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1938

Il faut laver son linge en famille
à Guissény


 

1938 - Il faut laver son linge sale en famille.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 3 septembre 1938

 

Depuis six ou sept ans, Mme Prigent, née Marie Bérolet, cultivatrice à Saint-Gilles, en Guissény, vit en mauvaise intelligence avec la famille Letty, de Saint-Gildas, bien qu'un lien de parenté les unisse.

 

Tous les habitants de Saint-Gildas peuvent se servir d'un lavoir qui est la propriété de la famille Letty, sauf Mme Prigent.

D’après les dires de celle-ci, M. Letty vide le lavoir, en enlevant la bonde, chaque fois qu'elle vient y laver son linge.

 

Samedi dernier, vers 19 heures, Mme Prigent se rendit à Saint-Gildas pour y faire sa lessive.

Elle s'apprêtait à mettre à sécher le linge qu'elle avait fini de laver quand survint M. Letty qui, affirme-t-elle, lui aurait dit :

« Si tu continues à venir ici, je te tue », puis il aurait jeté dehors chemises et pantalons.

 

Mme Prigent se baissa pour les ramasser, mais reçut un violent coup de pied... au bas du dos.

 

Les deux fils de M. Letty et le jeune Morvan, toujours d'après les déclarations de Mme Prigent, accoururent.

Elle fut renversée et reçut des coups de sabot dans les jambes et à la figure.

Ce dernier coup provoqua un fort saignement de nez.

 

Mme Prigent courut chez le docteur Paugam, de Plounéour-Trez, qui lui  délivra un certificat médical, constatant qu'elle portait des écorchures au nez et au poignet et des bleus aux jambes

 

Mme Prigent porta plainte contre ses agresseurs aux gendarmes Sénéchal et Le Gall qui effectuaient, avant-hier, une tournée dans le pays.

 

Ceux-ci ouvrirent immédiatement une enquête, interrogèrent des témoins qui reconnurent avoir entendu des cris mais n’avoir rien vu.

Ils questionnèrent les agresseurs qui affirment n’avoir donné aucun coup à Mme Prigent.

Au contraire, elle leur aurait lancé des cailloux, car, ajouta M. Letty, « c’est une méchante femme que j’ai déjà fait condamner par le tribunal à 600 francs de dommages-intérêts pour injures et diffamations ».

 

Les gendarmes n’ont pu que dresser un procès-verbal de cette minime affaire.

Elle viendra sous peu devant le tribunal.

Sans préjuger de sa sentence, il est à craindre que les deux parties ne se voient infliger une amende pour coups réciproques, ce qui leur rappellera la fable de « l’huître et les plaideurs », ou la sagesse du proverbe qui dit qu’il vaut mieux « laver son linge sale en famille ».

L'huître et les plaideurs - Jean de la Fontaine - Illustration de Gouget - 1834.jpg

L'huître et les plaideurs

Jean de la Fontaine

Illustration de Gouget

1834

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