer et un tiers à la Société alsacienne.

 

Ajoutons que le procès intenté par M. Rotschild aux responsables de l'accident dont il fut victime est actuellement en instance devant le tribunal de commerce de Brest.

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